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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/412

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    1. MARIE##

MARIE, MÈRE DE DIEU

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Damascène, Di fid. orthod-, iv, 14, t. xcxiv, col. 1160 ; Fortunat, viii, 7, t. lxxxvhi, col. 282 ; l’auteur du Christus patiens, 63, 64, 70, jt. xxxviii, col. 142 ; l’auteur du Serm, . 194 inséré dans S. Augustin, t. xxxix, col. 2105 ; S. Thomas, Summ. theol., III a, q. xxxv, a. 6 ; Bossuet, Élév. sur les myst., XVI, 6, etc. Il ne convenait pas en effet, semble-t-il, que Marie fût soumise à la sentence portée contre Eve désobéissante et contre les autres femmes : « Tu enfanteras avec douleur. » Gen., iii, 16.

4° Marie vit donc les bergers adorer l’enfant Jésus et dut apprendre d’eux ce qu’ils avaient pu contempler et entendre en gardant leurs troupeaux. L’Évangéliste ne reproduit d’elle aucune parole ; il rapporte seulement que « Marie conservait toutes ces choses », les faits et les paroles, « les méditant dans son cœur. » Luc., ii, 19.

5° Le huitième jour, Marie assista à la circoncision du divin Enfant, auquel on donna le nom de Jésus, qui lui avait été révélé à elle d’abord, Luc, i, 31, et ensuite à Joseph. Matth, , i, 21. Cette cérémonie se faisait ordinairement à la maison ou à la synagogue. L’Évangile mentionne la circoncision de Jésus sans indication de lieu. Il est à croire que la sainte Famille n’était plus alors dans la grotte. Dès le matin de la naissance, les habitants de Bethléhem, avertis par les bergers des événements merveilleux de la nuit, Luc., ii, 18, avaient dû probablement la recueillir dans une maison de la ville.

u. la purification. — 1° La loi obligeait Marie à se présenter au Temple le quarantième jour après la naissance de l’Enfant, pour se purifier elle-même, Lev., xii, 2-8, et pour consacrer au Seigneur son premier-né. Exod., xiii, 2 ; Num., xviii, 15. La loi de purification ne Ja concernait nullement ; elle se comporta néanmoins comme toutes les autres mères, par humilité et pour obéir au dessein de la Providence qui voulait que rien ne parût alors au dehors de son éminente dignité. U fallait d’ailleurs qu’elle s’associât à la consécration officielle de Jésus, comme elle devait être associée plus tard à son immolation. Il est à noter que Marie et Joseph offrirent à la place de Jésus non un agneau, comme les riches, mais deux petits oiseaux, comme les pauvres. Ils étaient donc sans grandes ressources et devaient sans doute ménager, loin de leur séjour habituel, le peu dont ils disposaient. Cette pauvreté était très conforme aux volontés du Sauveur. II Cor., viii, 9.

— 2° Dans le Temple, le vieillard Simêon prit l’Enfant dans ses bras et bénit Dieu de son apparition. Joseph,

. qui passait pour le père de Jésus, et Marie étaient dans l’admiration en entendant le vieillard annoncer que le divin Entant venait pour éclairer les nations et glorifier Israël. Chaque révélation successive, celle de l’ange, celle d’Elisabeth, celle de Zacharie, celle de Siméon, apportait à Marie de nouvelles lumières sur sa destinée et celle de son Fils. Siméon s’adressa ensuite personnellement à Marie pour lui annoncer des événements qui ne devaient se produire qu’après la mort de Joseph et auxquels elle aurait à prendre une très large et très douloureuse part : « Celui-ci est établi pour la ruine pour la résurrection de beaucoup en Israël, et en signe auquel on contredira ; le glaive transpercera même ton âme. » Toutes ces choses arriveront « afin que soient révélées les pensées qui sont en beaucoup de cœurs ». Luc, ii, 22r35. La première douleur était venue.sk Marie de son fiancé Joseph, lorsque celui-ci, ignorant le mystère, avait hésité à la prendre pour épouse. La seconde lui vient maintenant de son Fils, à l’occasion duquel un jour le glaive transpercera son âme. Quand ? comment ? pour combien de temps ? dans quel but ? avec quelle utilité ? Elle l’ignore et cette incertitude même va lui causer désormais une peine de fous les instants.

