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LECTEUR — LECTIONNAIRES

’les Juges, les livres de Samuel et des Rois et les prophètes proprement dits. Ces livres étaient également divisés en sections ou haf tarât, c’est-à-dire « finales », parce que cette lecture terminait la réunion. Nos Bibles hébraïques indiquent ordinairement les parHyôf dans le texte du Pentateuque et les haf tarât à la fin du volume. Il n’était pas obligatoire de lire à la suite, chacun pouvant choisir son passage. Luc, iv, 17. Ces lectures de la Loi et des prophètes ne se faisaient qu’à la réunion principale du sabbat ; elles n’avaient pas lieu aux réunions de semaine ni à celle de l’après-midi du sabbat. Comme la langue originale des Livres Saints avait cessé d’être comprise, un interprète, mefûrgemân, traduisait l’hébreu enaraméen, verset par verset, quand il s’agissait de la Loi, et trois versets à la fois dans les prophètes, à moins que le sens fût complet dès le premier ou le second. On ignore si l’interprète était un fonctionnaire attitré de la synagogue, ou si la charge de traduire le texte était dévolue à tour de rôle à ceux qui en étaient capables. À l’époque évangélique, l’usage s’était introduit d’expliquer ensuite le passage qui venait d’être lu. Philon, De septenario, 6, atteste que, de son temps, quelque assistant de grande expérience, ni tùv È|XTOiporaT<ûv, encourageait de son mieux l’auditoire à rendre sa vie meilleure. Celui qui faisait cette exhortation s’asseyait. Luc., iv, 20. Cf. Megilia, iv, 1-6 ; Reland, Antiquitates sacras, Utrecht, 1741, p. 66-67 ; Iken, Antiquitates hebraicss, Brème, 1741, p. 300-302 ; Vigouroux, Le Nouveau Testament et les découv, archéol. mod., 2e édit., Paris, 1896, p. 156-158 ; Schiirer, Geschi-chte des jûdischen Volkes, Leipzig, t. ii, 1898, p. 454-457. — Un jour, Notre-Seigneur se présenta dans la synagogue de Nazareth et y fit la lecture de deux versets d’Isaïe, qu’il expliqua ensuite. Luc, iv, 16-22. Il devait procéder de manière analogue quand il entrait dans les synagogues pour y enseigner. Matth., iv, 23 ; Marc, i, 21 ; vi, ^ Luc, iv, 15 ; vi, 6 ; xiii, 10 ; Joa., VI, 60 ; xviii, 20. Il est possible qu’après avoir fait la , lecture du texte, il ait eu l’habitude de traduire lui-même l’hébreu en araméen, comme il eut sans doute celle de discuter sur le texte hébreu avec les docteurs. C’est du moins ce que peut donner à penser la réflexion des Juifs : « . Comment donc celui-ci sait-il les lettres, puisqu’il n’a pas appris ? » Joa., vii, 15. Les Apôtres font plusieurs fois allusion aux lectures qui avaient lieu dans les synagogues. Act., xiii, 27 ; xv, 21 ; II Cor., iii, 15.

— La fonction du lecteur s’est perpétuée dans l’Église. Elle y a même pris un caractère officiel et est devenue Je second des ordres mineurs. Le Pontifical romain, De ordinat. lectorum, indique la nature de la fonction : faire la lecture de ce qui doit servir de thème à la prédication, s’acquiî’sr de ce devoir d’une voix haute et distincte, de manière que les fidèles comprennent, et sans jamais altérer le sens des textes, enfin lire d’un lieu élevé, avec obligation pour le lecteur d’avoir une conduite digne de son office. Il était naturel que l’Église en adoptant les textes sacrés comme base de ses enseignements, eût, comme la synagogue, des ministres pour en faire la lecture publique. Seulement elle leur conféra une consécration spéciale, afin de pouvoir les employer aussi aux fonctions liturgiques qui accompagnent son enseignement dans l’assemblée des fidèles. — Au moyen âge, on croyait que Jésus-Christ avait exercé lui-même tous les ordres. On lit dans un manuscrit de Munich, 6330, s. viii-ix, fol. 49 b : « Quando Christus implevit VII gradus Ecclesiæ primus gradus lector quando aperit librum Isaise prophetse et dixit : Spiritus Dei super me. f> Luc, iv, 17. Cf. Weyman, Jésus-Christ et les ordres, dans la Revue d’hist. et de littérat. relig., Paris, 1899, p. 93.

