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LOI NOUVELLE


orgueilleux se croyait en sûreté de conscience, grâce à la pratique de certaines vertus ; Jésus-Christ déclare que l’humilité est de rigueur. Luc, xviii, 9-14. — 2. La loi mosaïque n’était destinée qu’aux seuls Israélites ; elle ne devait durer que jusqu’à la venue du Messie et renfermait un grand nombre de prescriptions propres an gouvernement temporel de la nation. La loi nouvelle est faite pour tous les hommes de l’univers ; elle doit durer jusqu’à la fin des siècles, Matth., xxviii, 19-20, et ne s’occupe que du gouvernement spirituel des consciences et de la société fondée par le Sauveur.

3° Abrogations. — Jésus-Christ est né sous la loi, Gal., iv, 5, et il en a observé les prescriptions, même quand elles ne le concernaient pas. Matth., xvii, 24-26. Mais il a annoncé que les articles strictement mosaïques allaient être abrogés. Il déclare à la Samaritaine que ce n’est plus à Jérusalem que désormais l’on ira adorer, Joa., îv, 21, et il prédit l’abandon du Temple et sa destruction complète. Matth., xxiii, 38 ; xxiv, 2 ; Marc, xiii, 2 ; Luc, xxi, 6. Il se donne comme le maître du sabbat et prépare ainsi le remplacement de ce jour du Seigneur par le dimanche. Matth., xii, 8 ; Marc, iii, 28 ; Luc., vi, 5. Il refuse de condamner à là lapidation la femme adultère, passible de cette peine d’après la loi mosaïque. Joa., vni, 5-11. Il compare la loi ancienne à un vieux manteau incapable de supporter des pièces neuves, à de vieilles outres qu’un vin nouveau ferait éclater. Matth., ix, 16, 17 ; Marc, ii, 21, 22 ; Luc, v, 36, 39. Le vieux manteau et les vieilles outres ne peuvent plus servir à rien. De même, la loi nouvelle ne saurait s’adapter aux coutumes de l’ancienne ; celle-ci doit donc disparaître. Le Sauveur n’abroge pas lui-même formellement toutes les pratiques de la loi mosaïque. Sur ses indications, les Apôtres le feront après lui, mais sans rien brusquer. Cf. A. Th. Hartmann, Die enge Verbindung des Alten Testaments mit dem Neuen, Hambourg, 1831. Sur l’abolition de l’esclavage, voir Esclavage, t. ii, col. 1920.

III. ÉLÉMENTS CONSTITUTIFS DE LA LOI NOUVELLE. —

1° La loi nouvelle comprend d’abord tous les préceptes de la loi naturelle et de la loi morale, telles que les connaît la raison de l’homme et telles que les a rappelées la loi mosaïque. Parmi ces préceptes, le Sauveur accentue surtout celui de l’amour fraternel. Il l’appelle un commandement nouveau, tant il était méconnu par les hommes ; il en donne même la pratique comme la marque distinctive de ses vrais disciples. Joa., xiii, 3435 ; xv, 17. Saint Paul dit que l’amour du prochain constitue le parfait accomplissement de la loi. Rom., xm, 8, 10. Saint Jean appelle ce devoir un commandement à la fois ancien et nouveau. I Joa., ii, 3-10 ; iii, 22-24 ; iv, 21 ; II Joa., 4-6. Il était ancien, car la loi mosaïque le rappelait, Lev., xix, 18 ; il devait être nouveau par la manière plus générale et plus fidèle dont il allait être observé. Sur la morale de la loi nouvelle, voir Jésus-Christ, t. iii, col. 1486-1487. — 2° Elle a aussi ses préceptes particuliers. Pour entrer dans cette vie, il faut naître de nouveau, de l’eau et de l’Esprit, Joa., ni, 3, 5 ; avoir la foi à la prédication évangélique et être baptisé, Marc, xvi, 16 ; obtenir la rémission des péchés, Joa., xx, 23 ; recevoir en nourriture le corps du Christ, Joa., vi, 54, 55 ; se mettre au nombre des brebis du Sauveur, Joa., x, 14-16 ; accepter l’autorité de celui qui « st chargé de paître les agneaux et les brebis, Joa., ïxi, 15-17 ; prier de la manière que le divin Maître a enseignée. Matth., vi, 9-13 ; Luc, xi, 24. Dieu est le Père qu’il faut aimer par-dessus tout, mais on ne l’aime qu’autant qu’on obéit à ses commandements. Joa., xiv, 15, 21 ; I Joa., v, 2, 3 ; Rom., ii, 13 ; Gal., vi, 2. Des préceptes plus spéciaux sont adressés par Jésus-Christ à ceux qui parlent en son nom. Matth., x, 5-42 ; Marc, vi, 8-11 ; Luc, ix, 3-5 ; x, 1-10. Ses ministres ont surtout à continuer le sacrifice qu’il a offert la

veille de sa mort, Luc, xxii, 19 ; I Cor., xi, 25, et à prêcher partout son évangile. Matth., xxviii, 19 ; Marc, xvi, 15. — 3° Aux préceptes, la loi évangélique ajoute des conseils, qui sont l’expression de ce que Dieu désire des âmes appelées à une plus grande perfection. Voir Conseils évangéliques, t. ii, col. 922-924.

