Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/8

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

meut en possession de ce qu’il gagnerait. Voir Jacob, t. iii, col. 1063, et Brebis, t. i, col. 1917-1918. La manière ingénieuse dont Jacob traita dès lors les troupeaux de Laban fit peu à peu passer la richesse de son côté. Laban et ses fils s’en émurent ; Jacob donna à entendre qu’il y avait là un juste retour des choses et une marque de la faveur divine envers celui qui avait été traité avec si peu de loyauté. Puis, jugeant qu’il ne pouvait rester davantage chez Laban, auprès duquel il avait vécu quatorze ans pour obtenir ses épouses, puis six nouvelles années pour répondre au désir de son beau-père, il se disposa à retourner en Chanaan. Lia et Rachel approuvèrent sa résolution et lui dirent : « Y a-t-il encore pour nous une part et un héritage dans la maison de notre père ? Ne nous a-t-il pas traitées comme des étrangères, en nous vendant et ensuite en mangeant le prix que nous avions rapporté ? » Elles connaissaient par expérience la cupidité de leur père ; elles la constataient en remarquant qu’il avait tout reçu sans rien leur donner. Jacob profita du moment où Laban était allé tondre ses brebis, pour partir avec sa famille et ses troupeaux. Gen., xxx, 25-xxxi, 21.

Trois jours après, Laban, informé de ce départ, se mit à la poursuite de Jacob, qu’il atteignit au bout de sept jours, près de la montagne de Galaad. Il était doublement mécontent, et de ce départ inopiné, et de la disparition de ses teraphim, espèces d’idoles domestiques qui lui servaient d’amulettes. Voir Idole, t. lii, col. 822, et Théraphim. Rachel les lui avait emportées sans rien dire à personne. Laban attachait grand prix à la possession de ces objets, qui semblent avoir eu pour lui une signification plutôt superstitieuse qu’idolâtrique. Comme il était animé de sentiments assez malveillants à l’égard de Jacob et avait amené avec lui ses frères et leurs gens, Dieu se montra à lui en songe pour lui signifier de ne tenir à son gendre aucun propos désobligeant. Laban n’en manifesta pas moins son dépit, parla de son amour pour ses fils et ses filles et des fêtes par lesquelles il eût été heureux de les saluer au départ. Puis il ajouta : « Ma main est assez forte pour te maltraiter ; mais le Dieu de votre père m’a dit hier : Garde-toi

d’adresser à Jacob de dures paroles. » Cette expression, « le Dieu de votre père, » indique que, comme Jacob, Lia et Rachel servaient le Dieu d’Abraham. et d’isaac. Laban se mit ensuite à faire grand éclat à propos de ses théraphim ; Jacob, qui ne savait rien, lui dit de les chercher dans toutes les tentes et Rachel usa d’un subterfuge pour empêcher son père de les trouver dans la sienne. Voir Rachel. Jacob, que cette scène avait irrité, querella son beau-père au sujet de ses perquisitions, de sa poursuite hostile, de la manière dont il l’avait traité quand il était à son service. Laban fut réduit au silence. Pour tout conclure, il demanda à son gendre de faire alliance avec lui, afin que leur séparation fût amicale. « Que Jéhovah, dit-il, veille sur toi et sur moi… Que le Dieu d’Abraham, le Dieu de Nachor, le Dieu de leur père soit juge entre nous ! » Il faut conclure de ces formules que Laban était un adorateur du vrai Dieu, bien qu’à son culte il mêlât des pratiques superstitieuses. Jacob dressa une pierre comme monument de l’alliance contractée ; Laban fit apporter un monceau de pierres par ses frères, et sur elles on prit un repas en commun, On donna au monument le nom de Gal’êd, ou Galaad, « monceau témoin. » Voir Galaad, t. iii, col. 45. Un sacrifice fut ensuite oftert sûr la montagne, le serment d’alliance fut mis sous la sauvegarde du Dieu d’isaac, et, le lendemain matin, après avoir baisé et béni ses fils et ses filles, c’est-à-dire Jacob, ses femmes et leurs enfants, Laban reprit le chemin de son pays : Gen., xxxi, 22-55. — Laban paraît avoir été dominé par une cupidité excessive, qui le portait à ne tenir aucun compte de la parole donnée, quand son intérêt était en jeu. Il manqua odieusement à sa promesse envers Jacob, quand celui-ci l’eut servi fidèlement durant sept ans. Josèphe. Ant. jud., i, xix, 9, l’accuse même d’autres méfaits : « Voyant que Dieu l’aidait en ce qu’il entreprenait, il lui promettait de lui donner tantôt ce qui naîtrait de blanc, tantôt ce qui naîtrait de noir. Quand augmentaient les animaux qui devaient appartenir à Jacob, au lieu de tenir sa parole dans le présent, Laban promettait de les lui abandonner, l’année suivante ; jaloux de l’accroissement de ses biens, il promettait, quand il comptait que le produit serait médiocre, puis trompait, quand ce produit était sous ses yeux. » Il faut avouer que ces accusations ne font que détailler le reproche que Jacob adresse lui-même à son beau-père : « Dix fois tu as changé mon salaire, et si je n’eusse pas eu pour moi le Dieu de mon père, … actuellement tu m’aurais renvoyé les mains vides. » Gen., xxxi, 41, 42. La Sainte Écriture ne dit plus rien de Laban, à partir de sa dernière entrevue avec Jacob à Galaad.