— 3° Après la purification, Marie et Joseph retournèrent à Nazareth. Luc, ii, 39. Il est possible que saint Luc parle ainsi en passant complètement sous silence l’adoration des mages et la fuite en Egypte, déjà racontées

par saint Matthieu, ii, 1-23. Cf. S. Augustin, De cons. Evangeli&t., ii, 5, t. xxxiv, col. 1078. Toutefois, il semble unir si étroitement l’accomplissement des rites de la purification et le départ pour Nazareth, qu’une autre hypothèse devient fort plausible. À la suite des événements merveilleux dont il avait été témoin, Joseph se serait persuadé que l’Enfant, né à Bethléhem, devait être élevé dans cette ville. Il avait encore cette idée au retour d’Egypte. Matth., ii, 22. Après la purification, il serait donc parti directement pour Nazareth avec Marie pour tout disposer en vue d’un changement de séjour, puis il serait revenu à Bethléhem. Cf. Cornely, lntrod. spec. in N. T. libr., Paris, 1886, t. iii, p. 204.

m. l’adoration des mages et léséjovr en Egypte.

— 1° Le sainte Famille était établie à Bethléhem, dans une maison, quand les mages vinrent adorer l’Enfant. Matth., ii, 11. Celui-ci avait alors plus de quarante jours, car sa présentation n’eût pas été possible après l’arrivée des mages, et moins de deux ans. Matth., ii, 16. Les mages « trouvèrent l’Enfant avec Marie sa mère », paroles qui n’excluent pas la présence de saint Joseph, mais qui indiquent que Marie tenait la place principale et que les mages virent surtout Jésus entre ses bras. Les présents qu’offrirent ces étrangers furent sans doute pour la sainte Famille la ressource ménagée par la Providence en vue du voyage qui allait s’imposer. Voir Mages, col. 551.

2° Averti par l’ange des desseins homicides d’Hérode, Joseph prit l’Enfant et sa mère, et s’enfuit avec eux en Egypte. Plus de trois cents kilomètres séparent Bethléhem de la région habitable la plus voisine, sur les bords du Nil. C’était donc un voyage d’au moins une dizaine de jours à entreprendre. On ne sait en quel endroit la sainte Famille s’arrêta, ni combien de temps elle demeura en Egypte. Voir Jésus-Christ, t. iii, col. 1443. Elle y rencontra certainement de nombreux compatriotes. Les Juifs habitaient surtout le Delta, cf. Josèphe, Bell, jud., II, xviii, 8, et le nombre de ceux qui résidaient en Egypte atteignait un million, au dire de Philon, In Flaccum, 6, édit. Mangey, t. ii, p. 523. Ils avaient même à Léontopolis, dans le nome d’Héliopolis, un temple qui subsista de 160 avant J.-C à 73 ap. J.-C. Cf. Schûrer, Die Geschichle des jùdischen Volkes ira Zeit J. C, Leipzig, t. iii, 1898, p. 1925, 99. Marie et Joseph trouvèrent donc en ce pays des familles capables de leur assurer aide et protection dans une certaine mesure. Sur les traditions et les légendes coptes concernant le séjour en Egypte, voir Jullien, L’Egypte-, Lille, 1891, p. 241-251 ; Id., L’arbre de la Vierge à Matariéh, 4e édit., in-4°, Le Caire, 1904.

3° À la mort d’Hérode, l’ange ordonna à Joseph de retourner dans le pays d’Israël. Joseph pensa d’abord à s’établir en Judée ; mais, quand il apprit qu’Archélaûs régnait à la place de son père, il craignit qu’il en eût gardé la cruauté, et il remonta à Nazareth, en Galilée, qui était sous la domination d’Antipas, prince d’un caractère plus humain. Matth., ii, 13-23. En toutes ces circonstances, Mcrie se laissa guider par saint Joseph qui, en sa qualité de chef de la famille, recevait les communications divines, prenait les décisions commandées parles circonstances et pourvoyait à leur exécution.

IV. La vie a Nazareth. — I. la sainte famille. — La vie de Marie à Nazareth fut celle de toutes les femmes de son temps et de son pays. Joseph était charpentier ; il travaillait pour subvenir aux besoins de la mère et de l’Enfant. Marie donnait ses soins maternels à Jésus, qui grandissait, se fortifiait, se montrait plein de sagesse et de grâce. Luc, ii, 40. Chaque année, Marie et Joseph se rendaient à Jérusalem pour la fête de Pâque. Les hommes seuls avaient l’obligation de faire ce voyage, Exod., xxiii, 17, mais les femmes l’entreprenaient par piété, et Marie n’y manquait pas chaque année. Luc, ii, 41-42. Peut-être l’enfant Jésus était-il