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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/362

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MANUSCRITS BIBLIQUES


l’âge, il faut tenir compte de la qualité du parchemin, des abréviations plus ou moins nombreuses et fixer son attention sur quelques lettres typiques telles que F, H, L, M, . N, P, R, T. Les traits forcés, exagérés, superflus ou ajoutés en guise d’ornement, sont tous signes d’une ancienneté moindre, mais la question est délicate et demande beaucoup d’expérience. Cf. E. Châtelain, VncialU scripturæ codicum Latinor., l re partie, Paris, 1901 (nombreuses planches, parmi lesquelles se trouvent une quinzaine de reproductions de manuscrits bibliques, avec notices explicatives).

3° La semi-onciale fut employée concurremment avec l’onciale du ve au IXe siècle. Elle s’en distingue moins par l’aspect général que par la forme minuscule de certaines lettres b, d, e, iii, et surtout r et s. Ce furent les Irlandais qui l’employèrent le plus pour la transcription du Nouveau Testament et qui l’importèrent avec eux dans leurs migrations sur le continent à Luxeuil, à

qu’au xme. Le fameux Cavensis est espagnol par son texte et lombard par son style. On trouve de nombreux spécimens de cette écriture magnifiquement reproduits dans la Bibliotheca Casinensis, t. i, Mont-Cassin, 1883 ; t. v, en cours de publication. — L’écriture visigothique régna en Espagne du vme à la fin du XIe siècle. Ses chefs-d’œuvre : le Complutensis i, le Legionensis i et il, XMmilianeus, la Bible de Rosas, sont du IXe et du x » siècle ; le Toletanus appartient peut-être au vin ». Voir Ewald et Lœwe, Eccempla scriptural visigothicse, Heidelberg, 1883 (40 planches photographiques). — À côté de la demi-onciale dont il a été question ci-dessus, les Irlandais firent usage d’une minuscule pointue, angu" leuse, qu’on rencontre par exemple dans le Book of Dimma (vni « s.), dans le Book of Armagh (ixe s.) et dans les Évangiles de Lambeth ou de Macdurnan (ixe-xe s.). — Nous n’avons rien dit de l’écriture anglosaxonne, parce qu’elle manque d’originalité. Elle subit

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207. — Ecriture de Hartmot, abbé da Saint-Gall (872-883), d’après un manuscrit du British Muséum, addit. U95 ?.] Commencement de l’Epitre apocryphe aux Laodiciens. ICenyon, Fac-similés of Biblical Manuscripts, pi. xvi.

Wurzbourg, à Bobbio, à Saint-Gall (fig. 207), etc. Le Book of Kells est un modèle de demi-onciale ; les Évangiles de Lichfield ou de Saint-Chad et les Évangiles de Macregol en offrent aussi des spécimens remarquables. Il semble que les Irlandais n’ont jamais pratiqué l’onciale, car les Évangiles de saint Kilian à Wurzbourg, en belle onciale du vu 8 siècle, ne témoignent en rien d’une origine irlandaise. Voir E. Châtelain, Uncialis script., 2 « partie, Paris, 1902.

4. La minuscule et la cursive sont souvent confondues dans le langage. À proprement parler, la cursive, caractérisée par la liaison des lettres et la simplification de certains traits, a toujours existé à côté des autres genres d’écriture. Les inscriptions et les tablettes de Pompéi nous offrent des exemples de majuscule cursive. Tandis que l’onciale et la demi-onciale conservent une ceiv faine uniformité malgré la différence des pays où on’Ies emploie, la minuscule se divise en écritures nationales très nettement tranchées. On distingue surtout les quatre espèces suivantes : mérovingienne, lombarde, visigothique, irlandaise. Nous ne parlerons pas de l’écriture’mérovingienne, contournée, allongée, difficile à lire, parce qu’elle fut usitée principalement pour les chartes et diplômes et rarement pour la transcription de la Bible. — L’écriture lombarde (fig. 208) fut cultivée surtout dans les monastères de la Cava et du Mont-Cassin. Elle atteignit sa perfection du ix « au XIe siècle et dura jus dans le midi l’influence italienne et dans le nord l’influence irlandaise. Voir Westwood, Fac-similés… of Anglo-Saxon and Irish Manuscripts, Londres, 1868 ; Maunde Thompson, Palœography, dans Encyclopsedia Britannica, 9e édit., Edimbourg, 1885, t. xviii, p. 157160. — Dans les dernières années du vme siècle fut inauguré en France et principalement à Saint-Martin de Tours, dont Alcuin était abbé, un nouveau genre d’écriture dont l’élégance n’a d’égale que la simplicité et la netteté (fig. 209). L’écriture Caroline, comme on l’appelle du nom de Charlemagne, supplanta graduellement les écritures nationales dans les divers pays de l’Europe. Elle ne cessa pas d’évoluer jusqu’à devenir, après avoir subi une transformation complète, cette écriture gothique, serrée et compacte, remplie de liaisons et d’abréviations que nous présentent les manuscrits du xiii « siècle (fig. 208). À partir de cette époque les Bibles latines, reproduisant purement et simplement le texte parisien, n’ont plus beaucoup d’intérêt au point de vue critique. — Outre les ouvrages cités ci-dessus à propos des divers genres d’écriture latine, et ceux qui ont été signalés à la fin du paragraphe précédent, voir : Steffens, Entwickelung der lateinischen Schrift bis Karl den Grossen, Fribourg (Suisse), 1903 ; Wessely, Schrifttafeln zur alteren lateinischen Paléographie, Leipzig, 1898 ; Tangl, Schrifttafeln zur Erlernung der latein. P<fr lœogr., Berlin, 1897-1898.