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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/812

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NÉHÉMIE


à l’œuvre d’Esdras. D’autre part, même si le nom d’Esdras devait disparaître de viii, 9, 13, il resterait en d’autres passages qui affirment l’activité commune des deux réformateurs. L’identité des noms des prêtres signataires de l’alliance s’explique parce que, dans la plupart des cas, ces noms représentent, non pas des individus, mais les classes sacerdotales qui étaient les mêmes sous Zorobabel et Néhétnie. Le peuple pouvait s’attrister à la lecture de la Loi qu’il n’avait pas observée aussi bien au temps de Néhémie qu’à celui de Zorobabel. Rien ne prouve que le jeûne, célébré au lendemain de la fête des Tabernacles, fut le jeûne commémoratif du meurtre de Godolias ; il fut plutôt observé comme préparation au renouvellement de l’alliance, dont le récit suit. La réforme des mariages mixtes n’avait pas été complète et Néhémie qui, durant la reconstruction des murs, en avait conslaté les graves inconvénients, fit prendre des mesures plus sévères. Les généreuses promesses, faites par les Juifs rapatriés lors de la restauration du culte, ne furent pas régulièrement tenues. La ferveur première diminua, et il n’est pas étonnant qu’il fut nécessaire d’assurer la régularité du service et du paiement des dîmes et des revenus sacerdotaux. Les événements des ch. viii-x se sont donc produits au temps de Néhémie et pas à l’époque de Zorobabel. A. van Hoonacker, Nouvelles études, p. 237-254.

M. Kosters, Het Herstel van Israël in het perzische tijdvak, Leyde, 1894, p. 76-87, reporte les mêmes événements au second gouvernement de Néhémie après ceux qui sont racontés, xiii, 4-31. Le critique hollandais transpose aussi les récits en plaçant celui du ch. vin après ceux des ch. ix et x. Ceux-ci décrivent l’organisation de la communauté juive et exposent ses préliminaires et ses conditions fondamentales. Or, selon M. Kosters, l’alliance soîennelle fondée sur la pratique exacte de la Loi, aurait été contractée entre les Juifs rapatriés et ceux qui n’étaient jamais allés en exil. Mais cette distinction n’est pas fondée, voir t. ii, col. 1940-1941, et les nobles du ꝟ. 30 sont les princes de Juda, les chefs des familles rapatriées, qui ont signé le pacte écrit et dont l’engagement a été ratifié par le reste du peuple. Les preuves de la postériorité des ch. ix, x et xiii, 4-31, ne sont pas plus péremptoires. Si les lévites sont chargés eux-mêmes de lever les dîmes, en dehors de Jérusalem, x, 38, il n’en résulte pas que cette constitution soit postérieure aux abus réprimés, xm, 10-14. Ces abus ne concernent pas le prélèvement des dîmes, mais leur partage. Les lévites n’ayant pas reçu leur part, nonobstant la levée régulière, se retirèrent dans leurs maisons et ne vinrent plus faire leur service à Jérusalem. Néhémie les convoqua dans la ville sainte et les rétablit dans leurs fonctions ; puis, il nomma une commission chargée de la juste répartition des dîmes. L’engagement de respecter le sabbat, x, 31, n’empêcha pas la violation constatée et réprimée, xiii, 15-22. Les Juifs avaient promis de ne pas acheter ce jour-là aux marchands étrangers, x, 31. Mais ces marchands continuèrent à offrir leurs marchandises, et des Juifs oublièrent leurs promesses. Néhémie, revenu de Suse, dut fermer les portes de Jérusalem à ces marchands et leur interdire de vendre, même en dehors de la ville, xiii, 15-22. De même, la fourniture du bois pour le Temple fut réglée une première fois, x, 34. Des négligences et des irrégularités s’étant produites, Néhémie dut, une seconde fois, établir une commission pour veiller à la fourniture du bois aux époques déterminées, xiii, 31. Quant aux mariages des Juifs avec les étrangers, Néhémie constate, à son premier retour, leur existence et leurs funestes conséquences. Il les fait interdire, x, 30. Mais la réforme, ne fut pas complète, ou bien les abus recommencèrent, et après son retour, Néhémie s’indigna de la violation de l’engagement pris antérieurement et sévit contre l’exemple

donné dans la famille du grand-prêtre, xiii, 23-28. La transposition du ch. vm à la suite des ch. rx et x n’est ni nécessaire ni démontrée. La succession des faits, telle qu’elle se présente dans le récit actuel, est naturelle, et le déplacement exige de prétendues altérations du texte ou se fonde sur des hypothèses gratuites. Voir A. van Hoonacker, op. cit., p. 204-237. Nous pouvons donc suivre la série des événements telle qu’elle est racontée. Cf. Fischer, Die chronologischen Fragen, y. 89-91.

