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MAGDALA — MAGDALGAD


cun indice permettant de distinguer la patrie de la sainte des nombreux Migdal épars en Galilée. Les Talmuds connaissent une Magdala dans le voisinage de Tibériade, à moins d’une mesure sabbatique, selon Talm. de Jérus., Eroubin, v, 1 ; ou Migdal Nounia, « le Migdal des poissons, » à un mille de la ville, Talm. de Babyl., Pesahim, 46 6. Le Midrasch Ekka, ii, 2, ajoutant que cette ville fut détruite à cause de la profonde corruption de ses habitants, fait peut-être une allusion générale aux faits signalés d’une manière particulière et mystérieuse par les évangiles quand ils parlent de Marie. Marc, xvi, 9 ; Luc, viii, 2. Cf. Ad. Neubauer, Géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 216-218 ; J. Schwarz, Tebuoth ha-Arez, édit. Luncz, Jérusalem, 1901, p. 228. La tradition topographique des saints lieux n’a point cessé, depuis le iv 8 siècle, de désigner aux pèlerins, comme patrie de Madeleine, Magdala, sur la rive du lac au nord de Tibériade et à la limite sud-ouest du Ghoueir, l’antique plaine de Genèsar, Vel-Medjdel des Arabes.

III. Tradition historique. — Au rv’siècle, Pierre de Scbaste, frère de saint Basile le Grand, dans son « Livre de la Démonstration » dont le texte grec est perdu, mais dont Eutychius, patriarche melchite d’Alexandrie, nous a conservé des fragments traduits par lui en arabe, en appelait à l’église de Medjdel en témoignage de la divinité de Jésus : « L’église d’el-Medjdel, voisine de Tibériade, disait-il, atteste que le Messie a chassé les sept démons qui se trouvaient en Marie-Madeleine. » Eutychius patriarca Alexandrinus, auctore Abramo Echellensi maronita à Libano, Rome, 1661, p. 234-236 ; dans El-machriq, V" année, 1902, p. 485. Vers 330, Theodosius indique « de Tibériade à Magdaium d’où fut Marie Madeleine, deux milles (environ trois kilomètres) ; de Magdal jusqu’aux Sept-Fontaines, cinq milles (sept kilomètres et demi) ». De Terra Sancta, dans Tobler et Moliiiier, Genève, 18774880, t. i, p. 72. Saint Willibald, compagnon de saint Boniface, vers 780, ’après avoir visité Tibériade « suit le littoral, et arrive au village de Madeleine. De là il se rend au bourg de Capharnaum, puis il poursuit jusqu’à Bethsaïde ». Hodœporicon, ibid., p. 260. Au ixe siècle l’église semble avoir été ruinée, le Commenioralorium de Casis Dei, rédigé vers 808, ne la cite pas parmi les « Maisons de Dieu » de la Galilée. Cf. ibid., p. 301-304. Le moine Épiphane hagiopolite, au Xe siècle, constate de nouveau, que, « à deux milles environ d’Heptapegon (les Sept-Fontaines), il existe une église et la maison de la Madeleine, dans la région appelée Magdala, où le Seigneur la guérit ; en quittant cet endroit on va à Tibériade. » Descriptio TerrœSanctæ, t.cxx, col. 270. L’higoumène russe Daniel, en 1106, fait également mention de la maison de Marie-Madeleine que Jésus délivra de sept démons, non loin de l’église consacrée aux apôtres [à l’Heptapegon ] ; l’endroit se nomme Magdalia. Vie et Pèlerinage, dans Itinéraires russes en Orient, édit. Khitrowo, Gen., 1889, p. 64. Cf. aussi Fretellus, Liber locorum sanctæ terra* Jérusalem, t. clv, col. 1043-1044 ; Jean de Wûrzbourg, ùescriptio T. S., ibid., col. 1071 ; Eguesippe, Tractatus de distantiis locorunt, Terræ Sanctæ, Pat. gt, t. cxxxiii, col. 995 ; anonyme, dans M. de Vogué, Les Églises de la Terre-Sainte, Paris, 1860, p. 422-423 ; Theodoricus, Libellus de Locis sanctis, édit. Tobler, Saint-Gall et Paris, 1865, p. 102 ; Ricoldo, Liber peregrinationis, dans Peregrinationes medii mvi quatuor, 2e édit. Laurens, Leipzig, 1873, p. 106 ; cf. Burchard du Mont-Sion, Descriptio Terræ Sanctæ, ibid., p. 40 ; Odoric de Pordonone, eriFrioul, i)e Terra Sancta, ibid., p. 147

