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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/910

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OIGNON


multipliées par le semis. Dans la race vulgairement appelée oignon d’Egypte ce sont au contraire des bulbilles qui se forment au sommet de la hampe à la place des graines, et qui en remplissent les fonctions.

II. Exégèse. — Les besâlim que les hébreux au désert regrettaient si vivement de ne plus trouver comme en Egypte (Num., xi, 5) et qui sont mentionnés entre les poireaux et l’ail, sont certainement des oigons (Allium Cepa). Le nom de cette plante qui en arabe, en syriaque, en éthiopien, , conserve les mêmes lettres radicales, les

466. — Allium Cepa.

traductions des Septante, de la Vulgate, des Targums, ne laissent pas de doute à cet égard. I. Lôw, Aramâïsche Pflanzennamen, in-8°, Leipzig, 1881, p. 74. Les Égyptiens modernes désignent encore Y Allium Cepa par le nom de basai ou bussul, qui rappelle les besâlîm hébreux (singulier bâsel).

LesÉgyptiens, don t les Hébreux regrettent les succulents oignons, ont cultivé cette plante potagère dès les temps les plus reculés. Hérodote, II, xxv, raconte même qu’on dépensa pour les ouvriers de la grande pyramide la somme fabuleuse de seize cents talents d’argent en radis, en oignons et en aulx..Mais ces chiffres qu’on montra à l’historien grec dans une inscription des pyramides sont probablement, selon M. Maspero, Nouveau fragment d’un commentaire sur le livre Il d’Hé rodote, .dans Y Annuaire de la société pour l’encouragement des études grecques en France, 1875, p. 16, « les chiffres des milliers qui dans beaucoup de proscynèmes, servent à marquer les quantités de choses diverses présentées à un dieu pour qu’il les transmette au mort. » Cf. G. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient, t. i, p. 380, note 1. La représentation de ce légume est très fréquente dans les monuments. Ici, à Beni-Hassan, nousassistons à la récolte des oignons : un jardinier les arrache et les lie en bottes. Voir t. iii, fig. 181, col. 927. Là sur un basrelief de Saqqarah, c’est une marchande qui se rend à la ville, une corbeille de légumes sur la tête, et trois bottes d’oignons sur l'épaule. Fr. Wônig, Die Pflanzen in alten Aegypten, in-8°, Leipzig, 1886, p. 196. Ailleurs, Leipsius, Denkmâler, Abth. ii, Bl. 96, une des scènes d’un marché égyptien, représente un fellah exposant des oignons et du blé dans un panier, et en face deux pratiques apportant en échange l’un deux colliers de verroterie, l’autre un éventail. Cf. fig. 512, t. ii, col. 1556, au registre d’en bas à droite. On peut voir au Musée Guimet reproduit d’après une peinture des tombeaux un marchand d’oignons et de concombres attaqué par

467. — Prêtre égyptien offrant des oignons. Thèbes. D’après Wilkinson, Manners and customs, 2e édit., t. i, flg. 9.

un singe. Mais le plus fréquemment ce qu’on trouve dans les tombeaux ce sont des tables d’offrande, chargées d’oignons, souvent attachés en botte. Comme les Égyptiens estimaient beaucoup cet aliment, ils ne pouvaient manquer de l’offrir habituellement à leurs défunts. Pour les offrir aux dieux on les disposait en bottes ayant la forme de couronne ou de bonnet, Wilkinson, The Manners and Customs, 1. 1, p. 181, t. il ; p. 515 (flg. 467). Au Louvre, parmi les végétaux antiques du Musée Égyptien, se trouve un carton renfermant une centaine d’oignons (allium cepa) torréfiés, comme on le faisait pour les offrandes d’orge et de blé, V. Loret et J. Poisson, Études de botanique égyptienne, dans le Recueil de travaux relatifs à la philologie et archéol. égypt., t. xvii, 1895, p. 184. Du reste on les rencontre souvent bien conservés dans les tombeaux. Rien de plus doux, de plus savoureux que les oignons d’Egypte qu’on mangeait crus ou cuits. Wilkinson, t. ii, p. 26, Dans ces pays chauds ils étaient un excellent excitant de l’appétit et souvent la nourriture habituelle. Il semblerait que le nom d’une plante si commune devrait avoir été reconnu avec certitude dans les textes : on est cependant encore réduit à des conjectures. Comme le signe égyptien qui représente un

oignon I se prononce houdjî on en a conclu que ce

devait être le nom de la plante. Ce pourrait être cependant un nom générique signifiant bulbe et s’appliquant