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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/225

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des armes de la lumière, c’est-à-dire des grâces de la foi contre le mal, Rom., xiii, 12, ils deviennent des fils de lumière, Luc, xvi, 8 ; Joa., xii, 36 ; Eph., v, 8, 9 ; I Thes.j v, 5, et sont appelés à être la lumière du monde. Matth., v, 14, 16. H. Lesêthe.

LUMINAIRE ou mode d’éclairage chez les Hébreux.

— Les procédés employés pour éclairer l’intérieur des tentes ou des maisons ont dû être d’abord très primitifs chez les Hébreux, comme chez les anciens peuples. Le besoin de cet éclairage était, du reste, fort restreint, car, la nuit venue, on ne se retirait guère dans les maisons que pour dormir, et la clarté de la lune ou des étoiles, dans un ciel habituellement serein, suffisait amplement pour guider quelqu’un au dehors. Le premier mode d’éclairage a été le feu du foyer, répandant la lueur dans toute la pièce où il était allumé. "Voir Feu, t. ii, col. 2220-2223. Il y eut ensuite des réchauds permettant de déplacer la matière éclairante ; tels étaient les >afj.iroips ; de l’époque homérique, ou vases à leu dans lesquels on brûlait de la résine ou du bois sec. Odys., xviii, 307, 343 ; xix, 63. On se servit aussi de torches ett bois résineux, Iliad., xviii, 492 ; Odys., i, 428 ; vii, 101 ; Hésiode, Scut., 275, etc. ; de bois ou de fibres végétales trempés dans des matières combustibles, comme la graisse, l’huile, la poix, etc. Voir Torche. Il ne semble pas cependant que les Hébreux aient jamais utilisé la graisse pour s’éclairer, car la graisse était réservée par la Loi pour être brûlée en l’honneur du Seigneur, même quand il s’agissait d’animaux tués simplement pour l’alimentation, en dehors des sacrifices. Lev., xvii, 6. Voir Graisse, col. 293. Les Hébreux connaissaient bien la cire, dont les Livres Saints ne parlent cependant qu’au point de vue de sa fusibilité. Voir Cire, t. ii, col. 780. On ne peut guère douter qu’ils l’aient utilisée pour l’éclairage, au moins dans les derniers temps, à l’exemple des Grecs et des Romains qui connaissaient le flambeau de cire, xripitov, Plutarque, Moral., Quart, rom., 2, édit. Didot, t. i, p. 325, candela, Pline, H. N., xvi, 70 ; ce.re.us ; Plaute, Cure, I, i, 9 ; Cicéron, Deoffic., 3, 20, 80, etc. Toutefois, la cire perd si facilement sa consistance dans les climats chauds qu’on n’a dû l’employer qu’exceptionnellement à l’éclairage en Palestine, comme d’ailleurs dans les pays grecs et romains. Les Hébreux s’éclairaient surtout à l’huile. Voir Huile, col. 774 ; Lampe, col. 54. Cet éclairage présentait des inconvénients assez graves : faible clarté, fumée abondante, par suite d’une combustion incomplète, et, partant, mauvaise odeur. Les anciens ne se plaignaient pas de ces inconvénients parce que les travaux délicats se Élisaient à la clarté du jour et non à la lampe, et que, d’autre part, ils n’avaient pas d’éclairage supérieur auquel ils pussent comparer celui qui laissait à désirer.

H. Lesêtre.
    1. LUNATIQUE##

LUNATIQUE (grec : (re^victCosiévo ;  ; , Vulgate : lunaticus), malade atteint d’épilepsie. Chez les anciens, l’épilepsie était considérée comme provenant de l’influence de la lune, êx tîjç <re>.T|VTiç, Élien, Nat. anim., xiv, 27, de Yiracunda Diana, Horace, Ars poet., 454, d’où le sens du verbe <re>Y]vidi£, « être épileptique. » Manéthon, iv, 81. Cf. Daniel, De lunaticis, dans le Thésaurus de Hase et Iken, Leyde, 1732, t. ii, p. 180, 181. L’influence de la lune n’est pour rien dans l’apparition des phénomènes épileptiques. — L’épilepsie, qu’on appelle aussi mal caduc, comitial, sacré, haut mal, etc., est une maladie nerveuse provenant de lésions du cerveau par suite d’excès de toute nature, de frayeur et de quelques autres causes moins fréquentes que les précédentes. Elle est souvent héréditaire, se déclare ordinairement avant l’âge de puberté chez les sujets à tempérament très nerveux et est presqse toujours incurable, à moins qu’elle soit due à des lésions accidentelles, auxquelles la chirurgie peut remédier. Les accès sont


