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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/813

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NÉHÉMIE — NËHÉMIE (LIVRE DE)


de Jérusalem dès le commencement du sabbat jusqu’à la fin de la journée et il y plaça des serviteurs de sa maison pour empêcher tout porteur de fardeau de pénétrer dans la ville. Une fois ou deux, les marchands restèrent hors des murs. Néhémie leur défendit de revenir, les menaçant de les punir s’ils revenaient encore. Ils ne reparurent plus. Les lévites furent chargés de garder les portes et de veiller à la sanctification du sabbat, et Néhémie demandait à Dieu de se souvenir de la mesure qu’il avait prise à cet effet, xiii, 15-22. Malgré les défenses précédentes, des Juifs épousaient encore des femmes d’Azot, d’Ammon et de Moab, et leurs enfants parlaient à moitié la langue d’Azot et ne savaient plus parler l’hébreu ou l’araméen. Néhémie les maudit, en battit quelques-uns, en fit raser d’autres et leur fit jurer devant Dieu de ne plus tolérer ces mariages mixtes, leur rappelant le mauvais exemple de Salomon qui avait violé la loi divine. Il chassa un petit-fils du grand-prêtre Eliasib, qui était le gendre de Sanaballat, xiii, 23-28. Il espérait recevoir de Dieu la récompense de son zèle pour la pureté de l’ordre sacerdotal et lévitique et pour le service du Temple, xiii, 29-31.

III. Autres renseignements de la tradition juive.

— En outre des faits précédents que Néhémie lui-même a racontés dans ses Mémoires, insérés dans le livre dit de Néhémie, voir Néhémie (Livre de), la tradition juive a gardé le souvenir du célèbre gouverneur et de quelques autres de ses actes. L’Ecclésiastique, xlix, 15 (13), célèbre la mémoire de celui qui « a relevé nos murs détruits, restauré nos ruines et rétabli les portes et les verrous » de Jérusalem, et d’après les Septante « a bâti nos maisons i>. On lui a même attribué plus tard la restauration du Temple et du sacrifice, II Mach., i, 18-36, en lui donnant la qualité de prêtre. On l’a sans doute confondu avec le personnage du même nom, qui a fait partie de la caravane de Zorobabel. I Esd., ii, 2. On lui a attribué des écrits et donné une part dans la formation du recueil des Livres Saints. Il avait établi une bibliothèque qui comprenait les livres sur les rois et les prophètes avec les livres de David et les lettres des rois perses sur les dons faits au Temple. II Mach., ii, 13. Voir Canon, t. ii, col. 139, et Esdras (Premier livre d’), ibid., col. 1942. L’historien juif Josèphe, Ant. jud., XI, v, 6-8, résume à sa façon les actes de Néhémie qu’il place sous le règne de Xerxès 1 er par une erreur manifeste et en contradiction avec le livre de Néhémie, et il ajoute que le célèbre restaurateur de Jérusalem mourut dans un âge avancé et comblé de gloire. On a attribué à Néhémie le Ps. cxxx (cxxxi).

Dans tous ses actes, Néhémie se montre à nous comme un Israélite rempli de piété et d’une fidélité inébranlable à son Dieu et à sa patrie malheureuse. A la cour royale, il n’oublia pas Jérusalem et les Juifs rapatriés, pas plus que Joseph chez Pharaon n’oubliait ses frères persécutés. Par ses prières et son habileté, il obtint du roi l’autorisation de rebâtir la ville du tombeau de ses pères. Prudent et intrépide, il surmonta tous les obstacles, évita les pièges qui lui étaient tendus et réussit dans toutes ses entreprises. Ses Mémoires nous révèlent son zèle pour la gloire de Dieu, pour la pureté et la régularité du culte, et sa filiale confiance dans la récompense du Seigneur pour qui il agissait et luttait. Sa principale mission fut de relever les murs de Jérusalem et de réparer les abus. Dans le domaine religieux, il s’unit au scribe Esdras et recourut à son concours pour la reconstitution de la communauté israélite. Cf. C. Holzhey, Die Bûcher Ezra und Nehemia, Munich, 1902, p. 33-45 ; P. Riessler, Ueber Nehemias und Esdras, dans la Biblische Zeitschrift, 1903, 1. 1, p. 232-245 ; 1904, t. ii, p. 15-27.

