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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/906

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ŒUF — ŒUVRE


à propos des lampes qu’on doit allumer pour le sabbat, s’occupe même des coquilles d’œufs. On ne peut les utiliser pour faire une lampe, parce qu’elles flamberaient même sur un chandelier en argile ; on le peut toutefois si, au sommet du chandelier, le potier a ménagé une cavité dans laquelle l’huile se déversera. — Job, vi, 6, parlant de mets fades et sans sel, dit qu’on ne peut trouver de goût au jus de liallâmût. Dans le Targum, Terumoth, x, 12 ; Aboda zara, 40 a, le mot hébreu est identifié avec les mots rabbiniques fyélmôn ou hélbôn, « jaune d’œuf, » alors que le sens de « blanc d’œuf » répondrait mieux au mot rir, « salive, » qui précède frallâmûtL’albumine du blanc d’œuf ressemble en effet à la salive, quand elle est fouettée, et elle n’a pas de goût. Cf. Rosenmùller, Iobus, Leipzig, 1805, t. i, p. 192-194. Le syriaque rend le mot hébreu par hallamot, qui désignerait, d’après Fr. Delitzsch, Das Buch lob, Leipzig, 1876, p. 96, une sorte de pourpier du genre portulaca, et d’après Buhl, Gesenius’Handwôrterb., Leipzig, 1899, p. 255, une borraginée du genre anchusa, les plantes potagères sont charnues, laissent échapper une sorte de salive quand on les coupe et constituent une nourriture assez fade quand manque l’assaisonnement. Les autres versions ne traduisent pas le mot hébreu littéralement ; Septante : « paroles vaines ; » Vulgate : « ce qui apporte la mort, » dernière traduction qui suppose que hallàmût a été probablement lu hâlah mâvét, « amène la mort. »

2° Œufs des serpenls. — Isaïe, xxxiv, 15, annonce que, dans les palais d’Édom, le serpent fera son nid, pondra (millet) ses œufs et les fera éclore. C’est dire que ces palais seront assez ruinés et assez déserts pour que les serpents y trouvent un tranquille abri. — Le même prophète compare Israël prévaricateur à celui qui couve des œufs de basilic ; si on les mange, ils donnent la mort ; si on les écrase, il en sort une vipère. Is., lix, 4. Voir Basilic, t. i, col. 1495. Le basilic dont il est ici question est le sif’onî, grande vipère jaune très dangereuse, et le reptile qui sort de l’œuf est le’éféh, probablement la vipère de sable, aussi fort venimeuse. Voir Vipère. Les vipères portent ordinairement douze ou vingt-quatre œufs, qui sont couvés et éclosent dans le ventre même de la mère, d’où les vipéreaux sortent tout vivants, avec une taille de cinq ou six centimètres. Le texte d’Isaïe suppose donc que, du ventre d’une vipère tuée, quelqu’un a extrait des œufs pour les couver. Si l’on presse l’enveloppe membraneuse d’un de ces œufs, il en sort une vipère vivante et déjà suffisamment agile pour être dangereuse. Si l’on avale l’un de ces œufs, contenant et contenu, ce qui est possible, puisqu’il n’y a pas de coque solide comme pour les œufs des oiseaux, le vipéreau déjà formé peut mordre la paroi stomacale et causer la mort par son venin. S’il n’était pas encore formé, le contenu de l’œuf ne pourrait empoisonner par lui-même, puisque le venin du serpent est sans action sur les voies digestives et n’entre dans l’organisme que par une blessure. Le texte hébreu dit que celui qui mange de ces œufs mourra, ydmût. D’après les Septante, « celui qui va manger de leurs œufs, écrase un œuf stérile (otfptov, cf. Arislote, Générât, anim., iii, 2), et trouve dedans un basilic. » D’après saint Jérôme, In Is., xvi, 59, t. xxiv, col. 578, « s’il le presse avant de le manger, il n’y trouvera qu’abominable pourriture et puanteur. » Le prophète emploie la comparaison au sujet de celui qui « conçoit le mal et enfante le crime ». Is., lix, 4. Celui-là doit s’attendre aux conséquences de ses actes coupables. Cf. W. Carpenter, Script, histor. mit., iii, 2, dans le Script. Sacr. curs. complet, de Migne, Paris, 1857,

t. iii, col. 755.

H. Lesêtre.

ŒUVRE (hébreu : melâ’kdh, ma’âèéh, mifâl, po’al, pe’ulldh ; chaldcen : ma’bâd, ’âbîdd’) Septante : ïpyov’;

Vulgate : opus), produit de l’activité d’un être intelligent.

