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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/288

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MAGDALGAD — MAGE


des colonnes antiques et des pierres sculptées. Ce village a un bazar assez bien approvisionné. V. Guérin, pour établir l’identification de Magdalgad et A'él-Mëdjdel, s’appuie, Judée, t. ii, p. 131, sur la ressemblance du nom moderne avec le nom ancien et aussi sur sa position. C’est cependant à cause de son site que plusieurs savants rejettent cette opinion ; ils pensent que Magdalgad ne devait pas être si loin à l’ouest, en plein pays des Philistins. Riehm, Handwôrterbuch des biblischen Alterlums, 2e édit., p. 1013. Quelques-uns croient retrouver Magdalgad dans les ruines d’el-Medjeléh, à huit kilomètres au sud de Beitdjibrin (cf. V. Guérin, Judée, t. ii, p. 362), ou dans celles de Khirbet Medjdil, à vingt-un kilomètres au sud de Beitdjibrin, deux noms qui rappellent les tours ou niigdôl qui se sont élevées autrefois en ces lieux. — Quelques commentateurs croient que Magdalgad est le Magdolos auprès duquel Néchao II gagna une bataille contre les Syriens, vers l’an 610, d’après Hérodote, t. ii, 159.

F. Vigouroux. MAGDALUM. Voir Magdal.

MAGDiEL (hébreu : Magdî'êl ; Septante : MayeSi-W, l’avant-dernier des chefs Çallûf) du pays d'Édom, parmi les descendants d'Ésaû, nommés dans la Genèse. Il succéda à Mabsar et eut lui-même pour successeur Hiram. Gen., xxxvi, 43 ; I Par., i, 54.

MAGE (grec [au pluriel] : u.âyoi ; Vulgate : magi), nom des personnages qui vinrent d’Orient à Bethléhem pour adorer l’enfant Jésus. Matth., ii, 1-12. Dans les versions, Lev., xix, 31 ; xx, 6 ; I Reg., xxviii, 3, 9 ; II Par., xxxiii, 6 ; Dan., i, 20 ; ii, 2, 10, 27 ; iv, 4 ; v, 7, 11, 15, et dans les Actes, viii, 9 ; xiii, 6, 8, ce nom revient plusieurs fois, mais pour désigner de simples magiciens. Voir Magie.

I. Les magks en Médie et en Perse. — 1° Leur origine et leur genre de vie. — Dans son récit de la prise de Jérusalem, Jérémie, xxxix, 3, 13, nomme, parmi les grands officiers qui accompagnaient Nabuchodonosor, un certain Séréser, qualifié de rab-mâg, ce dont les versions font un nom propre : 'Paënây, Rebmag. L’hébreu mâg correspond à l’assyrien mahthû, qui devient magu dans l’ancien perse et moghu dans l’ancien bactrien. Cf. Buhl, Gesenius' Handwôrterbuch, Leipzig, 1899, p. 418. Le rab^mâg est le chef des mages. — Les mages étaient, chez les Mèdes, les descendants d’une des anciennes peuplades qui avaient servi à constituer la nation. Hérodote, I, 101. Isolés peu à peu des autres, ils formaient une caste très distincte, qui avait dans ses attributions le service du culte. Tous les mages ne devenaient pas ministres de ce culte, mais tous les ministres du culte appartenaient à la caste des mages. Cf. Porphyre, De abstïn., iv, 16. Les mages se divisaient en plusieurs classes ayant leurs privilèges et leurs devoirs distincts. Il y avait parmi eux des interprètes des songes, de véritables magiciens, et, dans les rangs élevés de la caste, des sages parmi lesquels on choisissait le chef suprême. Ceux qu’on vouait au service du culte y étaient préparés dès l’enfance par une instruction appropriée et recevaient ensuite une initiation spéciale. Ils menaient une vie austère, étaient assujettis à un grand nombre de règles de pureté concernant leur persanne et les objets du culte, gardaient un extérieur digne et modeste, ne mangeaient pas de viande ou du moins en restreignaient l’usage, etc. On leur reprochait les mariages qu’ils contractaient malgré les liens les plus étroits de la parenté ; mais l’ensemble de la caste avait une tenue et même pratiquait des vertus qui lui conciliaient l’estime des grands et du peuple tout entier. Le roi seul, en sa qualité de représentant direct d’Ormuzd, pouvait se dispenser de leur ministère pour offrir des sacrifices. Cf. Hérodote, i, 132 ; Xénophon, Cyropssd., VIII, iii, 9 ; Rapp, Die Religion und Sitte der Perser,

dans la Zeitschrift der deutschen morgenl. Gesellsch., 1866, t. xx, p. 68-94 ; Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, t. iii, 1899, p. 592-595.

