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MARC (ÉVANGILE DE SAINT)


s’impose pas, car nous ne possédons pas tous les écrits de ces écrivains et tous n’ont pas eu l’occasion de citer tous les passages évangéliques. Toutefois le silence de Tertullien et de saint Cyprien dans leurs écrits sur le baptême s’explique plus difficilement. Mais à partir du ive siècle les témoignages favorables abondent. Les Actes de Pitate, xiv, 1, 2, Tischendorf, Evangelia apocrypha, Leipzig, 1876, p, 250, qui sont de cette époque, citent Marc., xvi, 15-18, et connaissent le ꝟ. 19. Le noyau primitif de ces Acta est antérieur à saint Justin, et quelques critiques pensent que la citation de Marc, xvi, 15-18, appartenait à ce noyau. Eusèbe de Césarée, qu’on présente souvent comme hostile à la finale canonique de Marc, la maintient cependant comme authentique dans ses Questions à Marinus, q. i, t. xxii, col. 937-940. Eusèbe, en effet, indique deux manières de concilier Marc, xvi, 9, avec Matth., xxviii, 1. La première consisterait à rejeter la section de Marc, qui ne se trouve pas dans tous les exemplaires (voir col. 725), et à supprimer ainsi audacieusement la difficulté. La seconde, qui lui paraît la plus vraie, maintient, avec les personnes fidèles et pieuses, la leçon de saint Marc qui se trouve ordinairement dans les exemplaires, et s’efforce de la concilier avec celle de saint Matthieu. Aussi Eusèbe propose-t-il une explication. On cite, il est vrai, une scholie qui est attribuée à Eusèbe dans quelques cursifs grecs, et qui affirme expressément que, « d’après Marc, Noire-Seigneur n’est pas apparu aux disciples après la résurrection. » Mais cette scholie, qui se présente dans les manuscrits sous trois formes différentes, n’est pas d’Eusèbe ; elle serait plutôt d’Ammonius, écrivain de la seconde moitié du Ve siècle, et elle aurait pour objet de signaler seulement’les différentes apparitions de Jésus ressuscité à ses apôtres ; or saint Marc ne rapporte aucune apparition aux apôtres immédiatement après la résurrection. Ainsi interprétée, la scholie ne dit rien contre l’authenticité de la finale de Marc. Sur la foi d’une autre scholie marginale des cursiꝟ. 1, 206 et 209, <sn a prétendu qu’Eusèbe n’avait pas divisé en sections la fin dé saint Marc, et on en a conclu qu’il n’admettait pas son authenticité. Que dit cette scholie anonyme et récente ? Elle affirme simplement que la section de saint JMarc placée en regard du ꝟ. 8 du chapitre xvi est la dernière à laquelle Eusèbe a assigné un canon. Or, sgoutet-on, dans beaucoup de manuscrits le sectionnement d’Eusèbe s’arrête à ce verset 8 avec le chiffre de 233, et ceux qui le poussent plus loin diffèrent et quant au nombre des sections (234 à 241) et quant aux canons dans lesquels ces sections supplémentaires sont distribuées. Des différences analogues dans le nombre total des sections existent pour les trois autres Évangiles, aussi bien dans les manuscrits grecs que dans les diverses versions des Évangiles. Voir t. ii, col. 2052. Quant aux chiffres des canons, ou bien ils sont omis complètement dans les manuscrits, ou bien ils sont inscrits d’une façon très irrégulière et variable. On ne peut donc conclure rien de positif des variantes que le sectionnement euséb’en présente pour les derniers versets de saint Marc. Si VAmiatihus (voir t. i, col. 480483) termine le sectionnement eusébien à Marc, xvi, 8, son témoignage est bien contrebalancé par celui de la version syriaque de Thomas d’Harquel, qui a été revue sur le grec et dont tous les manuscrits comptent invariablement 240 ou 241 sections en saint Marc. De l’état des sections eusébiennes dans les manuscrits, il n’est pas permis de conclure que primitivement ce sectionnement s’arrêtait à Marc, xvi, 8. Mais même ce fait admis, on ne pourrait en déduire qu’Eusèbe n’admettait pas l’authenticité des douze derniers versets du second Évangile. En effet, Eusèbe a arrêté le sectionnement de saint Matthieu à xxviii, 9, et il n’a pas distribué dans ses canons les sections 356-360 qui sont postérieures. Or on n’en a jamais conclu qu’il rejetait l’authenticité de