IV. État actuel. — Le village à’el-Medjdel est situé à quatre kilomètres, au nord-ouest de Tibériade, à la même distance au sud-ouest du Khirbet Miniéh, lui-même à un kilomètre et demi vers l’ouest des fontaines A’Aïn-Tabagha, VHeptapegon ou « les Sept-Fontaines » des anciens, sur le bord du lac, à l’endroit où le ri vage fléchit vers le nord-est, à l’extrémité du Ghoueir qui se développe devant lui comme un immense et plantureux jardin arrosé de nombreux ruisseaux, au pied de la montagne escarpée qui ferme au midi Vouâd’el-Hamdm, la célèbre vallée d’Arbèle. Voir Arbèle, t. i, col. 886. Une trentaine de maisons au plus composent le village. Carrées et petites, bâties grossièrement avec des pierres noires de basalte, et disposées sans ordre, elles sont ordinairement surmontées de tentes de feuillages ou de roseaux sous lesquelles les habitants viennent chercher un peu de fraîcheur surtout pendant les nuits d’été. Le petit monument à coupole bâti au sud-ouest recouvre le tombeau d’un personnage musulman vénéré de la population. À travers le plateau resserré entre la montagne et le lac sur lequel s’élève le village, on remarque de nombreux mais informes débris de vieux murs. On croit reconnaître sur le rivage du lac, dans deux fragments de muraille très épais, les restes d’une ancienne tour. Au nord, une ruine assez grande et de forme rectangulaire semble avoir appartenu à une autre forteresse. Rien de caractéristique n’indique l’emplacement de l’antique église. Deux ou trois séders, un vieux figuier et un palmier sont les seuls arbres dont l’ombre s’étend sur Medjdel. La population est d’environ cent vingt personnes, composée d’éléments d’origines diverses, bédouins, fellahîn, égyptiens, perses et autres, et toute musulmane.

L. Heidet.

MAGDALEL. (hébreu : Migdal-’Êl, « la tour de Dieu ; » Septante : MeYaXa « pt|x, par suite de l’altération du nom de Magdalel et de la juxtaposition du nom suivant Horem ; voir Horem, t. iii, col. 753), ville forte de la tribu de Nephthali. Jos., xix, 38. Elle est nommée entre Jéron et Horem. Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica, édit. Larsow et Partbey, 1862, p. 270, 271, l’appellent Magdiel et la placent entre Dor ( Tantourah) et Ptolémaïde, à neuf milles romains, dit Eusèbe, à cinq milles, dit saint Jérôme, de Dor, c’est-à-dire qu’ils l’identifient avec V Athlit actuelle, ancienne place forte connue du temps des Croisades sous le nom de Castellum Peregrinorum. Voir V. Guérin, Samarie, t. H, p. 285-292. Cette identification n’est pas admissible, parce qu’Athlit ne faisait pas partie du territoire de Nephthali :

— Conder croit que Magdalel est le Mudjeidel actuel. Tent Work in Palestine, t. ii, p. 338 ; Survey of Western Palestine, Memoirs, 1. 1, p. 91, 137. C’est un village bâti en pierre, où se trouvent plusieurs maisons ruinées. II se trouve sur une colline couverte de figuiers et d’oliviers. On y remarque d’anciens pressoirs taillés dans le roc et comprenant deux compartiments, des tombeaux également taillés dans le roc et des sarcophages. Le village a une source, des citernes et des piscines. Cf. V. Guérin, Galilée, t. ii, p. 406-409. F. Vigouroux.

    1. MAGDALGAD##

MAGDALGAD (hébreu : Migdal-Gdd, « tour de Gad ou de la Fortune ; » Septante : Mafixhix>.yoiS), ville de la tribu de Juda, dans la Scphéla. Jos., xv, 37. Elle est] nommée entre Hadassa, t. iii, col. 323, et Déléan, t. ii, col. 1340, dans le second groupe des villes de la plaine. Eusèbe et saint Jérôme la mentionnent sous le nom de Magdala. Onomastica sacra, édit. Larsow et Parthey, p. 268, 269. On y avait rendu probablement un culte au dieu Gad, la Fortune. Voir Gad, ii, 2°, t. iii, col. 25. Son nom se retrouve encore aujourd’hui dans le village d’el-Medjdel, à demi-heure de marche environ à l’est d’Ascalon. El-Medjdel, que nous avons visité en 1899, est un des plus importants villages de l’antique plaine des Philistins. Il est situé au milieu de jardins qui se distinguent par leur riche végétation, par leurs grands sycomores et par leurs beaux palmiers. Les rues sont plus larges qu’elles ne le sont communément ailleurs en Orient ; les maisons sont en pierre et spacieuse ». On remarque autour de la mosquée et de plusieurs maisons