irréçuliers et quelquefois précédés de malaises et de vertiges ; mais il arrive aussi que le malade est frappé subitement. Il tombe alors tout d’un coup là où il se trouve ; l’œil est fixe et tourné en haut, le visage violacé, la bouche tordue et écumante, tout le corps agité de mouvements convulsifs. Au bout d’un temps qui va d’une à cinq minutes, les muscles se détendent, le visage pâlit, la bouche rejette une salive écumeuse ou sanguinolente et le malade demeure dans un état de stupeur qui se prolonge plus ou moins. Dans certains cas, l’épilepsie n’est que partielle ; elle se borne alors à des vertiges, des absences et des convulsions locales.

1° Saint Matthieu, iv, 21, mentionne des lunatiques parmi les nombreux malades que Notre-Seigneur guérissait près du lac de Tibériade. Cf. Marc, iii, 10 ; Luc, vi, 18-19. — 2° L’enfant pour lequel les Apôtres ne purent rien et que le Sauveur guérit après sa transfiguration, était un épileptique. Matth., xvii, 14. Souvent, au cours de ses accès, il tombait dans le feu ou dans l’eau. D’après saint Luc, ix, 39, c’est un esprit qui le saisit, et alors il crie tout d’un coup ; l’esprit l’agite, le tord, le fait écumer et ne le quitte qu’après l’avoir tout brisé. Saint Marc, ix, 16-21, donne plus de détails sur le cas de l’enfant. Au dire du père, l’enfant a un esprit muet qui le saisit et l’agite ; alors l’enfant écume, grince des dents et devient tout raide. En présence du Sauveur, l’enfant est saisi par l’esprit, tombe à terre et s’y roule en écumant. Le père ajoute que pareils accès lui arrivent depuis son enfance et que souvent l’esprit le jette dans le feu ou dans l’eau. Il y a bien là les symptômes et les phénomènes caractéristiques de l’épilepsie. Il s’y ajoute cependant d’autres effets qui ne dépendent pas du mal lui-même, la surdité, le mutisme qui est habituellement la conséquence naturelle de la surdité, Matth., xii, 22 ; Luc, xi, 14, et des chutes multipliées dans le feu ou dans l’eau. Les chutes dans l’eau donnent à supposer que l’enfant habitait les bords du lac et que peut être son père était pêcheur, et l’emmenait avec lui en barque. Ces derniers effets sont attribués par le père à l’influence d’un esprit qui cherche à faire périr l’enfant. Marc, ix, 21. On a prétendu souvent que, du temps de Notre-Seigneur, on mettait sur le compte des démons des maladies dont on ne connaissait pas la cause et qui n’étaient que des névroses aujourd’hui étudiées et classées au nombre des phénomènes purement naturels. La remarqueest juste en bon nombre de cas. Ici pourtant il n’est pas permis de l’appliquer complètement. On ne peut admettre que Notre-Seigneur se soit trompé au point de traiter comme démoniaque un simple malade. « Esprit sourd et muet, dit-il, je te le commande, quitte-le et ne rentre jamais en lui. » Marc, ix, 24. Cette adjuration provoque une nouvelle crise qui l’ait croire à la mort de l’enfant. À prendre les paroles du Sauveur à la lettre, il semble que le démon n’est tenu pour responsable que de la surdité et du mutisme de l’enfant. En ce dernier, l’épilepsie serait naturelle, quoique rendue plus aiguë par la présence du démon. De là, les deux actes successifs accomplis par le Sauveur : l’adjuration, qui chasse le démon sourd et muet, non cependant sans que celui-ci provoque en partant une nouvelle crise d’épilepsie, et ensuite la guénsôû de cette dernière maladie par le contact du divin Maître qui relève l’enfant. Les deux actes, sommairement indiqués par saint Matthieu, xvii, 17, et saint Luc, ix, 43, sont nettement distingués par saint Marc, ix, 24, 26. L’épilepsie da cet enfant a donc pu être naturelle, comme celle des autres lunatiques dont parle saint Matthieu, iv, 24 ; mais le démon était entré en lui pour le, rendre sourd-muet. Cette dernière infirmité, qui n’est pas une conséquence de l’épilepsie, était évidemment habituelle chez l’enfant, car personne ne se fût étonné qu’il ne parlât pas et n’entendit pas pendant ses crises. Le démon agissait certainement en cet enfant.