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LUSTRATION

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choses, en les séparant de toute attache profane. C’est probablement de cette manière que Moïse, avant de monter sur le Sinaï, sanctifia le peuple, et l’obligea ensuite à laver ses vêtements.- Exod., xix, 14. L’Épitre aux Hébreux, ix, 19, suppose une aspersion d’eau et de sang pour la consécration de l’alliance. Exod., xxiv, 8. Il y eut aussi des lustrations pour la consécration des prêtres. Exod., xxix, 4 ; Lev., viii, 6, et des lévites. Num., viii, 21. Dans le service ordinaire du Tabernacle et du Temple, les prêtres avaient à faire des ablutions avec l’eau de la mer d’airain. Exod., xxx, 17-21 ; II Par., iv, 6 ; Ezech., XL, 38. Le grand-prêtre se préparait ordinairement à l’exercice de ses fonctions par une ablution totale. Le jour de la fête de l’Expiation, il avait à se laver cinq fois tout le corps et dix fois les mains et les pieds. Voir Expiation (Fête de l’), t. ii, col. 2137. Les Israélites prirent plus tard l’habitude de faire des ablutions avant la prière, l’entrée dans le Temple, la participation aux choses saintes, etc. Ps. xxiv (xxm), 3, 4 ; xxvi (xxv), 6 ; I Reg., xvi, 5 ; Judith, xii, 7, 8 ; xvi, 22 ; Marc, vii, 3, 4, etc. Au Temple, on lavait avec soin les différentes parties des victimes, avant de les présenter sur l’autel. Lev., i, 9, 13 ; Exod., xxix, 17.

3° Purifications. — 1. À tous ceux qui avaient contracté quelque impureté légale s’imposaient des lustrations purificatrices. Voir Impureté légale, t. iii, col. 857-860. On employait alors l’immersion, soit du corps avec les vêtements, soit de l’un et des autres séparément. Cette immersion pouvait se faire en tout temps et tantôt suffisait seule, tantôt devait être accompagnée d’autres rites. Les kelîm ou objets susceptibles de purification lustrale étaient au nombre de sept : vêtements, cilices, objets de peau, d’os, de métal, de bois et de terre cuite. On les purifiait par immersion. Lev., vi, 20-21 ; xi, 25, 28, 40 ; xiii, 6, 34, 54. 56, 58 ; xiv, 8, 47 ; xv, 5-27 ; xvi, 26, 28 ; xvii, 15 ; xxii, 6 ; Num., viii, 7, 21 ; xix, 7, 8, 10, 19, 21 ; xxxi, 24 ; Ps. li (l), 4, 9. — 2. L’impureté était lavée par la lustration, mais l’effet légal n’était produit que le soir du jour où la lustration avait eu lieu. Lev., xi, 25, 40 ; xv, 11, 18, 22, 27 ; Num., xix, 7, 8, 10, 21, 22.

4° Aspersions après le contact d’un mort. — 1. Une grave impureté résultait de tout contact avec un mort ou avec ses restes. L’impureté atteignait tout ce qui se trouvait dans sa maison, personnes et choses. L’aspersion se faisait avec de l’eau à laquelle était mêlée de la cendre de la vache rousse. Voir Vache rousse. Cette eau était appelée mê niddâh, « eau d’impureté, » c’est-à-dire eau destinée à purifier de l’impureté. Num., xix, 9, 13, 20. La cendre de la vache rousse était conservée en trois endroits : au mont des Oliviers, pour les purifications du peuple, dans le Temple, pour les purifications des prêtres, et dans un autre endroit, devant le mur de la ville, en souvenir de la combustion de l’animal. On mettait de cette cendre dans un vase et l’on versait dessus de l’eau vive. Num., xix, 17. Cette eau se puisait ordinairement à la fontaine de Sijoé. En dehors de Jérusalem, on devait procéder autrement. Dans la pratique, on se contentait de placer sur l’eau une pincée de cendre, en quantité suffisante paur qu’on pût l’apercevoir à la surface. Cf. Josèphe, Ant. jud., IV, iv, 6. — 2. L’impureté contractée au contact d’un mort durait sept jours. L’aspersion avec l’eau lustrale se faisait le troisième et le septième jour. Tout Israélite, même s’il n’était ni prêtre, ni lévite, pouvait la faire, pourvu qu’il fût pur. Comme ce genre d’impureté se contractait partout où quelqu’un mourait, il était indispensable qu’on pût en être purifié même dans les bourgades où ne se trouvait aucun prêtre. L’homme atteint d’impureté se lavait’et lavait ses vêtements après la seconde aspersion, et il redevenait pur le soir du septième jour. Num., xix, 2-22. Le traité Para, dans la Mischna, explique ce qui se rapporte à la

