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LO-RUCHAMAH — LOT

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LO-RUCHAMAH (hébreu : Lff Ruhâmâh ; Septante : Oùx’HXEi)|iivT| ; Vulgate : Absque misericordia), nom symbolique donné, sur l’ordre de Dieu, par le prophète Osée à la fille qu’il eut de Gomer. Ose., i, 6, 8 ; il, 23 (hébreu, 25). Lo-Rucliamah signifie « celle pour laquelle on n’a point de pitié », et représente le peuple infidèle d’Israël pour lequel Dieu sera sans miséricorde à cause de son idolâtrie. Ose., i, 6. Cependant le Seigneur pardonnera aux Israélites qui se convertiront et se réuniront â Juda et il les appellera Ruchamah, niisericordiam consecuta, « celle qui a obtenu miséricorde. » Ose., H, 3, 23. — Saint Paul ; Rom., ix, 25, et saint Pierre,

I Pet., ii, 10, ont vu dans Je nom donné aux filles d’Osée une prophétie de la conversion des gentils à qui Dieu a fait miséricorde. La sœur de Lo-Ruchamah porte en effet comme elle un nom également symbolique. Voir Lo-Ammi, col. 317, et aussi le nom du fils d’Osée, Jezrahel 2, t. iii, col. 1544.

    1. LQSSIUS ou LOSS Lucas##

LQSSIUS ou LOSS Lucas, érudit et théologien protestant allemand, né le 18 octobre 1508, à Fack, non loin de Furth, mort à Lunebourg, le 8 juillet 1582. Fils d’un paysan, il fit ses études d’abord dans l’école de son village, puis à Mûnden, à Gœttingue (1525), à Lunebourg (1528). Mais, l’année suivante, l’école de Lunebourg ayant été licenciée à la suite d’une contagion, il se rendit à Munster, où il résida un an. Il étudia ensuite à l’université de Leipzig, d’où il ne tarda pas à être chassé par la peste. Il se rendit alors à Wittenberg, où il se lia avec Luther, Mélanchthon et d’autres personnages importants. C’est sur leur recommandation qu’il fut, en 1532, proposé par Urbain Rhegius pour la place de recteur de l’école de Saint-Jean, à Lunebourg.

II mourut dans cette ville après avoir occupé ce poste pendant cinquante ans. Outre beaucoup d’ouvrages pédagogiques, historiques, philosophiques, et même sur la musique, on a ^fe lui : Annotationes inÉvangelia, in-8°, Leipzig, 1560 ; Annotationes in Novam. Testamenturn, 5 in-8°, Francfort, 1558 sq. A. Régnier.

LOT (hébreu : Lot ; Septante : A<it), fils d’Aran, frère d’Abraham. Gen., xi, 27, 31. Quand Abraham et Tharé, père d’Abraham, quittèrent, sur l’ordre de Dieu, Ur en Chaldée, leur patrie, pour aller demeurer à Haran, Lot les accompagna. Son père Aran était déjà mort à Ur. Gen., si, 28, 31. Tharé mourut à Haran. Abraham, sur un nouveau commandement de Dieu, se rendit alors dans la terre de Chanaan, et amena avec lui son neveu Lot. Gen., xii, 4. Celui-ci suivit Abraham dans ses divers campements à Sichem et dans les montagnes, entre Bétbel et Haï, 6, 8, 9. Le texte sacré ne dit pas expressément qu’il le suivit aussi en Egypte, lors de la disette, 10-20, mais il le suppose, puisque nous lisons Gen., XIII, 1 : « Abraham monta donc de l’Egypte avec sa femme et tout ce qu’il possédait, et il se dirigea avec Lot, vers le Négeb. » Abraham, de retour de l’Egypte, fixa de nouveau son séjour avec son neveu entre Béthel et Haï. Tous les deux possédaient alors de nombreux troupeaux ; les pâturages et les puits du pays avaient peine à suffire à l’entretien de tant de bétail. lien résulta qu’une dispute s’éleva entre les bergers d’Abraham et ceux de Lot. Abraham, ami de la paix, proposa alors à Lot de se séparer, et lui laissa généreusement le choix de la région que celui-ci préférerait. Lot choisit la région située sur le Jourdain, la vallée de Siddim, où se trouvait la Pentapole, région fertile et bien arrosée. Et il fixa sa tente dans les alentours de Sodome. Gen., xm, 8-12. Là l’attendait un grave malheur. Les cinq villes de la région du Jourdain, Sodome, Gomorrhe, Adama, Séboïm et Bala, après une soumission de douze ans à Chodorlahomor (voir t. ii, col. 711), roi des Élamites, s’étaient enfin révoltées contre lui. Chodorlahomor, avec trois rois alliés, vint leur faire la guerre