2° Leur histoire. — À l'époque de Nabuchodonosor, la Chaldée n’avait plus en face d’elle, au nord et à l’est, que l’empire méde, comprenant la Perse, la Médie, l'Élam et l’Arménie. Mais précédemment, sous Assurbanipal, l’empire assyrien englobait dans son domaine l'Élam et une bonne partie de la Médie. La caste des mages avait donc pu étendre son action religieuse dans cet ancien empire et la continuer sous la domination chaldéenne ; autrement il faudrait admettre que le nom de « mages » était passé à des prêtres assyriens ou chaldéens. Toujours est-il que, dans les inscriptions, le nom de rab-màg est attribué comme qualificatif, sous la forme ru-bu-u i-im-ga, au père de Nabonide, roi de Babylone. Cf. Schrader, Die Keilinschriften und das A. T., 1883, p. 417-421. Il n’est donc pas étonnant que cette appellation se lise dans Jérémie, xxxix, 3, 13. L’influence des mages, prédominante chez les Mèdes, surtout sous le règne d’Astyage, fut moins tolérée par les Perses, sous Cyrus et sous son fils Cambyse. En 521, une révolution éclata contre ce dernier. Un mage nommé Gaumâta, doué d’une ressemblance étonnante avec Smerdis, frère de Cambyse, depuis longtemps disparu, se fit passer pour Smerdis lui-même. Peu de mois après, l’imposture fut découverte, Gaumâta mis à mort et Darius, fils d’Hystaspe, installé roi à sa place. Une fête, appelée jia-f0ç<5via, fut alors instituée en Perse, en souvenir du massacre des mages qui avait eu lieu dans le palais. Hérodote, iii, 67-79 ; Ctésias, Persic, 10-15. Les mages n’en gardèrent pas moins une haute situation dans l’empire des Achéménides. Ce furent eux qui interprétèrent un songe de Xerxès et le déterminèrent à son expédition contre la Grèce. Hérodote, vil, 19. Pendant l’expédition, ils tirent un sacrifice de chevaux blancs sur les bords du Strymon et y accomplirent des rites magiques. Hérodote, vii, 1 ! 3, 114. Cicéron, De leg., ii, 10, les accuse d’avoir poussé à la destruction des temples de la Grèce.

3° Leur religion. — La religion des mages était celle qu’un sage, Zoroastre, sur l’existence et l’action duquel on n’a que des données problématiques, avait consignée dans l’Avesta. Cette religion reconnaissait un dieu su-* prême, Ahuramazda ou Ormuzd, ayant au-dessous de lui six Amschaspands préposés aux règnes de la nature et, à un degré inférieur, des milliers de Yazàtas ou Izeds, veillant au bon fonctionnement des êtres. À la tête de ces derniers se trouvait Mithra, le ciel lumineux, plus tard identifié avec le soleil. À Ormuzd s’opposait le génie du mal, Angromainyus ou Ahriman, commandant aux Devas ou démons. Cf. Le Hir, Études bibliques, Paris, 1869, t. ii, p. 187-212. Sous sa forme élémentaire, , cette religion avait été commune aux Perses, aux Mèdes. et aux Bactriens. Les mages de Médie la réformèrent et en codifièrent les dogmes et les pratiques. Ces dernières étaient multiples et compliquées. Les mages regardaient le feu comme le fils d’Ormuzd et la production divine par excellence. Us l’entretenaient perpétuellement sur des autels ; ils s’abstenaient, comme d’un sacrilège, de le souiller par le souffle de l’haleine humaine ou par le contact d’un cadavre ou d’un objet impur ; ils tenaient au contraire pour œuvre pie la peine qu’on prenait de l’alimenter. Le prêtre était appelé atharvan, « homme du feu. » Ce culte entraînait celui du soleil, « œil d’Ormuzd. » On attribuait aussi une vertu bienfaisante à la lune, aux astres et aux signes du zodiaque. La constellation du Chien jouissait d’une considération particulière, parce que l’Avesta respectait le chien à l'égal de l’homme. La même religion, caractérisée par le culte d’Ormuzd et l’absence d’idoless régnait chez les Perses et chez les Mèdes, à quelques différences près. La principale consistait en ce que les mages de Médie le contentaient d’exposer à l’air les cadavres, pour ne ;