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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/773

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1493

NAVARRO — NAVIGATION

1494

scholastico dissolvens, in-f°, Béziers, 1681. — Voir N.Antonio, Biblioth. Hispana nova, t. i, p. 530.

NAVÉ, orthographe du nom de Nun, père de Josué, dans un passage [de la Vulgate. Eccli., xlvi, 1. Cette orthographe est celle des Septante. Voir Nun.

NAVETTE (hébreu : ʾérég, de ʾârag, « tisser ; » Alexandrinus : δρομεύς, « coureur »), petite pièce de bois contenant le fil dont se sert le tisserand pour faire la trame de sa toile. Cette pièce de bois, de ferme allongée et pointue aux deux extrémités, a en son milieu une cavité dans laquelle se trouve logée une bobine dont le fil passe par un trou latéral. La navette, lancée de droite à gauche et de gauche à droite par le tisserand à travers les deux séries verticales des fils de la chaîne, entraîne avec elle le fil de là bobine qui forme ainsi la trame et ensuite est serré entre les fils de la chaîne soit par une pièce de bois plate, soit par un peigne. La forme de ce petit instrument lui a fait donner en français le nom de « navette » ou petit navire (fig. 402).

[Image à insérer] 402. — Navette.

D’après Rich, Dict. des antiq. rom., p. 23.

En latin, on l’appelle alveolus. Saint Jérôme, Epist. cxxx, 15, t. xxii, col. 1119, recommande à Démétriade d’avoir sans cesse la laine aux mains pour la tordre ou la mettre dans les alvéoles du tissage. On ne se servait pas toujours de navette pour lancer le fil ; parfois, on lui substituait une grande aiguille appelée radius ; primitivement, on se contentait de passer le fil de la trame à la main, comme le font encore les Bédouins du Sinaï. Cf. E. H. Palmer, The désert of the Exodus, t. i, p. 125-126 ; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. ii, p. 571. Dans l’épisode de Dalila tissant au métier les cheveux de Samson, Jud., xvi, 13, 14, il n’est pas question de navette. Job, vii, 6, se plaint que ses jours « passent plus rapides que la navette ». Celle-ci, en effet, habilement lancée par le tisserand, accomplit presque instantanément son trajet à travers les fils de la chaîne. Les versions n’ont pas saisi le sens du mot ʾérég, qui d’ailleurs ne se lit qu’une fois dans la Bible hébraïque. Les Septante le rendent (Alexandrinus) par δρομεύς, « coureur, » cf. Job, ix, 25, et Vaticanus par λαλία, « parole. » La Vulgate traduit : « Mes jours ont passé plus vite que la toile n’est coupée par le tisserand. »

NAVIGATION (grec : πλοός ; Vulgate : navigatio, Act, , xxi, 7 ; xxvii, 9, 10), art de voyager sur l’eau à l’aide de navires (fig. 403).

I. Dans l’Ancien Testament. —1° Les Israélites n’ont pas été destinés à devenir un peuple de navigateurs. Le pays de Chanaan, qui leur fut donné par le Seigneur, avait environ cent cinquante kilomètres de côtes, le long de la Méditerranée. Mais la presque totalité de ces côtes fut longtemps occupée par les Philistins et les Phéniciens, et d’ailleurs elles ne présentaient presque nulle part d’endroit propice à l’établissement d’un port. Aussi les allusions à la navigation sont-elles assez rares dans l’Ancien Testament. Jacob dit de Zabulon qu’il « habitera sur la côte des mers et près du séjour des navires », Gen., xlix, 13, mais la tribu ne fournit pas de navigateurs.

[Image à insérer] 403. — Bateaux sur les monuments assyriens. D’après les Portes de Balawat, pi. 15.

Balaam termine sa prophétie par ces mots : Ve-ṣim miyyad Kiṭṭîm, « et des vaisseaux de la région de Céthim » humilieront l’Assyrien, etc. Num., xxiv, 24. D’après la Vulgate, ces vaisseaux sont des trirèmes venant d’Italie ; mais Kiṭṭîm désigne ordinairement Chypre, voir t. ii, col. 466-470 et, d’une manière générale, les régions méditerranéennes. Les Septante traduisent autrement : « Il sortira (ἐλλεύεται) de la main des Citiens, » etc. Cette traduction suppose qu’il y avait dans le texte hébreu le verbe yâṣâʾ, « sortir, » au lieu du substantif ṣîm, « navires. » Les anciens manuscrits grecs et le Samaritain ont un verbe ; la version chaldaïque a un substantif : « des foules, » ainsi que le Syriaque : « des légions. » La mention de navires, dans ce passage, est donc fort problématique. Cf. Rosenmüller, In lib. Num., Leipzig, 1798, p. 310, 311 ; De Hummelauer, In Num., Paris, 1899, p. 307. Dans les malédictions du Deutéronome, xxviii, 68, il est dit que le Seigneur ramènera sur des navires les Israélites infidèles en Égypte, où ils ne trouveront pas d’acheteurs. Ces navires ne pouvaient être que ceux des Phéniciens, fournisseurs de denrées, d’objets manufacturés et d’esclaves sur les grands marchés de l’antiquité. Débora, dans son cantique, Jud., v, 17, reproche à Dan de s’être tenu sur ses navires, au lieu de prendre