E. Mangenot.

3. NÉHÉMIE, fils d’Azboc, delà tribu de Juda. Il était chef de la moitié du district (pélék ; Vulgate : vicus) de Bethsur. Il vivait du temps de Néhémie et répara les murs de Jérusalem, au sud-est de la ville, depuis le voisinage de la piscine de Siloé dont Sellum, II Esd., m, 15, avait réparé les murs, et depuis les degrés qui descendaient de la cité de David jusqu’aux tombeaux de la famille de David et jusqu’à la piscine qui avait été construite & avec un travail considérable », ajoute la Vulgate, piscine dont la situation n’est pas connue avec certitude, et jusqu’à la maison des Forts. II Esd.. iii, 16. Voir Maison 3, col. 594.

4. NÉHÉMIE (LIVRE DE). Hébreu : Ne/.wniayâh ; Septante : Adyoi Neejjua uioù’A^aXta ouXeXxîa ; Vulgate : Liber Nehemiss gui et Esdrse secundus dicitur.

I. Contenu et analyse. — Le livre de Néhémie, qui pendant longtemps n’a pas été distinct du I er livre d’Esdras, dont il est la continuation, et qui en a été séparé à une époque inconnue et probablement par les chrétiens, voir t. ii, col. 1933-1934, raconte le retour de Néhémie à Jérusalem pour relever les murs de cette ville, ses efforts pour aboutir, malgré les obstacles suscités par les ennemis de Juda, à l’achèvement de cette restauration et au repeuplement de l’ancienne capitale du royaume de Juda, l’action combinée du gouverneur et du scribe Esdras pour les réformes religieuses et la reconstitution de la communauté israélite dans toute sa pureté, enfin le second gouvernement de l’échanson royal et la correction des abus, qui s’étaient introduits pendant son absence.

Ce livre qui, dans son état actuel, est une compilation de documents divers, ne se partage pas logiquement en sections distinctes. Si on tient compte de la forme littéraire et du contenu, on peut y établir le sectionnement suivant : I re section. Extrait des Mémoires de Néhémie qui parle à la première personne, l-vn. — Néhémie y raconte : 1° le retour de son frère Hanani à S use et les informations qu’il en reçut sur la situation actuelle de Jérusalem, i, 1-3, sa propre douleur, sa prière, i, 4-11, la manière habile par laquelle il attira sur lui l’attention du roi Artaxerxès I er, dont il était l’échanson, et obtint l’autorisation de relever les murs de Jérusalem avec les moyens de remplir sa mission, ii, 1-9 ; 2° son arrivée à Jérusalem, son enquête nocturne autour des murs de la ville, la manifestation de son dessein et sa réalisation malgré les railleries des adversaires de Juda, ii, 10-20 ; 3° la distribution des Juifs dans l’œuvre de la reconstruction des murs et la part que chaque famille releva, iii, 1-31 ; 4° les railleries des adversaires et la prière de Néhémie, leur conjuration armée et les préparatifs pour leur résister et éviter une surprise, iv, 1-23 ; 5° la répression des accaparements des riches qui prêtaient à usure aux pauvres, le désintéressement de Néhémie et sa générosité à l’égard du peuple, v, 1-19 ; 6° les pièges tendus au gouverneur, quand les travaux touchaient à leur terme, et le reproche de rébelliou contre le roi, la tentative de Séméias, complice des ennemis de Juda, et le complet achèvement des murs, nonobstant les oppositions suscitées à Jérusalem par une faction de Juifs alliés aux tribus voisines, yi, 1-19 ; 7° la garderies portes et le repeuplement de la ville, facilité par la découverte du recensement des familles rapatriées avec Zorobabel, vii, 1-73. — II’section. Continuation du récit, qui est fait dès lors à la troisième personne, viu-x. — 1° Assemblée du septième mois, durant laquelle Esdras lit la Loi au milieu des larmes du peuple, viii, 1-12 ; le lendemain, à la réunion pour l’interprétation de la loi, lecture des ordonnances qui concernent la fête des Tabernacles, viii, 13-15 ; 2° célébration de cette fête avec une solennité extraordinaire et continuation de la lecture de la Loi, viii, 16-18 ; 3° le 24e jour du même mois, jeûne préparatoire au renouvellement de l’alliance