ï. Les œuvres de Dieu. — 1° Ce sont tout d’abord le ciel et la terre créés par lui. Gen., ii, 2, 3 ; Eccle., vii, 14 ; Ps. viii, 4, 7 ; Eccli, Xi, 4 ; xxxix, 21, 39, etc. Ces œuvres sont invitées à bénir Dieu à leur manière, Dan., m, 57, et le firmament publie la gloire du Créateur. Ps. xix (xviii), 2. L’œuvre de Dieu révèle son existence et ses perfections ; mais les insensés n’ont pas su le comprendre, Sap., xiii, 1, et les sages du paganisme s’y sont trompés par leur faute. Rom., i, 19-21. — 2° Dieu intervient dans le monde par d’autres œuvres extraordinaires, qui constituent des miracles et manifestent, dans des cas particuliers, la volonté et la protection divines. Deut., xi, 7 ; Jos., xxiv, 31 ; Jud., ii, 7 ; Ps. xlvi (xlv), 9 ; xcn (xci), 6 ; cv (civ), 1 ; Is., xxvi, 12, etc. Il est honorable de publier ces œuvres de Dieu. Tob., su, 7. Habacuc, iii, 7, demande à Dieu de faire revivre son ceuvre, c’est-à-dire son intervention miraculeuse, au milieu des temps. Voir Miracle, col. 1119. 3° Les œuvres du Christ sont sa prédication et ses miracles. Matth., xi, 2 ; Joa., vii, 3, 21 ; xv, 24. Le Sauveur fait profession de n’accomplir que les œuvres du Père, c’est-à-dire celles que le Père lui a commandées et pour l’accomplissement desquelles il lui assure son concours. Joa., iv, 34 ; v, 36 ; ix, 4 ; x, 25, 32 ; xiv, 10.

II, Les œuvres de l’homme. — 1° Œuvres matérielles.

— 1. L’homme est fait pour travailler et s’occuper de mille manières différentes au milieu de la création. Gen., ii, 15. Les « œuvres de ses mains » sont les actes divers qui résultent de son activité. Voir Main, col. 582. Il lui est prescrit de s’abstenir de toute œuvre le jour du sabbat. Exod., xx, 9, 10 ; Luc, xxiii, 3-36, etc. — 2. Il est spécialement question d’oeuvres d’art ou d’industrie, exécutées par l’homme. Telles sont les œuvres d’art destinées au service du Tabernacle, Exod., xxxv, 29, 35 ; xxxvi. 35 ; xxxviii, 10, 24, etc., et du Temple de Salomon. III Keg., VI, 25 ; vii, 14-51, etc. Quelques espèces d’œuvres sont nommément désignées : melà’kâh, ipyacnu. Qv, confectum, le travail de tout ouvrier, Lev., xiii, 48 ; voir Artisans, t. ï, col. 1045 ; mab.âs’dbâh, é’pyov, opus, toute espèce d’oeuvre d’art, Exod., xxxi, 4, etc. ; yesér, nofama, figmentum, toute espèce d’oeuvre, surtout l’œuvre obtenue par la fonte, Is., xxix, 16, etc. ; fna’âséh hdrâs, ïpyov téxtovo ; ou xe^vitou, opus artificis, l’œuvre du sculpteur ou du fondeur, Jer., x, 3, 9, etc. ; tnikbâr ou ma’âséh réséf, epyov Sixtuwtôv, opus in moduni retis, œuvre réticulée ou en forme de treillis, Exod., xxvii, 4, etc. ; ’ârubbâh, œuvre en forme de treillis, Ose., xiii, 3 ; sebâbâh, Sixtviwtôv, caneelli, œuvre en forme de grillage, IV Reg., i, 2 ; ma’âséh môrdd, ’é'pyov %a.iaê&oz(ù(, lora dependentia, œuvre pendante, festons, III Reg., vii, 29 ; niiqëdh, -^puo-OTopeuTô’v, productile, œuvre en torsade, Exod., xxv, 18, comme une chevelure frisée, migSéh, Is., iii, 24 ; gedîlïni, crcpeirtâ, funiculi, œuvre de même ; nature, Deut., xxii, 12 ; gratte ? , epyov àXuo-sS<oTôv, cohœrens, œuvre analogue, Exod., xxviii, 22 ; sa’âsu’im, epyov èv lùXwv, opus statuarium, œuvre de statuaire, II Par., iii, 10 ; r)p19eûeTo, « elle filait, » opus textrinum, œuvre de tissage. Tob., 11, 19, etc. — 2° Œuvres morales. — 1. Les bonnes œuvres sont les actions conformes à la volonté de Dieu. Matth., xxvi, 10 ; Marc, xiv, 6 ; Act., ix, 36 ; II Cor., ix, 8 ; Col., i, 10 ; I Tim., v, 10 ; vi 18 ; II Tim., iii, 17 ; Tit., ii, 7, 14 ; iii, 1 ; II Pet, , i, 10. Notre-Seigneur recommande que les bonnes œuvres de ses disciples puissent être vues par les hommes, pour la gloire du Père. Matth., v, 16. Ces œuvres sont nécessaires à la vie chrétienne, Jacob., i, 25 ; ii, 14-26, spécialement les œuvres de pénitence. Act., xxvi, 20. Il faut que ces œuvres soient pleines devant Dieu, c’est-à-dire animées par la charité. Apoc, iii, 2. Un homme puissant en œuvres et en paroles est celui qui exerce une grande action sur les autres par ses œuvres naturelles et surnaturelles et par