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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/672

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MORTE (MER)


fi’AsçaWTt ; ).f|J.vï|, Ant. jud., i, rx ; IV, v, 1 ; IX, x, i ; Bell, jud., i, xxxiii, 5 ; III, x, 7 ; IV, viii, 2 ; XiVvyj ^ àuçoeXtoç^poç. Anf. jud., XVII, vi, 5. Pour lui, comme pour le Talmud, elle est aussi t| SoSo^sti ; >i’|tvi), « le lac de Sodome. » Ant. jud., V, i, 22. — 7° Le nom de « trier Morte » semble avoir été mis en usage, chez les Grecs, OiXocuua vexpà, par Pausanias, v, 7, et Galien, iv, 19, et, chez les Latins, par Justin, xxxvi, 3, ou plutôt par Trogue Pompée, dont il résume l’ouvrage. Il est aussi employé par Eusèbe, Onomaslica sacra, Gœttingue, 1870, p. 290, et S. Jérôme, Comment, in Dan., xi, 45, t. xxv, col. 574. Il se rencontre dans une glose de la Vulgate, Jos., iii, 16, et est motivé par l’absence de tout être vivant dans les eaux du lac. — 8° Au XIIe siècle, le géographe arabe Edrisi, Géographie, traduction Jaubert, Paris, 1837, t. i, p. 338, la nomme « mer » ou « lac de Za’râ (Zoar ou Ségor) », et ajoute qu’elle s’appelait également « c mer de Sàdûm (Sodome) et de Ghâmura (Gomorrhe ) ». — 9° Enfin les Arabes lui donnent communément le nom de bahr el-Lûf, « mer de Lot, » patriarche, dont Mahomet a reproduit l’histoire dans le Coran, et dont le nom est resté pour eux comme inséparable de cette région maudite. Cf. Guy Le Strange, Palestine under the Moslems, Londres, 1890, p. 54, 64.

II. Description. — 1° Aspect général. — La mer Morte représente ordinairement à l’esprit l’image de la désolation, d’un « lieu d’horreur et de vaste solitude », Deut., xxxii, 10, où la nature, devenue l’instrument de la justice divine, a gardé l’ineffaçable empreinte de la malédiction. Tout contribue à donner cette idée : le nom même et les souvenirs qui se rattachent à ce petit coin de terre ; les crimes des hommes que les éléments du ciel, unis à ceux de la terre, punissent par la plus . effroyable catastrophe. Il est certain que, si l’on compare ce lac perdu dans un désert à ceux près desquels on va, en France, en Italie et en Suisse, chercher des rives enchanteresses, un air pur et la gaieté, on peut dire qu’il y a la différence de la mort à la vie. Deux murailles lie montagnes dénudées l’enferment à l’est et à l’ouest. Fig. 355. Nulle ville sur ses bords, aucun mouvement de bateaux sur ses flots (un bateau à voiles fait aujourd’hui un service assez régulier entre l’embouchure du Jourdain et le Kérak), nulle vie dans son sein ; on croyait même autrefois que les oiseaux du ciel ne pouvaient s’aventurer au-dessus de ce lac empoisonné sans être frappés de mort. C’est faux, mais il n’en est pas moins vrai qu’il y a là le silence du désert, presque un tombeau. Cependant la première impression n’est pas. toujours si triste. Il en est ainsi souvent pour les choses dont on s’est fait d’avance un idéal de beauté ou un type de laideur. La réalité apporte un correctif à l’idée préconçue. Cette nappe d’eau tranquille, dont la limpidité, sur les bords, vous tenterait d’en boire, brille au soleil comme un miroir de cristal. Les crêtes qui l’entourent se reflètent dans ses flots tantôt bleus, tantôt verts, et, sous ies rayons d’une lumière éblouissante et pure, les rochers prennent une variété de coloris, du rouge sombre à la blancheur éclatante, qui donne au tableau un aspect grandiose. L’aridité des montagnes et la teinte sévère des rochers nus sont adoucies çà et là par des bouquets de verdure, saules, tamaris, acacias, qui forment couronne autour des fontaines ou dans certains bas-fonds bien arrosés.

