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LUSTRATION

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Palriarch. Levi, 9. Ils avaient de plus à se laver les mains et les pieds avec l’eau de la mer d’airain. Exod., xxx, 17-21 ; xl, 30-32 ; Tamid, i, 4 ; ii, 1 ; Philon, Vita Mosis, iii, 15. — 3. Les Esséniens prenaient des bains d’eau troide avant chaque repas, quand ils avaient communiqué avec un étranger et en d’autres circonstances encore. Josèphe, Bell, jud., II, viii, 5, 9, 10. Les pharisiens les imitaient en cela d’aussi près que possible. Matth., xv, 2 ; Marc, vii, 3, 4 ; Luc, xi, 38 ; Chagiga, ii, 5 ; Yoma, iii, 2. — 4. Aux prosélytes, on imposait avec la circoncision et un sacrifice, un bain rituel appelé tebîlâh, destiné à les constituer en état de pureté légale. Cf. Kerithoth, 81 a ; Jebamoth, 46 a ; Pesachim, viii, 8. 6° Les pratiques étrangères. — 1. Les lustrations d’eau ont été en usage chez la plupart des peuples anciens. Elles se pratiquaient spécialement à l’occasion des actes qui se rapportent à la naissance ou à la mort. Hérodote, i, 198 ; ii, 37, les signale chez les Babyloniens, les Arabes et les Égyptiens. Les anciens textes montrent quelle place les ablutions d’eau lustrale et les purifications par l’eau occupaient dans le rituel des Babyloniens et des Assyriens. Cf. Martin, Textes religieux assyriens et babyloniens, p. xxm-xxv. Cbez les Égyptiens, l’obligation des purifications préparatoires était si stricte pour le prêtre avant toute fonction liturgique, qu’il en tirait son nom de ouîbou, « le lavé. » Cf. Maspero, Histoire ancienne, t. i, p. 123 ; Porphyre, De abstin., iv, 7.

— 2. Chez les Grecs, on n’entrait pas dans les temples sans s’asperger d’eau, soit avec la main, soit avec une branche de laurier. Cette eau était disposée dans des vases placés près de la porte, et on la sanctifiait en y plongeant un tison pris sur l’autel. Cf. Pollux, i, 8 ; Hippocrate, Morb. sacr., 2, etc. À la porte des maisons renfermant un cadavre, on plaçait également des vases pleins d’eau pour s’asperger. Cf. Euripide, À Icest., 98-102 ; Pollux, viii, 7. Le contact d’un mort nécessitait une purification complète. Cf. Euripide, Jphig. Taur., 380. Après la mort d’Alexandre, Perdiccas crut devoir soumettre toute l’armée à une lustration. Justin, xiii, 4. Cf. Diogène Lærce, i, 110 ; Pausanias, II, xx, 1 ; Odyss., IV, 756 ; Thucydide, Bell. Pelopon., iii, 104 ; etc. — 3. Chez les Romains, les lustrations s’imposaient également à l’occasion des rapports conjugaux, cf. Cicéron, Pro Cal., 14 ; Perse, Sat., xi, 15 ; Suétone, À ug., 94, 4 ; de la naissance, cf. Térence, Andr., III, ii, 1, etc. Le huitième jour après sa naissance, pour les filles, et le neuvième, pour les garçons, était le dies Ivstricus, « jour lustral, » où l’on purifiait l’enfant. Cf. Suétone, Ner., 6 ; Macrobe, Saturn., 1, 16 ; Arnobe, iii, 202, etc. On faisait d’autres lustrations après la mort et l’on purifiait les maisons après l’enlèvement du cadavre. Cf. Bâhr, Symbolik des mosaischen Cultus, Heidelberg, 1839, t. ii, p. 468-471. On faisait des aspersions d’eau dans les maisons, les temples, les villes entières, on les pratiquait dans les jeux publics, et l’on s’imaginait par là se purifier des parjures, des homicides et de tous les crimes. Ovide, Fast., ii, 45 ; v, 673-690 ; Tertullien, De baptismo, 5, t. i, col. 1204-1205.

II. Lustrations de sang. — 1° Les aspersions rituelles.

— 1. Avant la promulgation de la loi mosaïque, deux aspersions de sang sont déjà mentionnées. Après l’immolation de l’agneau pascal, en Egypte, les Hébreux doivent mettre de son sang sur le linteau et les poteaux de leurs portes, afin d’être épargnés par la dixième plaie. Ils avaient à se servir pour cela d’un bouquet d’hysope. .Exod., xii, 7, 13, 22, 23. Chez les Babyloniens, dans une cérémonie pour le salut du roi, le magicien immolait un agneau, puis oignait avec son sang les linteaux et les montants de la porte du palais. Cf. Martin, Textes religieux assyriens et babyloniens, p. xvii, 256. C’était là probablement un ancien rite chaldéen, que Moïse ne fit que reproduire en Egypte. Le sang de la victime avait pour but d’interdire la porte à toute cause de mal. Au désert,