vache rousse et à l’eau lustrale. — 3. Ceux qui avaient pris part à une bataille, tué des ennemis on touché des morts, devaient subir la lustration, eux, leurs prisonniers et tout le butin. L’obligation était si stricte que celui qui s’y dérobait méritait d’être retranché d’Israël. Num., xix, 13, 20 ; xxxi, 19, 23. Cf. Reland, Antiquitates sacrée, Utrecht, 1741, p. 114, 115. Quelques auteurs ont pensé que saint Paul fait allusion à la lustration pratiquée après le contact d’un mort, quand il parle de ceux qui se font baptiser pour les niorts, ùicèp twv vexpûv, pro mortuis. I Cor., xv, 29. Il est certain que la préposition ûitèp ne signifie pas seulement « pour, en faveur de », mais aussi « à cause de, au sujet de ». Cf. Bailly-Egger, Dictionnaire grec-français, Paris, 1895, p. 1998. À prendre ces mots isolément, on pourrait croire en effet qu’il s’agit des lustrations que les vivants font à cause des morts. Mais le contexte montre que le baptême en question était reçu pour lès morts, comme pouvant leur servir parce qu’ils doivent ressusciter. Voir Baptême des morts, t. 1, col. 1441 ; cf. Dict. de théologie catholique, t. H, col. 361. La lustration avec l’eau et la cendre de la vache rousse fut pratiquée jusque dans les der niers temps, puisque le traité Para, iii, 5, relate la combustion de vaches rousses sous les grands-prêtres Ananel, nommé par Hérode, Ismaël, fils de Phabi, nommé par Valérius Gratus, et Élionaios, fils de Kanthéra, nommé par Agrippa. Cf. Schùrer, Geschichte des jûdischen Volkes, Leipzig, t. ii, 1898, p. 218. Comme la souillure par contact des morts devait se produire fréquemment, et jusque dans les moindres bourgades, il fallait pouvoir se procurer soit la cendre nécessaire, soit de l’eau déjà préparée. Il’y avait, en tout cas, de longues formalités imposées par cette lustration. C’est une des raisons pour lesquelles Notre-Seigneur répond à celui qui veut le suivre, mais demande d’abord à ensevelir son père : « Laisse les morts ensevelir leurs morts. » Luc, ix, 60 ; Matth., vin 22.

5° Les pratiques juives. — 1. Les docteurs juifs avaient réglé par le détail tout ce qui se rapportait aux lustrations. Ils déterminaient ainsi les espèces d’eaux qui pouvaient servir. L’eau des étangs et des fosses, des citernes ou des cavernes, les eaux de montagne même au repos, celles qu’on avait recueillies au moins en volume de quarante se’âh, soit 520 litres, pourvu qu’elles ne fussent pas devenues impures, étaient propres à la préparation du levain et au lavement des mains. Leseaux courantes de montagne servaient au même usage. Les eaux rassemblées en volume d’au moins quarante se’âh convenaient pour les bains de purification et pour le lavage des ustensiles. Il n’en fallait pas moins même pour la purification d’une aiguille. Une source de faible débit avait la même valeur, soit pour les bains soit pour la purification des ustensiles. L’eau courante, bien que minérale ou thermale, purifiait également. X’eau pure de source était exigée pour purifier ceux qui avaient été atteints de flux ou de lèpre, et pour la préparation de l’eau lustrale avec la cendre de la vache rousse. Lesdocteurs ajoutaient beaucoup d’autres prescriptions minutieuses pour l’usage de ces différentes eaux. Le traité Mikvaoth (Lavacra) de la Mischna roule tout entier surce sujet. On voit que les six auges de pierre de Cana, qui contenaient chacune deux ou trois métrètes, soit de 77 à 146 litres, fournissaient, au moins dans leur ensemble, la quantité d’eau suffisante pour les purifications traditionnelles. Joa., ii, 6. Comme cette réglementation n’émanait que des docteurs et qu’il n’était pas toujours possible de satisfaire à leurs exigences, il arrivait bien souvent que, pour le lavement des mains en particulier, on se contentait d’une très faible quantité d’eau. Voir Laver- (Se) les mains, col. 136. — 2.< Les prêtres et leslévites devaient toujours prendre un bain rituel avant d& commencer leur service quotidien dans le Temple. Cf-Yoma, m, 3 ; Tamid, i, 1, 2 ; Middoth, i, 9 ; Testant., xii,