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LÉCHI — LECTEUR

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    1. LÉCHI##

LÉCHI (hébreu : Lehi, à la pause : Léhî ; ordinairement avec l’article ; hal-Lehî, « joue, mâchoire ; » Septante : Aeyf, Eiôyeov ; Vulgate : Lechi, id est, maocilla), localité de la tribu de Juda, où Samson tua mille Philistins avec une mâchoire d’âne. Jud., xv, 15.

1° Nom et histoire de Léchi. — Les Septante et la Vulgate ont tantôt conservé le nom hébreu et tantôt l’ont traduit par mâchoire. Le texte, Jud., xv, 17, semble indiquer que ce lieu fut appelé Léchi ou Ramath-Léchi, en mémoire de l’exploit de Samson, qui avait dit : « Avec une mâchoire (bi-lehî) d’âne (ha-hâmôr), j’ai frappé une troupe [hâniôr), deux troupes (hâmôrâ(âïm) ; avec une mâchoire d’âne j’ai frappé mille hommes, » ou, selon une autre Iraduction de ce passage que le jeu de mots rend obscur : « Avec la mâchoire d’un [âne] roux, rougissant (les Philistins), je les ai rougis (couverts de leur sang). » Jud., xv, 16. Le texte ajoute, ꝟ. 17 : « Et quand il eut achevé de parler, il jeta de sa main la mâchoire (hal-lehî) et il appela* (ou on appela) ce lieu Ramath Léchi. » Au ꝟ. 9, le texte hébreu n’est pas aussi précis que la Vulgate. Celle-ci dit expressément que les Philistins campaient « au lieu qui fut appelé plus tard (postea) Léchi », mais l’original dit simplement : « Les Philistins campèrent en Juda et s’étendirent jusqu’à Léchi. » Un certain nombre d’exégètes supposent que cette localité s’appelait déjà Léchi, à cause d’une colline ou d’un rocher ayant la forme d’une mâchoire, Gesenius, Thésaurus, p. 752, mais ce n’est là qu’une hypothèse, et rien ne prouve que ce ne soit pas Samson qui ait le premier donné à ce lieu le nom de Ramath Léchi ou colline de la Mâchoire.

Dieu fit jaillir en cet endroit une source pour désaltérer Samson, ’En haq-gôrê’(Vulgate : « Fontaine de celui qui invoque, » t. ii, col. 2304). La Vulgate traduit ce passage : « Le Seigneur ouvrit une dent molaire de la mâchoire d’âne et il en sortit de l’eau… C’est pourquoi ce lieu a été appelé jusqu’aujourd’hui la Fontaine de celui qui invoque, [sortie] de la mâchoire. » Jud., xv, 19. Saint Jérôme a traduit par « dent molaire », le mot hébreu rnaktci, qui signifie « mortier » à piler et désigne dans Sophonie, i, 11 (Vulgate : Pilse), une localité voisine de Jérusalem. On s’accorde aujourd’hui universellement à traduire ainsi l’hébreu : « Dieu fendit le mortier (le rocher de ce nom, creux comme un mortier), qui est à Léchi et il en sortit de l’eau… C’est pourquoi on a appelé [cette fontaine], la Fontaine d’haq-qorê’; elle existe encore aujourd’hui à Léchi. » Le Targum de Jonathas expliquait déjà ainsi ce passage. De même Josèphe, Ant. jud., V, viii, 9 ; Calmet, Commentaire littéral, Jttges, 1720, p. 239-210 ; de Hummelauer, In lib. Judicum, 1888, p. 276. — Léchi est mentionné une seconde fois dans II Reg., xxiii, 11, selon une interprétation très probable. « Les Philistins s’étaient assemblés à Léchi (hébreu : Lahayyâh, à lire Lehî, avec le hé local ; Vulgate : in stations). Il y avait là une pièce de terre pleine de lentilles et le peuple fuyait devant les Philistins. Semma (un des braves de David) se plaça au milieu du champ, le protégea et frappa les Philistins. »

