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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/344

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G53

    1. MANASSÊ##

MANASSÊ (PRIÈRE DE) — MANDRAGORE

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mêmes détails controuvés. La circonstance des liens fondus ou brisés à la suite de la prière remonte à Jules l’Africain (d’après saint Jean Damascène, Sacra Parallela, t. xcv, col. 4436). Voir dans Migne, Patr. Gr., 1. 1, col. 646-648, les notes de Gotelier sur les écrivains ecclésiastiques, qui citent la prière de Manassé ou font allusion aux circonstances qui l’accompagnèrent. Une légende judaïque voulait que Manassé eût été enfermé dans un cheval ou un mulet d’airain, sous lequel on aurait mis le feu. C’est là que le roi pénitent aurait prononcé sa prière à la suite de laquelle la statue se serait fondue, le laissant en liberté. L’Apocalypse grecque de Baruch raconte cette légende, qui ne mériterait pas d’être rapportée si quelques Pères ou écrivains ecclésiastiques ne l’avaient connue. Apoc, de Baruch, 64, dans Kautzsch, Apokryphen und Pseudepigr. , 1900, t.-n, p. 436-437.

3° Manuscrit* et éditions. — Le texte grec de la prière de Manassé se trouve dans un certain nombre de manuscrits des Septante, parmi les cantiques qui assez fréquemment accompagnent le Psautier. Elle occupe le neuvième rang, après les deux cantiques de Moïse, Exod., xv, Deut., xxxii, la prière d’Anne, mère de Samuel, I Reg., ii, le cantique d’Isaïe, v, 1-9, sa prière, xxvi, 9-20, celles de Jonas, ii, 3-10, d’Habacuc, iii, 2-19, d’Ézéchias, Is., xxxyin, 10-20, et avant la prière d’Azarias, Dan., iii, 26-45, celle des trois jeunes gens dans la fournaise, Dan., iii, 52-88, le Magnificat, le Nunc diniitlis, le Benedictus et le Gloria. Swete l’a éditée d’après le Codex Alexandrinus avec les variantes du Psautier de Zurich, The Old Test, in Greek, 2e édit., Cambridge,

1899, p. 12-14. — La version latine, non revue par saint Jérôme, se trouve également dans plusieurs manuscrits de la Vulgate. Robert Estienne l’avait insérée dans son édition de 1540. Elle est imprimée encore dans nos Bibles actuelles à la fin et en dehors des livres canoniques, avec le IIIe et le IVe livre d’Esdras, ne prarsus inierirent. Sabatier l’avait publiée d’après trois manuscrits dans ses Biblior. sacror. Latin, vers, antiq., t. iii, p. 1038-1039, La traduction éthiopienne des Constitutions apostoliques parue à Londres en 1834, la traduction arabe inédite du même ouvrage et la Didascalia Apostolorum syriaque publiée à Londres, en 1903, traduite par M m « Gibson, ibid., et par Achelis et Fleming, Leipzig, 1904, dans Texte und Untersuchtingen, nouv. série, t. x, 2, la contiennent aussi. Enfin il existe une traduction en hébreu faite sur le grec.

4° Commentaires. — Fritzsche, Exeget. Handbuch lu den Apocryphen, Leipzig, 1851 ; Bail, Apocrypha, dans le Speaker’s Commentary, Londres, 1888 ; Kautzsch, Die Apokryphen undPseudepigraphen des A. T^Tubingue,

1900, 1. 1, p. 165-171 (introduction, traduction allemande d’après le texte de Swete et notes critiques développées, par Ryssel). F. Prat.

    1. MANDRAGORE##

MANDRAGORE (hébreu : dûda’îm ; Septante : [j.avSp « Y<Spaç, ii, îjXa ii, av8paY<Spou > Vulgate : mandragora), plante et fruit communs en Palestine.

I. Description. — La mandragore était rangée par Linné dans le même genre que la Belladone, sous le nom de Atropa Mandragora. Mais, comme l’avait déjà reconnu Tournefort, elle mérite de former une division générique à part, dans la famille des solanées, caractérisée par son énorme souche souterraine, qui se termine en racine pivotante simple ou plus souvent fourchue. Le collet ne s’allonge pas en tige aérienne, mais il produit directement une rosette de grandes feuilles étalées, à limbe oblong-lancéolé, atténué en pétiole épais. Plus tard, du centre de la rosette sortent de longs pédoncules terminés chacun par une fleur. Le calice devient accrescent après l’anthèse, et sert à protéger le fruit devenu une baie volumineuse et polysperme. La corolle marcescente est régulière, campanulée-plissée, à

5 lobes profonds, les ctamines à filets barbus à la base. Dans la véritable mandragore, Mandragora officmarum, (fig. 194), la fleur blanc verdâtre s’épanouit au printemps

19-ï. — Mandragore. Plante, fleur et fruit.

et produit une baie jaune dépassant beaucoup J’enveloppe du calice. C’est la forme qu’on trouve dans les jardins, et qui se maintient dans les cultures abandonnées. Mais le vrai type sauvage semble être la Mandrar gora autumnalis de Sprengel, dont la souche est moins grosse, les feuilles plus réduites, les pédoncules fioranx plus allongés, la baie roussâtre dépassant à peine le calice, la corolle violacée et la floraison automnale.

F. Hy.

II. Exégèse. — On a souvent discuté sur le sens à donner à ces dûda’îm qui sont mentionnés en deux endroits de la Bible, Gen., xxx, 14-16, et Gant., vil, 14. Dans le premier passage on raconte que Rnben, alors âgé d’environ cinq ans, étant sorti dans les champs au temps de la moisson des blés, trouva des dûda’îm, qu’il rapporta à Lia sa mère. Rachel les ayant vos, voolut les avoir ; Lia y consentit à condition que Jaceb demeurerait avec elle la nuit suivante. Dans le second passage, l’épouse du Cantique, vil, 14, fait cette invitation :

Sortons dans les champs

Nous verrons si la vigne bourgeonne,

Si les bourgeons se sont ouverts,

Si les grenadiers sont en fleur ;

Les mandragores font sentir leur odeur,

Et nous avons à nos portes les meilleurs fraits.

Quelques auteurs ont traduit dûda’im par violettes, d’autres par lis, jasmin, ou citron ou même bouquet de fleurs agréables, mais en général on rend ce mot par mandragore. C’est la traduction des anciennes versions : des Septante, (iavSpaY<Jpa ?, et ii, ï|Xa (jiovSpaYÔpau ; de la Vulgate, mandragora ; du Targum d’Onkelos et du sy-’riaque qui, traduisant par le mot jmna>, ydbrufyin, ]L* » 0*_^_t, yabrulfo’, entendent la mandragore (cf. Payne Smith, Thésaurus syriacus, in-f », Oxford, 1879, t. i, col. 1542-1543). Du reste en arabe le mot yabruh, _ « _*}, est certainement la mandragore : Ibn-El-Beïthar, Traité des simples, dans Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque nationale, t. xxvi, part. i, Paris, 1883, p. 419. On peut donc dire que l’unanimité des anciennes versions donne aux dûda’îm le sens de mandragore. C’est également la pensée de Josèphe, Ant. jud., i, xix, 8, de saint Jérôme, Liber hebraicarum quxst. in Gen., t. xxiii, col. 983, et de nombreux exégètes modernes. Cependant Celsius, Hierobotanicon, in-8°, Amsterdam, 1748, t. i, p. 7, critique eette kfenti-