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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/505

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MENNITH


cette ville. « Jephté, dit l’Écriture, passa ensuite chez les enfants d’Ammon pour les combattre, et le Seigneur les livra entre ses mains. Il les battit depuis Aroër jusqu’à Mennith (ve’ad bôâkd Minnifl et jusqu’à (véad) Abel-Keramtm [où étaient] vingt villes, et il en fit un grand carnage. » II Jud., xi, 33. La traduction de la Vulgate est un peu différente : « Il frappa aussi d’une très grande plaie, dit-elle, vingt villes depuis Aroër jusqu’à l’entrée de Minnith et jusqu’à Abel qui est plantée de vigne3. x La version des Septante : InâzaUv aytoùç… cv àptdfiâe ?xo<Ti 7tdXeiç, suppose qu’ils ont lu ou compris-i>y D>-rary3..n ; >. Ce sens du reste s’impose. — Les vingt villes dont il est ici parlé appartenaient-elles à l’ancien-territoire des Ammonites ou étaient-elles des localités prises sur la tribu de Gad et occupées par eux depuis qu’ils opprimaient les Israélites leurs voisins ? Elles appartenaient, ce semble, à la tribu de Gad. Aroër ici nommée est en effet, selon toute vraisemblance, l’Aroër de Gad, « en face de Rabba. » Cf. Jos., xiii, 25, et Aroër 2, t. i, col. 1224-1226. C’est la limite extrême, au nord et au nord-est de la région où étaient ces villes, puisque Jephté arrivait de cette direction, et c’est à l’opposé qu’il faut chercher Abel-Keramim et Mennith. Les vingt villes paraissent donc, ainsi qu’Aroër, avoir fait partie du territoire de Gad, avant d’être prises par les Ammonites. L’indication pourrait néanmoins signifier simplement « depuis la hauteur d’Aroër jusqu’à la hauteur d’Abel-Xeramim et de Mennith », bien que la première signification paraisse de beaucoup la plus probable. L’intention de Jephté n’était pas de conquérir le territoire des Ammonites, c’était de délivrer ses compatriotes de leur joug et de leur arracher le territoire des villes qu’ils prétendaient, à tort, être à eux. Cf. Jud., xr, 12-28. — Quoi qu’il en soit, l’expression « depuis Aroër jusqu’à l’entrée de Mennith, ’ad bô’âkd Minnip », laisse cette ville en dehors du territoire des vingt villes et par conséquent dans le territoire de Gad ou de Ruben non occupé par l’ennemi. Elle était évidemment voisine ou peu éloignée d’Abel-Keramim avec laquelle elle est nommée.

2° Identification. — Tristram a cru découvrir le nom de cette dernière localité dans celui de Kouroum (Hbân, porté par une vallée voisine de Dibân et de I’ouâdi Môdjeb ou l’Arnon. Le nom de Karém, « vigne, » pluriel Kouroum, se trouve attaché à trop d’endroits, pour être probant par lui-même ; il se trouve d’ailleurs ici beaucoup trop au sud pour correspondre à l’Abel-des-Vignes, située, suivant Eusèbe et saint Jérôme, au septième mille seulement (onze kilomètres environ) de Philadelphie ou’Amman. Onomasticon, p. 6, 9. — Conder a proposé de reconnaître Mennith, dans Miniéh, nom attaché à une ruine et à une fontaine situées à dix-sept kilomètres au sud-ouest de Médaba, dans les montagnes voisines du rivage oriental de la mer Morte et à sept kilomètres de ce lac. Armstrong, Wilson et Conder, Names and Places in the Old Testament, Londres, 1887, p. 126. Si cette identification était fondée, il en résulterait que les Ammonites avaient occupé non seulement une partie du territoire de Gad, mais encore le territoire de Ruben presque en entier, et Jephté aurait dû le reconquérir, ce qui ne paraît pas vraisemblable ; elle est d’ailleurs infirmée par l’assertion d’Eusèbe, indiquant le village de Maanith, à quatre milles (six kilomètres environ ) d’Esbus (Hésébon) sur la route de Philadelphie. — Jos. Schwarz croit Mennith identique à Mageth, ville de Galaad prise avec Casbon par Juda Machabée. I Mach., v, 36. Casbon ou Chasbon (Septante : Xaaëwv) est, pour le rabbin, identique à Hésébon et Mageth = Mennith doit être Mindja’, village situé à deux heures, vers l’est, de Uesbân. Tebuoth ha-Arez, nouvelle édit. Jérusalem, 1900, p. 268. Le village désigné est sans doute la petite ruine de Mendjâ que l’on trouve à dix kilomètres au sud-est de fjesbdn et à trois est-nord-est de Médaba.