2° Site. — La situation de Léchi est incertaine. Saint Jérôme dit que sainte Paule, en allant en Egypte, passa de Sochoth à la fontaine de Samson. Epist., cviii, ad Eustoch., 14, t. xxii, col. 889. D’autres la placent à Éleuthéropolis (Beit-Djibrin), Reland, Palsestina, 1714, p. 872, ce qui est inacceptable, comme on va le voir plus loin. Victor Guérin croit avoir retrouvé Léchi dans le Khirbet Ain el-Lehi actuel, au sud-ouest de Jérusalem, un peu au-dessous, au sud, d’Aïn Kar*m (voir sa carte), sur les flancs d’une montagne cultivée par étages. Il y a là, dit-il, Judée, t. ii, p. 396-400, « une source abondante qui découle d’un petit canal antique dans un birket demi-circulaire ; de là, elle se répand dans des jardins plantés de vignes, de divers arbres fruitiers et de légumes. Plus haut, sont d’autres jardins, dont les murs

sont fermés avec des matériaux provenant de constructions antiques, et où l’on distingue encore, au milieu des arbres qui y sont cultivés, les débris d’un ancien village presque complètement rasé. Je remarque aussi plusieurs tombeaux antiques creusés dans le roc, dont les entrées sont obstruées… La source que les Livres Saints désignent sous le nom d’En hak-Korê… me parait être celle qui s’appelle aujourd’hui Aîn el-Lehi, et la montagne sur les flancs de laquelle se trouve le Kirbet Aîn el-Lehi est, à mes yeux, le Ramath Lehi du livre des Juges. Les noms sont identiques et, en outre, il semble résulter de ce même chapitre que cette localité n’était pas fort distante d’Étam. Or, Y Aîn el-Lehi n’est distant de YAïn Atan, regardée généralement comme étant située sur l’emplacement d’Étam, que d’un intervalle de deux heures de marche au plus. Je suis donc très disposé à reconnaître dans cette fontaine celle qu’a rendue célèbre l’histoire de Samson, au lieu de la chercher, conformément à une tradition assez ancienne, mais peu en harmonie avec les données de la Bible, dans YAïn Lehi es-Safer, dont j’ai retrouvé le canal près de Beit-Djibrin. Comment supposer, en effet, que les Philistins, voulant se saisir de Samson retiré dans la caverne d’Étam, aient établi leur camp à une distance si grande de l’ennemi qu’ils voulaient surprendre, et que les Juifs, après avoir lié Samson, l’aient traîné jusqu’aux portes de Beth-Gabra, plus tard Éleuthéropolis, actuellement Beit-Djibrin ? Six heures de marche au moins séparent ces deux points. D’ailleurs, si l’événement raconté par la Bible s’était passé près de Beit-Djibrin, c’est-à-dire sur le seuil seulement des montagnes de la Judée, l’écrivain sacré n’aurait pas dit que les Philistins étaient montés dans la terre de Juda, puisque Beth-Gabra devait faire partie de la Sêfêlah, c’est-à-dire de la grande plaine occupée par ce peuple, et non de la montagne de Juda. »

F. Vigouroux.

LECI (hébreu : Liqhi ; Septante : Aax£(j. ; Alexandrinus : Aaxeia), le troisième des fils de Sémida, de la tribu de Manassé. I Par., vii, 19. Voir Sémida.

    1. LECTEUR##

LECTEUR, celui qui faisait la lecture (àvâyvMaiî ; Vulgate : leclio) des passages de la Loi et des prophètes, dans les synagogues. — Aux réunions qui avaient lieu le jour du sabbat dans les synagogues, on commençait par la récitation du Sema’, Deut., VI, 4-9 ; xi, 13-21 ; Num., xv, 37-41, et de prières déterminées. Puis venait la lecture d’un passage de la Loi. Le Pentateuque avait été divisé en cent-cinquante quatre parSiyôt ou sections, de telle façon que la lecture complète en fût faite en trois années. Il n’y avait pas de lecteur attitré ; le chef de la synagogue désignait pour remplir cet office ceux qu’il en jugeait capables. Dans les synagogues palestiniennes, l’usage était d’appeler sept lecteurs consécutifs ; hors de Palestine, on se contentait habituellement d’un seul. Les sept lecteurs étaient appelés, autant que possible, dans l’ordre suivant : un prêtre, un lévite, un des principaux disciples des sages, un autre disciple des sages digne de cette fonction, un fils des précédents, un des principaux de la synagogue et enfin quelqu’un du peuple. Gittin, v, 8. Même un mineur pouvait faire la lecture. On lisait debout. Luc, iv, 16. Le premier et le dernier lecteur récitaient une formule de bénédiction au commencement et à la fin de la lecture. Le hazzân, ûrnipéTTjç, ou serviteur de la synagogue, Luc, iv, 20, tendait le rouleau au lecteur et le lui reprenait quand il avait fini. Il se tenait d’ailleurs auprès de lui pour veiller à ce que le texte fût lu correctement et à ce que l’on passât ce qui ne convenait pas à une lecture publique. Chaque lecteur devait lire au moins trois verseis, sans qu’il lui fût jamais permis de les débiter par cœur. Après ïa lecture de la Loi venait celle des prophètes, nebVîm, appellation qui comprenait Josué,