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PEINTURE — PÈLERINAGES

nécessairement les unes des autres. La convention une fois reconnue et admise, on ne saurait trop admirer l’habileté technique dont témoignent beaucoup de monuments… Chaque mur est traité comme un tout, et l’harmonie des couleurs s’y poursuit à travers les registres superposés : tantôt elles sont réparties avec rythme et symétrie, d'étage en étage, et s'équilibrent l’une par l’autre, tantôt l’une d’elles prédomine et détermine une tonalité générale, à laquelle le reste est subordonné. L’intensité de l’ensemble est toujours proportionnée à la qualité et à la quantité de lumière que le tableau devait recevoir. Dans les salles entièrement sombres, le coloris est poussé aussi loin que possible ; moins fort, on l’aurait à peine aperçu à la lueur vacillante des lampes et des torches. Aux murs d’enceinte et sur la face des pylônes, il atteignait la même puissance qu’au fond des hypogées ; si brutal qu’on le fit, le soleil en atténuait l'éclat. Il est doux et discret dans les pièces où ne pénètre qu’un demi-jour voilé, sous le portique des temples et dans l’antichambre des tombeaux. La peinture en Egypte n'était que l’humble servante de l’architecture et de la sculpture. » Maspero, L’archéologie égyptienne, Paris, 1887, p. 170, 198., Pendant leur séjour en Égypte, les Hébreux avaient eu l’occasion de contempler certaines de ces peintures d’un caractère fréquemment idolâtrique et dans lesquelles les dieux étaient habituellement représentés avec des têtes d’animaux. Il était donc utile de les prémunir contre toute idée d’imitation. Plus tard, l’auteur de la Sagesse, xv, 4, se moquera de ces idoles qui ont « une figure barbouillée de diverses couleurs, vain travail d’un peintre ».

Chez les Assyriens. — Les Assyriens enduisaient leurs maisons d’un stuc blanc, fait de plâtre et de chaux, et assez souvent le décoraient de peintures en détrempe, à teintes plates et sans modelé dans les figures. Cf. Perrot, Histoire de l’art, t. ii, p. 291. Plusieurs de ces peintures remontent à la plus haute antiquité chaldéenne. On a retrouvé d'élégantes rosaces formées par l’application sur le stuc de couleurs très tranchées, des bordures décoratives avec taureaux peints en blanc sur fond jaune et silhouettes accusées par une large bande noire, créneaux bleus et festons multicolores, etc. Les tours à étages ont les degrés peints, à partir du bas, en blanc, noir, rouge, jaune, vermillon, argent et or. À l’intérieur des salles, les bas-reliefs eux-mêmes étaient décorés en couleur, de sorte que les stucs ornés de peintures paraissaient en être la continuation et le prolongement, ce qui évitait un contraste choquant entre la blancheur des sculptures et ta coloration des stucs. Cf. Babelon, Archéologie orientale, Paris, 1888, p. 126. La brique émaillée entrait aussi pour beaucoup dans la décoration des édifices. Voir Émail, t. ii, col. 1712. Dans une de ses visions, au pays des Chaldéens, Ézéchiel, viii, 10, songe à ces peintures, imitées par des Israélites infidèles, quand il décrit, dans une salle retirée, « toutes sortes de figures de reptiles et d’animaux immondes, et toutes les idoles de la maison d’Israël dessinées sur la muraille tout autour. » Dans une autre vision, il voit Ooliba, c’est-à-dire Jérusalem, brûlant d’amour pour les fils de l’Assyrie représentés en peinture sur la muraille avec une couleur vermillon. Ezech., xxiii, 14. Déjà Jérémie, xxii, 14, avait stigmatisé les mauvais rois de Juda qui s'élevaient de vastes maisons couvertes de cèdre et peintes en vermillon. D’après les versions chaldaïque, syriaque et arabe, il s’agirait ici non pas seulement de vermillon, šâšar, mais de figures, sammâkin. Toutefois le šâšar désigne bien le vermillon, μίλτος, sinopis. Cf. Pline, H. N., xxxv, 6, 13. '

Chez les Perses. — À Suse, la décoration polychrome à l’extérieur des monuments se composait de briques émaillées aux vives couleurs, avec des sujets en relief pour imiter la sculpture assyrienne. « L’intérieur de l’apadâna paraît avoir été simplement colorié à l’aide d’un stuc rouge monochrome que dissimulaient d’ailleurs, à peu près complètement, les riches tapis et les draperies brodées dont les parois de toutes les salles étaient tendues. » Babelon, Archéologie orientale, p. 184. Le livre d’Esther, i, 6, mentionne ces tentures, et non des peintures, comme traduisent les versions.