IV. Esprit de la loi nouvelle. — Notre-Seigneur dit à la Samaritaine que le Père cherche des adorateurs en esprit et en vérité. Joa., iv, 23. Le service de Dieu, tel que le prescrit la loi évangélique, comporte des sentiments et des pratiques qui ont été plus ou moins complètement étrangers à la loi ancienne. — 1° Fidélité intérieure. — La loi ancienne multipliait les formalités extérieures ; les Israélites avaient même fini par attacher à ces pratiques une importance exclusive. De là les plaintes du Seigneur : « Quand ce peuple s’approche de moi, il m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. » Is., xxix, 13 ; Matth., xv, 8. Cf. Matth., vi, 7 ; Luc, xvii, 11-12. Le Sauveur ne veut pas qu’on pratique le bien pour être vu et loué par les hommes. C’est uniquement pour le Père, qui voit dans le secret, que tout devoir doit être accompli, que ce soit celui de l’aumône, de la prière, du jeûne, etc. Matth., vi, 1, 3-6, 16-18. Les paroles mêmes de la prière ne servent de rien pour le salut, si l’on n’exécute pas loyalement et de tout cœur là volonté du Père. Matth., vii, 21 ; xii, 50 ; Marc, iii, 35, Joa., ix, 31 ; Eph., v, 17 ; vi, 6 ; Col., iv, 12 ; I Joa., ii, 17. Or le Père n’est servi en esprit et en vérité que quand l’âme a des sentiments dignes de lui et en harmonie avec les actes extérieurs de religion. La pureté extérieure ne suffit donc pas ; la pureté intérieure est essentielle dans la loi nouvelle. Matth., xv, 17-20 ; Marc, vii, 18-23 ; Matth., xxiii, 25-28. Reprenant une parole d’Osée, vi, 6, Noire-Seigneur déclare que ce qu’il veut, c’est la miséricorde plutôt que le sacrificej Matth., ix, 13 ; xii, 7 ; Marc, xii, 33, c’est-à-dire la vertu sincère plutôt que la formalité religieuse purement extérieure. Du reste, c’est l’amour de Dieu qui constitue le fond essentiel de la vie nouvelle, et la pratique de la loi évangélique ne peut jamais exister sans cet amour. D’autre part, cet amour n’est véritable et sincère que s’il se manifeste extérieurement par l’observation des commandements. Joa., xiv, 21, 24. Il suit de là que la loi évangélique commande une vie à la fois intérieure et extérieure : intérieure, parce qu’autrement on tombe dans un pur et inutile formalisme dont Dieu ne saurait être honoré, Matth-, vi, 1-2 ; extérieure, parce que la loi nouvelle fonde une société spirituelle, mais visible, dont tous les membres doivent se soutenir par leurs bons exemples. Matth., v : 15, 16. Marthe et Marie sont comme la personnification de cette double vie, chez l’une plus active, et chez l’autre plus contemplative et plus parfaite. Luc, x, 38-42.

2° Aspiration aux biens spirituels. — 1. Dans la loi ancienne, la prospérité temporelle était promise à la fidélité envers Dieu. Lev., xxvi, 3-12 ; Deut., xi, 13-15. La loi nouvelle a un autre idéal : « Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et les autres choses vous seront ajoutées. « Matth., yi, 33 ; Luc, xiii, 31. « Cherchez les choses d’en haut, là où le Christ est assis à la droite de Dieu ; aspirez aux choses d’en haut, non à celles de la terre. » Col., iii, 1, 2. « Nos affaires publiques à nous, 7](iûv To"nroX{Teu(jia, nostra conversalio, sont dans les cieux. » Phil., iii, 20. « Nous n’avons pas ici-bas de cité permanente, mais nous cherchons celle qni est à venir. » Heb., xiii, 14. Le chrétien doit donc regarder la vie prér sente comme un passage ; il n’attachera aux choses de ce monde qu’un intérêt restreint ; tous ses efforts iront à la conquête des deux grands biens proposés à ses désirs, icibas le royaume de Dieu et sa justice, c’est-à-dire la grâce divine et les vertus qu’elle aide à pratiquer, et plus tard le ciel. — 2. De là suit la nécessité du détachement plus ou moins effectif des biens d’ici-bas : des parents, Matth., x, 37 ; Luc, xiv, 26 ; des richesses, Matth., vi,