2. LABAN (Septante : Λοϐόν), localité située sur la route que suivirent les Israélites en se rendant dans la Terre Promise. Deut., i, 1. L’écrivain sacré la nomme entre Tophel et Haséroth, « dans le désert, dans la plaine, vis-à-vis de la mer Rouge. » C’est probablement le campement qui est appelé Lebna dans les Nombres, xxxm, 20-21. Voir Lebna.

LABANA (hébreu : Libnâh ; Septante : Λεϐνά), ville de la tribu de Juda. Jos., xv, 42. La Vulgate l’appelle ordinairement Lebna. Voir Lebna 2.

LABANATH (hébreu : Libnât ; Septante : Λαϐανάθ), dans la tribu d’Aser. Jos., xix, 26. La Vulgate, à la suite des Septante, fait de Labanath une ville différente de Sihor, mais, d’après le texte hébreu, Sihor-Labanath n’était qu’une seule et même ville. Voir Sihor-Labanath.

LABORDE (Léon-Emmanuel-Simon-Joseph, comte de), érudit français, né à Paris le 12 juin 1807, mort à Beauregard (Eure) le 25 mars 1869. Après de sérieuses études à l’Université de Goettingue, il fit un voyage en Orient et parcourut l’Asie Mineure, la Syrie, l’Égypte et l’Arabie Pétrée. À son retour, il fut attaché d’ambassade ; mais en 1836 il renonça à la diplomatie pour se livrer entièrement aux études, et en 1842, il était élu membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Trois ans plus tard, il était nommé conservateur des Antiques au Musée du Louvre ; enfin, le 4 mars 1857, il devint directeur général des Archives. Le comte de Laborde a publié de nombreux ouvrages, mais nous n’avons à mentionner que les suivants : Voyage en Arabie Pétrée, in-fol., Paris, 1830-1833 ; Voyage en Orient, publié en fascicules, in-f », Paris, de 1837 à 1864 ; et surtout le Commentaire géographique sur l’Exode et les Nombres, in-f°, Paris, 1842. — Voir Revue des questions historiques, 1869, t. vii, p. 292 ; Polybillion, 1869, t. iii, p. 233 ; Annuaire Bulletin de la Société de l’histoire de France, 1869, t. vii, p. 117.

LABOURAGE (hébreu : ḥârîš ; Septante : ἀροτρίασις), travail qui consiste à ameublir le sol, à l’aide d’instruments (fig. 1), avant d’y jeter la semence. Les verbes qui désignent ce travail sont les suivantes : gûb, ḥâraš, pâṭaḥ, « ouvrir » la terre avec la charrue ; ἀροτριάω, arare. La terre qu’on laboure s’appelle yâgêb, Jer., xxxix, 10 (Vulgate, faussement, cisternæ) ; ἀρός, γεώργιον, I Cor., iii, 9, agricultura. Le labourage ne constitue que le travail préliminaire de la culture de la terre. Sur l’ensemble du travail agricole, voir Agriculture chez les Hébreux, avec les figures, t. i, col. 276-286. Sur les instruments employés pour le labourage, voir Charrue, avec les figures, t. iii, col. 602-605 ; Herse, t. iii, col. 655 ; Houe, t. iii, col. 766-767. — Le labourage était rigoureusement