avant de remonter sur le Sinaï, Moïse fit immoler des taureaux par des jeunes gens, et avec une partie du sang, il aspergea le peuple en disant : « Voici le sang de l’alliance que Jéhovah a faite avec vous sur toutes ces choses. » Exod., xxiv, 6-8 ; Heb., iS, 18-21. Cette aspersion fut faite avec un bouquet d’hysope que liait de la laine écarlate. Heb., ix, 19. — 2. Dans la cérémonie de la consécration d’Aaron et de ses fils, Moïse dut prendre avec son doigt du sang provenant du taureau immolé, et en mettre sur les cornes de l’autel ; puis, avec le sang du bélier, marquer le lobe de l’oreille droite, le pouce droit et l’orteil droit d’Aaron et de ses fils ; enfin, prendre du sang sur l’autel avec de l’buile d’onction, et en asperger les nouveaux prêtres et leurs vêtements. Exod., xxix, 12, 20, 21 ; Lev., viii, 15, 23, 24, 30. — 3. Le sacrifice expiatoire comportait plusieurs lustrations de sang. Le prêtre prenait du sang du taureau immolé, entrait dans le Tabernacle et, avec son. doigt, faisait sept aspersions devant le voile du Saint des saints ; puis il mettait du sang sur les cornes de l’autel des parfums, et d’autres fois, sur les cornes de l’autel des holocaustes. Lev., iv, 5-7, 17, 18, 25, 30, 34 ; îx, 9. Les Hébreux regardaient cette lustration de sang et la libation de sang qui suivait comme essentielles au sacrifice expiatoire. Voir Libation, col. 234. Tant qu’elles n’étaient point faites, le péché ne pouvait être remis, Heb., rx, 22, et ni les prêtres, ni les assistants n’avaient aucun droit sur les victimes. Cf. Gem. Zebachim, 26, 2 ; Nazir, vi, 9 ; Siphra, fol. 210, 1. Pour empêcher le sang de se coaguler dans le vase qui le contenait, on l’agitait avec un bâton. Le prêtre montait à l’autel et commençait la lustration par le coin du sud-est et la terminait à l’angle du sud-ouest. Il trempait l’index droit dans le sang et, le pressant avec l’ongle du pouce, il faisait couler le sang sur la corne de l’autel. Cf. Gem. Zebachim, 53, 1. Il essuyait ensuite son doigt sur le bord du vase et le trempait à nouveau pour la lustration suivante, et ainsi de suite. Le sang qui restait après la quatrième lustration était versé à la base de l’autel, pour s’écouler dans le Cédron. Cf. Meila, iii, 2 ; Josèphe, Ant. jud., III, ix, 3 ; Reland, Antiquitates sacrm, p. 160, 161 ; Iken, Àntiquitates hebraicse, Brème, 1714, p. 176-178. Dans le sacrifice pour le délit, si l’on ne pouvait offrir que des oiseaux, on se contentait d’asperger un côté de l’autel avec le sang de la victime. Lev., v, 9. — 4. À la fête de l’Expiation, le grand-prêtre faisait sept aspersions avec le sang du taureau devant le propitiatoire, sept autres avec le sang du bouc devant le propiatoire et sur le propiatoire même. Puis, avec le sang des deux victimes, il faisait la lustration des quatre cornes de l’autel et aspergeait l’autel même. Lev., xvi, 14, 15, 18. C’était une lustration solennelle qai ne se faisait qu’une fois l’an. Exod., xxx, 10 ; Heb., îx, 7. — 5. Pour la purification des lépreux, il fallait aussi des lustrations de sang. Tout d’abord, le prêtre égorgeait un oiseau, trempait dans son sang un aspersoir fait d’hysope lié au bois de cèdre par un ruban écarlate, et aspergeait sept fois le lépreux guéri. Puis, avec le sang de l’agneau du sacrifice, if lui marquait le lobe de l’oreille droite, le pouce droit et l’orteil droit. Lev., xvi, 6, 14, 17, 35, 38. Pour la purification d’une maison dont les murs étaient atteints de la lèpre, voir coI. 186, le prêtre faisait avec le sang de l’oiseau immolé sept aspersions semblables à celles qui étaient prescrites pour le lépreux lui-même. Lev., xiv, 51, 52 — 6. Enfin, quand on avait immolé la vache rousse, le prêtre devait encore faire devant le Tabernacle sept aspersions avec son doigt trempé dans le sang de l’animal. Num, , XIX, 4. — 7. Il est dit, Heb., IX, 21, que Moïse aspergea de sang le Tabernacle et ses ustensiles. Cette aspersion n’est pas mentionnée dans le Pentateuque. Le souvenir en avait été conservé par la tradition. 2° Lustrations païennes. — Chez les Grecs, le sang