la finale de saint Matthieu. Il est donc légitime de penser que la 233° section eusébienne de saint Marc comprenait xvi, 8-20, ainsi que cela a lieu dans le Liber comitis, attribué à saint Jérôme, t. xxx, col. 508. Enfin, saint Épiphane († 403), Ancoratus, 59, t. ara, col. 105, et l’auteur des Dialogues, attribués à saint Césàire, qui sont plutôt du vu » siècle, Dialog., i, 39, t. xxxviii, col. 905, qui n’admettent que 233 sections eusébiennes en saint Marc, citent cependant Marc, xvi, 9-20. S. Épiphane, Hœr. xliv, 6 ; lxii, 6, t. xli, col. 829, 1057 ; pseudo-Césaire, Dial., iv, 193 t. xxxviii, col. 1177. En définitive, la pensée certaine d’Eusèbe est exprimée dans sa réponse à Marinus, dans laquelle il ne prend pas à son compte le rejet de la finale de Marc II l’attribue seulement à un critique audacieux, réel ou hypothétique, et il préfère conserver, en l’expliquant, la leçon de Marc qu’on oppose à saint Matthieu. Eusèbe atteste d’une façon ferme seulement que la finale de Marc n’existait pas de son temps dans tous les manuscrits et qu’elle manquait en particulier dans les exemplaires soignés. Voir col. 725.

Saint Jérôme, qui connaissait une seconde finale de saint Marc, Dial. cont. Pelag., 1. II, 15, t. xxiii, col. 550, cite le verset 9 de la finale canonique. Epist. cxx, ad Hedibiam, t. xxii, soi. 987-988 ; Comment, in Ev. S. Matth., t. xxvi, col. 214. Comme Eusèbe de Césarée, il a eu à résoudre les. contradictions apparentes de Matth., xxviii, 1, avec Marc, xvi, 9. Or il donne les mêmes solutions qu’Eusèbe, qu’il suit manifestement. Comme son devancier, il dit d’abord qu’on peut ne pas recevoir le témoignage de Marc, qui se lit dans de rares manuscrits. Mais il ajoute une seconde solution, pareille à celle d’Eusèbe. Epist., cxx, t. xxii, col. 987. Le témoignage de saint Jérôme n’est pas original ; il dépend de celui d’Eusèbe qu’il abrège et qu’il exagère même, en enlevant les correctifs de la première solution. Il n’est pas, du reste, expressément défavorable à la finale de Marc ; il répète seulement ce qu’Eusèbe avait dit de la question et il n’apporte pas un argument nouveau. La scholie de Victor d’Antioche, dont nous avons déjà parlé, dépend d’Eusèbe de la même manière que saint Jérôme. Cet écrivain analyse la réponse p Marinus et il donne les deux solutions. Bien plus, si la scholie est tout entière de lui, il atténue finalement la pensée d’Eusèbe, et comme il a trouvé les derniers versets de Marc dans la plupart des exemplaires soignés, il les accepte et les cite. Le témoignage, cité souvent sous le nom de saint Grégoire de Nysse ou d’Hésychius de Jérusalem, mais qui est plutôt de Sévère d’Antioche, est dans le même cas. Il résume les deux solutions d’Eusèbe, et il donne manifestement la préférence à la seconde, qui concilie la finale de Marc avec saint Matthieu, t. xlvi, col. 644-645. Un fragment d’Hésychius de Jérusalem († 605), q. lii, t. xciii, col. 1440, dit au sujet de l’apparition des anges au tombeau de Jésus : « Marc ayant raconté sommairement ce qui a rapport à un ange, arrête son discours. » On ne peut conclure de ces paroles que pour Hésychius l’Évangile de saint Marc finissait à xvi, 8, car des paroles qui suivent relatives au récit de saint Luc, il faudrait conclure que le troisième Évangile se terminait xxiv, 24. Hésychius, dans ce passage, ne parle donc que de la fin du récit de l’apparition angélique ; il ne parle pas de la fin de tout l’Évangile. En outre, Hésychius a une phrase qui est faite d’après Marc, xvi, 9, q. ii, ibid., col. 1433. On a prétendu que TùnôŒo-iç, placée en tête de l’Évangile de Marc dans Possin, Catena grsecorum Patrum in Evangelium secundum Marcum, 1673, p. 1, a dû être écrite par quelqu’un qui se servait d’un exemplaire dépourvu des versets 9-20 du c. xvi. Elle résume, en effet, en ces termes la fin du second Évangile : « Un ange descendant du ciel annonça la résurrection de Jésns aux saintes femmes et leur prescrivit de l’annoncer à