soumettant les peuples qu’il rencontrait sur son passage. Les rois de la Pentapole se rencontrèrent avec lui dans la vallée de Siddim. Ils furent battus. Les rois de Sodome et de Gomorrhe périrent dans le combat, les autres prirent la fuite ; les villes turent livrées au pillage, et Lot, qui se trouvait à Sodome, fut emmené en esclavage. Gen., xiv, 1-12. Dès qu’Abraham, qui séjournait alors dans le voisinage d’Hébron, eut appris cet événement, il emmena avec lui trois cent dix-huit de ses plus vaillants serviteurs, et se mit à la poursuite des rois alliés. Il surprit ceux-ci, la nuit, dans la contrée de Dan, les battit, et les poursuivit jusqu’à Hoba, non loin de Damas, leur enlevant toute leur proie, en particulier Lot et ses biens. Gen., xiv, 13-16.

Mais les Sodomites étaient une race perverse, de mœurs corrompues, et Dieu envoya trois anges pour détruire Sodome ainsi que les autres villes de la Pentapole. En vain Abraham, auprès duquel les trois anges avaient reçu l’hospitalité avant de se rendre dans la Pentapole, avait intercédé auprès du Seigneur : il ne se trouva pas dix justes dans Sodome. Gen., xviii. Les anges, non plus au nombre de trois, mais de c’eux, arrivèrent à Sodome vers le soir ; ils avaient l’aspect de voyageurs étrangers. Lot, assis aux portes de la ville, le lieu public par excellence en Orient, se leva et les invita à accepter l’hospitalité dans sa demeure. Mais ceux-ci, soit pour éprouver la sincérité de l’offre, soit pour mieux se taire remarquer par les Sodomites, refusèrent d’abord, et n’acceptèrent que sur des instances réitérées. Lot les traita avec générosité. Gen., xix, 1-3. Cependant les Sodomites, dont les passions avaient été excitées à la vue de ces deux jeunes hommes, se rendirent en très grand nombre à la maison de Lot, afin de demander à celui-ci de leur livrer les deux étrangers, pour leurs honteuses débauches. Lot ne voulut pas consentir à pareille infamie. Et plutôt que de violer les lois de l’hospitalité, lois si sacrées en Orient, il offrit, par une faiblesse coupable (voir S. Augustin, Lib. cont. mena, ., 9, t. XL, col.530 ; cf. S. Ambroise, De Abraham, i, 6, t. xiv, col. 440 ; S. Jean Chrysostome, Hom. xuu in Gen., t. Liv, col. 400401), de leur abandonner ses deux filles vierges. Mais les Sodomites ne voulurent point de l’offre, et cherchèrent à obtenir par la force ce qu’on leur refusait ; Déjà ils s’attaquaient à Lot même, et voulaient enfoncer la porte. Mais les anges survinrent, firent entrer Lot et, d’une manière prodigieuse, empêchèrent les assaillants de voir la porte de la maison.

Les anges se manifestèrent alors à Lot, et lui firent connaître le but de leur venue. Ils lui conseillèrent de fuir avec les siens de cette cité, qui allait être bientôt ruinée. Mais les gendres de Lot, ou les fiancés (ainsi dit la Vulgate, et les meilleurs interprètes ; d’autres interprètent, mais à tort, par maris) de ses deux filles, rirent de l’avertissement, Lot lui-même se montrait hésitant ; et quand, le matin venu, les anges le pressèrent de nouveau de partir, il ne pouvait se décider ; alors les anges le prirent par la main, ainsi que sa femme et.ses deux filles, et les conduisirent hors de la ville, leur recommandant toutefois de ne pas regarder en arrière, et de ne pas s’arrêter dans la région avoisinante, mais de se réfugier dans les montagnes. Lot, craignant de ne pouvoir y arriver à temps, demanda à l’ange de se réfugier dans une petite ville, qui se trouvait assez proche. L’ange le lui permit, et Lot entra, vers l’heure du lever du soleil, dans la ville appelée, en souvenir de ce fait, $ô’ar, Vulgate : Segor. Voir Ségor. Et subitement la Pentapole fut détruite par le feu du ciel. La femme de Lot, restée un peu en arrière, se retourna pour voir, malgré l’ordre de l’ange, ce qui se passait, et elle fut changée en statue de sel. Gen., xix, 12-26.

Lot, se croyant peu en sûreté à Ségor, se retira avec ses filles dans les montagnes, à l’orient de la mer Morte, et se réfugia dans une caverne. Là ses deux filles, pour