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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/940

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ONYX


quelque manière l’odeur du castoréum. » Cf. Pline, H. N., xxxii, 10. Le casloréum est une substance sécrétée par le castor ; d’une odeur pénétrante, elle est employée en médecine comme antispasmodique. L’onyx est fourni par l’opercule d’un mollusque gastéropode de l’ordre des pectinibrancb.es et du genre Strombus (fig. 485). Cet opercule est appelé SvuJ à cause de sa ressemblance avec un ongle. La Ghemara, Kerithoth, ꝟ. 6 a, le nomme également siforén, « ongle. » De cet opercule on tire un parfum qui dégage une odeur forte et pénétrante quand on le brûle. On l’utilise encore en Orient pour la composition de plusieurs espèce s d’encens. Il y a différentes espèces de Strombus. Le mollusque atteint parfois des dimensions considérables, qui peuvent aller jusqu’à m 30 ; aussi le coquillage devient-il alors un objet d’ornement. Dioscoride suppose que l’onyx peut se trouver sur des coquillages d’eau douce ; mais on ne sait ce qu’il veut dire quand il parle de marais produisant le nard, dont le parfum se communique aux coquillages. Aujourd’hui, plusieurs espèces de Strombus se rencontrent dans la Méditerranée ; mais la mer Rouge sert d’habitat au plus grand nombre, et c’est à ces dernières qu’on emprunte l’onyx. Les Arabes appellent l’onyx dofr-el-afnt, « ongle du diable, » comme en allemand Teufelsklaue, et les Abyssins doofu. On lui donne les noms d’ostracium, unguis odoralus, et, en médecine, blatta byzantina. Bochart, Hierozoicon, Leipzig, t. iii, 1796, p. 797, a pensé que les Septante pouvaient entendre par ô’vuij le bdellium, auquel Dioscoride, î, 80, trouve quelque ressemblance avec l’onyx, et que Pline, H. N., xii, 19, gratifie d’ongles blancs. Voir Bdellium, 1. 1, col. 1527. Mais le bdellium ne paraît pas avoir été utilisé par les anciens pour la composition des parfums, et l’identification du sehêléf avec l’onyx est trop appuyée par la tradition des anciennes versions et par ce qu’on connaît des usages de l’antiquité pour qu’on puisse l’abandonner. Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 1388 ; Tristram, The natural History of the Bible, Londres, 1889, p. 297 ; Wood, Bible animais,

Londres, 1884, p. 590.

H. Lesêtre.

2. ONYX (hébreu : Sôham, traduit diversement par les Septante et la Vulgate), variété d’agate à plusieurs teintes. — L’onyx (fig. 486) est une agate composée de plusieurs couches plus ou moins épaisses et de diffé 486. — L’onyx.

rentes couleurs, disposées par bandes régulières et circulaires. Cette pierre diffère de l’agate rubanée en ce que les bandes, an lieu d’être droites et parallèles, sont curvilignes et concentriques. Le prix en varie suivant la dureté, la finesse du grain et la vivacité des couleurs, en même temps que d’après le volume. Cette pierre précieuse (qu’il ne faut pas confondre avec l’albâtre onyx qui est un calcaire et non une agate) a, dit Pline, H.N., xxxvii, 24, une partie blanche dont la couleur rappelle l’ongle, d’où son nom ôvjÇ. L’onyx, d’après Théophraste, est mélangé alternativement de blanc et de brun. Les anciens tiraient cette pierre de l’Arabie, de l’Egypte, de l’Inde. Sa pesanteur spécifique est 2, 376.

Le Sôham est une pierre qu’on trouve dans la terre d’Havilath, Gen., ii, 12 ; pierre très précieuse, Job, xxvin, 16 ; qui est mentionnée parmi les offrandes des Israélites pour le temple, Exod., xxv, 7 ; xxxv, 9, 27 ; qui faisait partie des trésors accumulés parle roi David pour aider à la construction de la maison deDieu, IPar., xxiX, 2 ; qui sertie dans un chaton d’or servait à retenir les épau-. Hères de l’Ephod, Exod., xxviii, 9 ; xxxix, 6 ; qui était du nombre des 12 pierres du Pectoral, la 2 « du quatrième rang, Exod., xxviii, 20 ; xxxix, 13 ; et dont le roi de Tyr rehaussait l’éclat de ses vêtements. Ezecb., xxviii, 13.