Chez les Grecs. — La polychromie des édifices et des maisons était en grand honneur chez les Grecs. L’influence s’en fit naturellement sentir en Palestine à l'époque des Séleucides. On en a une preuve dans une remarque faite en passant par l’auteur du second livre des Machabées, ii, 30 : « De même que l’architecte d’une maison nouvelle doit embrasser dans sa pensée tout l’ensemble de la construction, tandis que celui qui se charge de la décorer et d’y peindre des figures doit se préoccuper de ce qui regarde l’ornementation… » En tous cas, cet art ne pénétra jamais dans le Temple, où la couleur ne figurait que dans les tapisseries brodées ou, à l'état naturel, dans les riches matériaux plus ou moins ouvragés qui entraient dans la construction, pierre, cèdre, bronze, or, etc. Josèphe, Bell.jud., V, v, 2, note que même dans l’ornementation des portiques du Temple, aucun peintre de figures, ζωγράφος, n’avait eu à travailler. La peinture décorative, la seule dont il puisse être question, était donc exclue de l'édifice sacré. Différents textes semblent, au moins dans les versions, se rapporter à la peinture. II Reg., vi, 29, 32 ; Prov., vii, 16 ; Jer., iv, 30 ; Ezech., XL, 6 ; Eccli., xxxviii, 28. En réalité, il n’y est question que de sculpture ou de teinture.

H. Lesêtre.

PEIRCE James, controversiste protestant, né à Londres en 1673, mort à Exeter le 30 mars 1726. Il étudia en Hollande, à Utrecht et à Leyde. De retour en Angleterre, il prêcha à Londres, et en 1713 devint ministre d’une église non conformiste à Exeter. Cinq ans plus tard il devait renoncer à ce poste à cause de ses doctrines sur la Trinité ; mais peu après il ouvrait un nouveau temple dans la même ville. Prédicateur célèbre, il eut de longues discussions avec les anglicans et presque tous ses écrits ont trait à ces controverses. Nous devons cependant mentionner l’ouvrage suivant : A paraphase and notes on the Epistles of St. Paul to the Colossians, Philippians and Hebrews, after the manner of Mr. Locke to wich are annexed critical dissertations on particular texts of Scripture. With a paraphrase and notes on the three last chapters of the Hebrews, left unfinished by Mr. Peirce ; and an essay to discover the autor of the Epistle, and language in with it was written, by Joseph Hallet, 2e édition, in-4°, Londres, 1733. Cet ouvrage, dont la l re édition avait paru en 1725-1727, fut traduit en latin par Michaëlis en 1747. — Voir Walch, Biblioth. theologica, t. IV, p. 675, 736 ; W. Orme, Biblioth. biblica, p. 344.

B. Heurtebize.


PELAGE (hébreu : ḥâbarburôṭ ; Septante : ποικίλματα ; Vulgate : varietates), la robe d’un fauve, dont les poils diversement colorés donnent un aspect spécial à chaque espèce. — Le mot hébreu, exactement rendu par les versions, désigne les taches noires qui sont disséminées sur le dos jaune du léopard. L'Éthiopien ne peut pas plus changer sa peau que le léopard les taches de son pelage. Jer., xiii, 23. Voir Nègres, t. ix, col. 1563. — Sur le procédé employé par Jacob pour obtenir des brebis tachetées de différentes nuances, Gen., xxx, 3743, voir Brebis, t. i, col. 1918.

H. Lesêtre.


PELERINAGES, voyages que les Israélites étaient obligés de faire à Jérusalen aux trois fêtes principales.

— 1° La Loi obligeait tous les hommes à se présenter trois fois l’an devant Jéhovah, Exod., xxiii, 17 ; xxxiv,