2° Situation ; forme ; bassin. — La mer Morte est le plus bas et le plus considérable des trois lacs qu’entretiennent les eaux du Jourdain. Elle occupe la partie la plus profonde de cette longue et extraordinaire vallée qui court depuis les pentes méridionales du grand Hermon, au nord, jusqu’au golfe d’Akabah, au sud, et qu’on appelle YArabah ou le Ghôr. Voir Arabah, t. i, col. 820. Par un phénomène unique sur la’surface du globe, son niveau est à 392 mètres au-dessous du niveau de la Méditerranée et de la mer Rouge. De

1 forme allongée, elle va directement du nord au sud,

; avec une légère inclinaison de la pointe septentrionale

i vers le nord-est. Voir fig. 356. Cette forme serait régulière, bien arrondie aux deux bouts, si le bassin n’était divisé dans sa longueur en deux parties inégales par une presqu’île que les Arabes ont appelée d’un nom pittoresque et juste el-Lisân, « la Langue. » C’est, en effet, une bande de terre qui se détache de la côte orientale et coupe le lac aux deux tiers, projetant à son extrémité deux pointes orientées du nord-est au sud-ouest, et formant avec la rive opposée un détroit large de 4 à 5 kilomètres. La portion septentrionale est longue de 45 kilomètres ; celle du sud constitue un petit bassin ovale, dont nous aurons à étudier la disposition particulière. Dans son ensemble, le laça une longueur de 75 kilomètres et sa plus grande largeur est de 16 kilomètres. Sa superficie peut être évaluée en moyenne à 920 kilomètres carrés. Deux chaînes de montagnes ou de collines le bornent à l’est et à l’ouest. D’un côté elles tombent à pic jusqu’à ses flots, qu’elles dominent de 1000 à 1200 mètres, profondément déchiquetées par d’étroites fissures, qui servent de passage à de nombreux torrents ; ce sont les monts de Moab. De l’autre, elles descendent en plan incliné, moins abruptes, mais plus arides, moins profondément coupées, mais fendillées aussi par les ouadis dont les eaux temporaires courent sur des lits de galets, à travers des ravins sauvages ; c’est le désert de Juda. Ses rives en zigzags longent le pied des falaises, ne laissant en certains endroits qu’un peu d’espace où l’on puisse cheminer. Au nord et au sud, il se termine par deux baies dont la grandeur varie suivant les saisons. Au nord-ouest, la montagne se rapproche du rivage, avec lequel elle fait un angle aigu. Le sol de la plaine est formé d’un lit de cailloux, qui s’élève rapidement, et qui est couvert de bois flottés, troncs d’arbres dépouillés de leur écorce, que le flot a poussés çà et là (fig. 357). Le bord de l’eau est marqué par une frange de roseaux qui se rétrécit et vient se terminer à un petit cap nommé Râs Feschkhah, dont les rochers abrupts plongent dans la mer, à une hauteur de 400 mètres environ. Au-dessous de ce cap, les roches s’éloignent à l’ouest, et la plaine côtière, « ’élargissant peu à peu, se rétrécit ensuite jusqu’au Râs Mersed, près duquel on rencontre l’oasis d’Aïn Ujidi, l’ancienne Engaddi. Voir Engaddi, t. ii, col. 1796. Au delà, une longue plaine, élevée de 30 à 90 mètres au-dessus de la mer, large de 2 à 5 kilomètres, court entre les collines stériles et le rivage découpé en plusieurs petites baies. À peu près en face de la pointe méridionale de la Lisân, les montagnes se rapprochent et ne laissent plus qu’un étroit sentier jusqu’au Djébél Vsdum. Le long de cette côte occidentale, on trouve un certain nombre de sources, les unes fraîches, les autres chaudes, plusieurs saumâtres ; d’autres sulfureuses, citons Aïn Feschkhah, Aïn el-Ghuéir, Aïn Terâbéh ; AïnDjidi. Les principaux torrents qui descendent à la mer sont, du nord au sud, Youadi en-Nâr ou torrent de Cédron, Youadi ed-Déradjéh, Youadi el-Aréidjéh, Youadi el-Khabera, Vouadi Suféisif, Youadi Nimréh, Youadi Hathrurah, Youadi Zuéirah. — La baie méridionale confine aux marais salins de la Sebkhah, dont nous parlons plus loin, et à travers laquelle les deux ouadis Djeib et Fiqréh amènent les eaux de l’Arabah et des plateaux voisins. Au delà des fourrés de roseaux qui bordent le lit de plusieurs ouadis, s’étendent, vers le sud-est, les plaines fertiles du Ghôr es-Safiyéh et du Ghôr el-Mezra’à. À partir de ce dernier point, les rochers du plateau de Moab tombent à pic dans la mer, et forment une énorme muraille ininterrompue, à travers laquelle quelques torrents se sont creusé un lit. Les plus importants, qui se déversent dans la mer sur cette rive orientale, sont, du sud au nord. Youadi eUHessi, l’oMadi Neméirah, Youadi Modjib, l’ancien Arnon (voir Arnon, t. i, col. 1020), Youadi Zerqa Ma’in, près duquel