Quelle est cette pierre de sôham ? Les différentes versions du texte sacré, au lieu d’aider dans cette recherche, ne font que rendre l’identification plus difficile à cause de la variété de leurs traductions. Il est juste cependant, pour procéder plus sûrement, de prendre d’abord les textes où la pierre sôham se présente isolément. Car dans les énumérations, comme dans celle des pierres du pectoral, Exod., xxviii, 20 ; xxxix, 13, ou les pierres précieuses du roi de Tyr, Ezech., xxviii, 19, les manuscrits sur lesquels les traducteurs ont fait leur version, ont pu n’avoir pas toujours ces pierres rangées dans le même ordre ; et de même les manuscrits de la traduction ont pu souffrir des copistes quelque déplacement dans les noms. La Vulgate traduit par lapis onychinùs, sauf dans Job, xxviii, 16, où on lit lapis sardonychus. Les Septante ont la plus grande inconstance, traduisant différemment suivant les livres, et suivant même les versets à très peu d’intervalle et dans le même contexte. Ainsi on a Xc’Ooç itpâcnvoî dans Gen., ii, 12 ; (râpSio ; dans Exod., xxv, 7, etxxxv, 9, et crixâpaySo ; dans Exod., xxviii, 9 ; xxxv, 27 ; xxxix, 6 ; aoâp., qui n’est que la transcription du mot hébreu, dans I Par., xxix, 2, et ô’vu ? dans Job, xxviii, 16. Les autres traducteurs grecs n’ont pas cette diversité : Aquila traduit par aap56vuÇ ; Symmaqueét Théodotien parô’vui ; . La paraphrase d’Onkelos tient pour bûrlà, le syriaque pour bêrûlô’: ce qui évidemment rappelle le mot grec pqpOMtov, le béryl.

Si nous considérons maintenant les énumérations de pierres précieuses, comme dans la description du rational, Exod., xxviii, 17-20 ; xxxix, 10-13, nous remarquons en comparant le texte hébraïque, les Septante, la Vulgate et l’historien Josèphe, Ant. jud., III, vi, 5 ; Bell, jud., V, v, 7, que les pierres ne sont pas toutes disposées dans le même ordre (voir Rational) ; il ne faut donc pas s’en tenir rigoureusement au rang qu’occupe une pierre en hébreu pour avoir sa traduction au même rang dans les LXX et la Vulgate : ce qui donnerait des résultats invraisemblables, comme par exemple le 12e nom des Septante àvû/iov traduisant nstf’, yasféh de

l’hébreu.’Ia<r7ciç, qui est évidemment la traduction de yasféh, occupe la 6* place : ce qui suppose que le traducteur devait lire yasféh à cette place ou que l’ordre des noms de sa version a été renversé par les copistes. La même chose a pu se produire entre la IIe et la 12e plæe, qui seraient peut-être interverties, en sorte qu’au lieu de regarder (5r)pijX).iov comme la traduction de sôham, et ôvux tov ce "e de yahâlônï, ce dernier mot grec, c’est-à-dire l’onyx, serait en réalité la traduction de sôham. Si l’on compare le texte hébraïque d’Ezéchiel, xxviii, 10-13, avec le même passage dans les Septante, qui reproduisent l’énumération des pierres du Rational, on constate que probablement ce texte hébreu est défectueux et qu’il ne reste plus que 9 pierres sur les 12 qu’on devrait y trouver ; mais la disposition du texte permet de reconnaître peut-être dans Sr.p’jXXtov, et plus probablement dans ov-j^iov, la traduction du mot sôham, et non pas certainement dans’adtTcçsipoç, comme le disent beaucoup d’auteurs qui ne tiennent compte que de la place matérielle qu’occupent les mots hébreux et grecs.