La situation ne répond pas à celle de YOnomasticon et la transformation supposée par Schwarz de n en dj est peu probable. — La Manha à six kilomètres à l’est de Uesbàn, proposée par Kieperl, Neue Handkarle von Palâstina, Berlin, 1871, bien que plus voisine, se trouve encore en dehors de l’ancien chemin de Hésébon à Philadelphie ; la présence de ce nom en cet endroit est d’ailleurs contestable. — Parlant de Mennith : « Je n’ai pas trouvé trace de ce nom, dit Fr. de Saulcy, sur la route en question ; mais à la place assignée par Eusèbe, se trouve une localité ruinée, nommée Omm-el-Kénaféh. » Dictionnaire topographique abrégé de la Terre Sainte, Paris, 1877, p. 225.

L’endroit désigné par le savant explorateur est, sans aucun doute, la ruine appelée non Omm-el-Kénaféh, mais Omm-eUQanâfid, « la mère, » c’est-à-dire « l’endroit’peuplé de hérissons ». Cette ruine est située en effet sur l’ancienne voie romaine conduisant de Jfesbânk’Amman, à cinq kilomètres au nord de la première localité et à dix-huit kilomètres au sud-ouest de’Amman. La localité était bâtie sur le sommet d’une assez large colline, à la droite et au principe de l’ouâdi-Hesbân. À sept ou huit cents mètres au nord-est, près du chemin à droite, dans une position analogue, et dominant tout le plateau ondulé et spacieux recouvert d’une terre brune et fertile que traverse la route d’Amman et souvent occupé par des campements de Bédouins’Aduân ou des Béni-Sakher, leurs voisins, qui parcourent la contrée, est une autre petite ruine, comme sa voisine, manifestée par des monceaux informes de pierres grossièrement équarries et par des citernes ; elle est désignée du nom de Khirbet el-Beddih. Son nom n’est peut-être pas sans rapport avec Mennith. La lettre m des noms hébreux est souvent devenue b chez les Arabes : ainsi Jamnia est devenu Iabna et Tamnath, Tibna’. La finale h ( » ) reste t (i = C_>) devant une voyelle. Alors même qu’il n’existerait pas d’exemple du changement de n en d, le renseignement d’Eusèbe et de saint Jérôme témoignant de l’existence, au IVe siècle, d’un village du nom de Manith, considéré par eux comme identique avec l’antique Mennith, précisément à la distance à laquelle nous rencontrons Béddih, n’autorise-t-il pas à croire ce dernier dérivé de l’autre ? En toute hypothèse, Mennith doit se chercher en cette région. Elle devait être près de la limite commune de Gad et de Ruben et elle appartenait probablement à cette dernière tribu. Les Ammonites, pour excuser leur invasion du territoire d’Israël, prétextaient leur ancien titre de maîtres du pays. Ils le pouvaient pour la terre de Gad ; pour la terre de Ruben où se trouvait Hésébon elle avait appartenu à Moab, non à Ammon. Cf. Num., xxr, 26, 30. Si Jephté s’arrête à la limite de Mennith, n’est-ce pas parce que les Ammonites ne l’avaient pas occupée ni revendiquée ? La dernière localité reconquise par Jephté fut, ce semble, Abel-Keramim. Elle devait être aussi au nprd de Mennith et les sept milles de distance de Philadelphie à Abel-des-Vignes de V Onomasticon nous amènent non loin d’une ruine désignée du nom de Bél’at. Cette appellation n’aurait-elle pas quelque rapport avec l’Abel d’Eusèbe ? Si la relation n’est pas évidente, elle n’est pas impossible-Bel’af est du reste à trois kilomètres seulement au nord est de Béddih, à seize ou dix-sept cents mètres à l’orient de la voie ancienne de’Amman à Hesbdn et des Senaubar. Près de cette « forêt de pins », la voie passe par une gorge resserrée et une vallée étroite qui se prolonge jusqu’à Béddih : peut-être faut-il voir là l’entrée de Mennith où Jephté cessa ses exploits.

3° Mennith dansÉzéchiel. — D’après un grand nombre d’exëgètes modernes, Mennith est aussi nommée dans Ézéchiel, xxvii, 17. Le prophète, exaltant les avantages dont jouissait la ville dèTyr, montre les peuples devenus en quelque manière ses tributaires, en lui apportant les produits de leur pays. Parmi eux il en u mère les deux peuples de Juda et d’Israël. « La Judée et la terre d’Israël,