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interdit le jour du sabbat. Exod., xxxiv, 21. — La Palestine était un pays fertile ; le labourage y était facile dans les grandes plaines, mais plus malaisé dans les régions montagneuses. On se servait, pour labourer, de bœufs, Jud., xiv, 18 ; Job, i, 14, et quelquefois d’ânes. Is., xxx, 24. Élisée labourait avec douze paires de bœufs et conduisait lui-même la douzième paire. III Reg., xix, 19. Le champ qu’il cultivait de la sorte et dans lequel il pouvait faire manœuvrer un pareil attelage, était situé à Abelméhula, dans la vallée du Jourdain, au sud-est de la tribu d’Issachar. Voir Abelméhula, t. i, col. 33, et carte d’Issachar, t. iii, col. 1008. Les grasses terres d’alluvions ne pouvaient être remuées que par une puissante charrue. Les terrains trop rocheux étaient rebelles au labour. Am., vi, 13. Certains animaux, comme l’aurochs, étaient trop sauvages et trop dangereux pour qu’il fût possible de les employer au labourage. Job, xxxix, 10. Voir Aurochs, t. i, col. 1260. La loi, qui défend souvent de mêler ensemble des choses différentes, interdisait de labourer avec un bœuf et un âne attelés ensemble. Deut., xxii, 10. Sur les motifs de cette prohibition, voir Âne, t. i, col. 572. Les Israélites peu aisés n’avaient souvent à leur disposition qu’un bœuf et un âne, et ils auraient été tentés de les atteler ensemble à la même charrue.



1. — Labourage en Égypte. D’après Wilkinson, Manners and Customs of the anc. Egyptians, 1878, t. ii, fig. 165, p. 391.

C’est ce que font aujourd’hui sans scrupule les laboureurs syriens. Voir t. ii, fig. 215, col. 605. — Dans les temps de grande et persistante sécheresse, le labourage devenait impossible et la famine en était la conséquence. Gen., xlv, 6. L’Ecclésiastique, vii, 16, recommande la culture de la terre : « Ne dédaigne pas les pénibles labeurs, et le travail des champs (γεωργία, rusticatio) institué par le Très-Haut. » Cf. Gen., ii, 15. — Les prophètes annoncent que Sion sera labourée comme un champ, Jer., xxvi, 18 ; Mich., iii, 12, et par là ils -veulent montrer combien sa ruine sera complète. — Au point de vue spirituel, l’âme du chrétien est une terre que Dieu laboure, γεώργιον agricultura. I Cor., iii, 9.


LABOUREUR (hébreu : ʾikhâr, yogbîm ; Septante : γεωργός, ἄγροιϰος ; Vulgate : arator, agricola), celui qui laboure la terre. — Voir Agriculture, t. i, fig. 45, col. 277 ; lig. 46, col. 283 ; sur ceux qui, d’une manière générale, s’adonnent aux travaux agricoles, voir Cultivateur, t. ii, col. 1158. — 1° Les laboureurs proprement dits sont des gens du peuple qui travaillent soit pour leur compte, soit pour le service d’un autre. Tels sont le paresseux qui ne veut pas labourer sous prétexte que le temps est mauvais, Prov., xx, 4, et l’esclave qui, après avoir labouré, a encore à servir son maître. Luc, xvii, 7. Les faux prophètes, convaincus de mensonge et menacés du châtiment, veulent se faire passer pour de simples laboureurs, des esclaves achetés pour cultiver la terre. Zach., xiii, 5. Il fallait qu’une calamité fût bien grande pour que les laboureurs eux-mêmes fussent appelés à prendre part à un deuil public. Am., v, 16. — Les grands propriétaires du sol avaient des laboureurs pour cultiver leurs terres. Samuel, en énumérant devant le peuple les charges qu’un roi fera peser sur lui, ne manque pas de dire qu’il prendra des fils du peuple pour labourer ses terres. I Reg., viii, 12. C’est ce qui se réalisa. L’historien sacré le signale à propos de David, I Par., xxvii, 26, et d’Ozias, II Par., xxvi, 10, qui avaient des laboureurs enrôlés pour la culture de leurs domaines. Quand les Chaldéens envahirent le royaume de Juda, ils détruisirent le laboureur et ses bœufs, Jer., li, 23, et furent ensuite obligés de laisser aux plus misérables du pays le soin de cultiver les champs et les vignes. IV Reg., xxv, 12 ; Jer., lii, 16. Les prophètes promirent qu’après la captivité les laboureurs reprendraient leurs travaux. Jer., xxxi, 24 ; Ezech., xxxvi, 9. À l’époque évangélique, on prenait à gage des cultivateurs, γεωργοί, agricolæ, pour les envoyer travailler dans les vignes et dans les champs. Matth., xxi, 33-41 ; Marc, xii, 1, 2. — 2° La Sainte Écriture fait encore quelques remarques sur la vie des laboureurs. Ils ne sont pas toute l’année à labourer, Is., xxviii, 24, mais ils ont soin de le faire au temps voulu s’ils veulent obtenir une récolte. II Tim., 11, 6. Leur travail accompli, ils attendent la pluie bienfaisante, Jacob., v, 7, et vivent dans l’espérance. I Cor., ix, 10. Ils sont consternés quand la pluie tarde à tomber, Jer., xiv, 1, ou quand les sauterelles s’abattent sur les moissons. Joël, i, 11. Pour marquer l’abondance extraordinaire des récoltes, Amos, ix, 13, dit que le laboureur talonnera le moissonneur. La moisson était habituellement terminée à la Pentecôte, vers la fin de mai ; les semailles se faisaient avant la première pluie qui tombait vers la fin d’octobre. Le labourage précédait les semailles de quelques semaines. Pour se heurter au laboureur, il fallait donc que le moissonneur eûtà prolonger son travail près de quatre mois plus longtemps que de coutume. Leprophète parle d’ailleurs ici d’une récolte figurative. Le laboureur n’a ni le temps ni le goût de s’occuper d’autre chose que de son œuvre agricole. « Celui qui mène la charrue et est fier de manier l’aiguillon, excite les bœufs de la pointe, s’occupe de leurs travaux et ne parle que des petits des taureaux. Il met tout son cœur à retourner les sillons et ne songe qu’à engraisser les vaches. » Eccli., xxxviii, 26, 27., 3° Dans le sens métaphorique, les laboureurs qui « labourent le dos » et y tracent de longs sillons sont les persécuteurs du juste. Ps. cxxix (cxxviii), 3,. Labourer l’iniquité ou le mal, Job, iv, 8 ; Ose., x, 3 (hébreu), c’est avoir une conduite impie qui donnera ensuite une récolte de péchés et de malheurs. Sur l’expression : « Juda labourera, Jacob hersera, » Ose., x, 11, voir Herse, t. iii, col. 655. Isaïe, lxi, 5, dit qu’après la venue du Messie les fils des étrangers seront les laboureurs et les vignerons d’Israël, c’est-à-dire que les peuples, autrefois ennemis et persécuteurs d’Israël, se feront les serviteurs de l’Église et travailleront dans un champ spirituel. Il est recommandé de venir à la sagesse comme le laboureur et le semeur, Eccli., vi, 19, par conséquent en se donnant de la peine pour la posséder et en obtenir les fruits. — Enfin, Notre-Seigneur dit qu’il est lui-