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PECTORAL

du premier roi de la XVIIIe dynastie, antérieur à Moïse, est ainsi décrit par Mariette, Notice des monuments du musée de Boulaq, p. 263-264 : « La forme générale du monument est celle d’un petit naos… Au centre, Amosis est représenté debout sur une barque. Deux divinités, Ammon et Phré, lui versent sur la tête l’eau de purification. Deux éperviers planent au-dessus de la scène, comme des symboles du soleil vivifiant. Le travail de ce monument est tout à fait hors ligne. Le fond des figures est découpé à jour ; les figures elles-mêmes sont dessinées par des cloisons d’or dans lesquelles on a introduit des plaquettes de pierres dures : cornalines, turquoises, lapis, pâte imitant le feldspath vert. Ainsi disposée, cette sorte de mosaïque, où chaque couleur est séparée de celle qui l’avoisine par un brillant filet d’or, donne un ensemble aussi harmonieux que riche. » Cf. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. ii, p. 513 ; Les Livres Saints et la critique rationaliste, 5e édit., t. iii, p. 123.


8. — Grand trésorier égyptien portant le pectoral. Statue du Musée égyptien du Louvre.

Dieu voulut que le grand-prêtre de son peuple portât un ornement analogue à celui qui distinguait les grands personnages égyptiens. Les versions grecques l’appellent, Septante : λογεῖον, sans doute de λόγoς, « parole, » et περιστήθιον, « ce qui entoure la poitrine ; » Josèphe, Ant. jud., III, vii, 5, et les autres versions grecques : λόγιον, « oracle ; » Symmaque : δόχιον, « réceptacle. » Ces noms sont justifiés par la destination même du pectoral qui, placé sur la poitrine du grand-prêtre, renfermait l’Urim et le Thummim, au moyen duquel Dieu faisait connaître ses oracles. Le mot rationale, adopté par la Vulgate, vise à traduire λογεῖον, en le dérivant de, λόγoς, « raison, » au lieu de λόγoς, « parole. » À ḥošén s’ajoute le mot ham-mišpât, « du jugement, » parce que Dieu rendait ses jugements ou ses décisions au moyen de ce que contenait le pectoral. — 2° Le texte sacré donne une description minutieuse de ce que doit être le pectoral. Il faut qu’il soit artistement travaillé et du même tissu que l'éphod, comprenant l’or, la pourpre violette et rouge, le cramoisi et le lin. Voir Éphod, t. ii, col. 1865. Il a la forme quadrangulaire, mais pas nécessairement celle d’un carré parfait ; il est double, c’est-à-dire replié sur lui-même de manière à former une sorte de poche renfermant l’Urim et le Thummim ; sa longueur et sa largeur sont d’un zéret ou empan, mesure comprise entre les extrémités du petit doigt et du pouce étendus. II porte quatre rangées de pierres précieuses, toutes différentes et au nombre de trois par rangée. Chacune de ces pierres, enchâssée dans une rosette d’or, représente une des douze tribus d’Israël dont le nom est gravé sur elle (fig. 9). L’ordre dans lequel ces noms étaient disposés n’est pas indiqué. Josèphe, ibid., pense que l’ordre suivi était celui de la naissance, et c’est en effet ce qui paraît le plus naturel. Des chaînettes et des anneaux d’or servaient à fixer le pectoral, deux en haut et deux en bas, aux épaulettes de l'éphod, de manière qu’il fût maintenu au-dessus de la ceinture de l'éphod.


9. — Pectoral du grand-prêtre juif. Essai de restitution d’après Schuster, dans Fillion, Atlas archéolog., 2e édit., pl. cvi, flg. 12.

Josèphe, ibid., dit que le pectoral remplissait ainsi sur la poitrine l’espace laissé libre par l'éphod (fig. 10). Le grand-prêtre ne pouvait entrer dans le sanctuaire sans porter ainsi sur son cœur les noms des fils d’Israël, « en souvenir perpétuel devant Jéhovah. » Exod., xxviii, 15-29 ; xxxix, 8-21 ; Lev., viii, 8. Voir Grand-prêtre, t. iii, fig. 64. col. 296. — Dans l’Ecclésiastique, xlv, 12, 13, le pectoral, est mentionné parmi les ornements d’Aaron. Le texte hébreu dit que Dieu lui fit porter « le pectoral du jugement, l'éphod et la ceinture, ouvrages tissés de cramoisi, des pierres précieuses sur le pectoral, gravées comme dès cachets pour l’inauguration (d’Aaron), chaque pierre ayant une écriture gravée en souvenir, suivant le nombre (des tribus) d’Israël ». Les Septante rendent bemillu’im, « pour l’inauguration, » par ἕργῳ λιθούργου, « œuvre du graveur. » Le texte hébreu est d’ailleurs peu sûr dans ce passage, et le premier des deux versets est rendu par les versions avec des variantes assez considérables. — 3° Les matières qui entrent dans la fabrication du pectoral, or, fils richement teints et pierres précieuses, symbolisent la dignité du grand-prêtre et surtout la royauté suprême du Dieu dont il est le ministre. Aaron porte le pectoral « sur les deux épaules » et « sur le cœur », Exod., xxxiii, 12, 30, « en souvenir perpétuel