H. Lesêtre.

LECTIONNAIRES. — I. Nom et espèces. — Les lectionnaires, lectionaria, sont des livres liturgiques, contenant les passages détachés de l’Écriture Sainte qui

sont lus dans les offices publics, notamment à la messe. Ces recueils ne reproduisent pas la Bible entière, mais seulement les âvafviisEic, « va-fvâxrjJiaTà, lectiones, leçons ecclésiastiques, désignées parfois sous les noms des anciennes sections bibliques : xspixoitat, TpïJt*aTa, xs<pi-Xata, segmenta. On nomme quelquefois àvaYvwo-tâpiov le livre rare des leçons extraites de l’Ancien Testament, de telle sorte que le nom générique de lectionnaire serait devenu le nom spécifique du recueil des sections liturgiques de l’Ancien Testament. Quant à celles du Nouveau Testament, elles ont été réunies en des volumes distincts, selon qu’elles appartiennent aux Évangiles ou bien aux Actes et aux Épîtres des Apôtres. Ces deux recueils sont diversement désignés par les Grecs et par les savants européens.

1 « Le recueil qui contient les leçons des Évangiles s’appelle strictement chez les Grecs EùayïAiov, ou’ExXo--fiSiov (parfois’ExXoyâStM) to3 £.vxfyeiov. On ignore à quelle époque ce nom a été donné* dans l’Église grecque au lectionnaire évangélique. La plus ancienne désignalion connue jusqu’aujourd’hui se trouve dans l’Évangcliaire grec 131, écrit en 980. On lit, en effet, dans la souscription : ’Eypâçri tô tî’jjuov xsî âfiov EùàYYéXiov. Celui qui a relié ou fait relier ce volume en 1049 a employé le même nom. L’évangéliaire 330, qui est de 1185, a un titre analogue : EûaYYeXtorov x-rjv OsiîiveuaTOv Pi’6Xov 7]Y 0U v to âytov EùaYYÉXtov. Ce nom distingue le iectionnaire évangélique du xexpævaYYÊXtov, ou manuscrit contenant le texte continu des quatre Évangiles. — -Les noms : Evangelarium ou Evangelislarium sont souvent employés par les savants européens pour désigner le lectionnaire évangélique. Le second de ces noms avait été usité avant Mill, à qui on en attribuait la paternité, par dom de Montfaucon et par Fell. Cependant, dans quelques lectionnaires grecs imprimés, EùaYY E ^ l<J xâpiov est le nom donné à la liste finale des jours et des leçons de chaque jour. Bien plus, dans les catalogues des bibliothèques et dans les ouvrages des savants, on trouve ces mots employés à tort pour désigner les manuscrits grecs, de telle sorte qu’on appelle Evangelistarium, Evangelarium ou Evangelium un Tctp « £u « y-Y ^Xiov, et un EùaYyéXiov est nommé faussement TetpæuaY-YÉXtov.

2° Les livres qui contiennent les passages liturgiques des Actes des Apôtres, des Épîtres catholiques et des Épîtres de saint Paul sont nommés par les Grecs’Aîio(rxoXoç ou Hpai-aTiéo-ToXoç. Le premier de ces noms est le plus répandu. La dénomination de Ilpai ; a7rôo-ToXo< ; sert le plus souvent à désigner les textes continus et forme pendant au TerpasuaYYsXtov. Les manuscrits de ces livres liturgiques sont moins nombreux que ceux des Évangiles ; ils se distinguent moins nettement des manuscrits à texte continu ; d’où il résulte que les dénominations sont employées indistinctement. — Dans l’Europe occidentale, on appelle fréquemment r’AuôirroXoç « Lectionnaire » par excellence et par opposition à l’Évangéliaire. Cette désignation est tout à fait étrangère aux usages grecs. Les Grecs ne connaissent pas non plus le nom d"Av « YV(oortxov ou de BtëXîov àirooroXixov pour désigner l’EOaYYÉXiov et 1°A7to<jtoXoç, réunis en Un seul volume, que nous appellerions un lectionnaire complet.

Ces livres liturgiques ne sont pas chez les Grecs les seuls qui contiennent soit des leçons ecclésiastiques soit des indications relatives à la lecture de la Bible dans les offices publics. Les livresde prière à l’usage des fidèles en contenaient plus ou moins. Ainsi Goar, Eùj<o-Xoyiov sive rituale Grœcorum, 2e édit., Venise, 1730, p. 711-724, indique les’Aicoo-roXoeuaYY £Ata de toute l’année, c’est-à-dire les Épîtres et les Évangiles du Ménologe et les EOayYEXta êo>61và àvao-râ<ji[jia. Vdir E. A. Marcelli, Ménolnge, Rome, 1788. De même les Menées ou offices des saints, les TpnôSia, les IUvTïjxôo-râpia, les IlapaxXiiuxi, en un mot, la plupart des livres lilur-