Au septième mois, celui de tischri, d’une des années qui suivirent la reconstruction des murs, voir A. van Hoonacker, op. cit., p. 267-270, les Israélites, qui, après l’achèvement des murs, étaient rentrés dans leurs domiciles, se réunirent à Jérusalem. Le premier jour, le scribe Esdras lut solennellement la Loi. Néhémie consola le peuple que cette lecture faisait pleurer et le congédia en l’invitant à se réjouir en ce jour de fête, vin, 1-12. Le lendemain, Esdras lut ce qui concernait la fête des Tabernacles, qui fut célébrée très solennellement, vm, 13-18. Le 24e jour du même mois, eut lieu le jeûne préparatoire au renouvellement de l’alliance, alliance qui fut signée en première ligne par le gouverneur Néhémie, x, 1. Diverses dispositions furent prises relativement à la reconstitution religieuse de la communauté, x, 29-39. Le sort décida quels seraient ceux qui habiteraient Jérusalem, les habitants de la ville devant former la dixième partie de la population juive totale, xi, 1-19. La dédicace solennelle des murs, xii, 27-42, avec les réglementations faites le même jour, xii, 43-xiii, 3, eut lieu peut-être seulement après le choix des habitants de Jérusalem. Voir t. ii, col. 1930. Cf. Nikel, Die Wiederherstellung, etc., p. 196-218.

IIe gouvernement. — 1° Date. — Ayant atteint le terme de son gouvernement, après douze années de séjour et de réformes à Jérusalem, la 32e année du règne d’Artaxerxès I er (433), xiii, 6, Néhémie était retourné à Suse. Combien de temps reprit-il à la cour son office d’échanson et à quelle date revint-il une seconde fois à Jérusalem ? on ne peut le fixer avec certitude. L’expression hébraïque d>d’yyS peut désigner un long

espace de temps. M. A. van Hoonacker, Nouvelles études, p. 195, la porte à cinq ou six. ans. Comme Artaxerxès I er a régné 40 ans (464-424) et comme Néhémie obtint de lui un nouveau congé, xiii, 6, son séjour à Suse ne put se prolonger au delà de huit années.

2° Abus existant à Jérusalem. — À son retour, Néhémie constata le mal extrêmement grave qu’avait causé le grand-prêtre Eliasib par sa conduite à l’égard de Tobie. Pendant l’absence de Néhémie, il s’était allié à la famille de cet étranger, xiii, 4, et lui avait donné un appartement dans le parvis du Temple. Le gouverneur jeta hors du trésor, auquel le grand-prêtre était préposé, les meubles de la maison de Tobie. Il fit reporter au trésor tout ce qu’Eliasib en avait enlevé pour donner un logement à Tobie, xiii, 4-9. Les lévites, n’ayant pas reçu leur part des revenus sacrés, avaient quitté Jérusalem et étaient retournés chez eux. Néhémie reprocha fortement aux magistrats leur négligence à veiller au service régulier du Temple. Il convoqua les lévites à Jérusalem et leur fit reprendre leurs offices ordinaires. Il établit une commission d’hommes fidèles pour surveiller les greniers du Temple et les revenus qu’on y déposait. Il espérait recevoir du Seigneur la récompense de sa sollicitude pour la maison de son Dieu et les cérémonies saintes, xrn, 10-14. Des Juifs violaient le repos du sabbat et amenaient à Jérusalem ce jour-là des fruits qu’ils mettaient en vente. Néhémie leur interdit le commerce défendu. Les Tyriens apportaient aussi au marché ce jo, ur-là des poissons et d’autres denrées. Néhémie reprocha aux chefs de la ville cette profanation, qui avait attiré autrefois sur leurs pères la colère divine. Il fit fermer les portes