Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/17

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
25
26
PELERINAGES — PELICAN

23, à la fête des azymes ou Pâque, à la fête des semaines ou Pentecôte et à la fête des Tabernacles. La loi ajoutait qu’en ces occasions il ne fallait pas venir les mains vides, mais que chacun devait apporter ses offrandes selon les bénédictions que Dieu lui avait accordées. Deut., xvi, 46-17. Cf. II Par., viii, 13. Voir Fêtes juives, t. ii, col. 2218. — Sur la manière dont les pèlerins se rendaient à Jérusalem, voir Caravane, t. ii, col. 249.

2° L’obligation légale ne visait que les hommes. Pratiquement, on déclarait exempts de cette obligation les sourds, les faibles d’esprit, les enfants, les orphelins, les femmes, les esclaves, les estropiés, les aveugles, les malades, les vieillards, et en général tous ceux qui ne pouvaient faire le chemin à pied. Cf. Chagiga, I, 1. Par enfant, on entendait, d’après Schammaï, celui qui ne pouvait plus être transporté de Jérusalem au mont des Oliviers que sur les épaules de son père, et d’après Hillel, celui qui n’aurait pu faire ce chemin en tenant la main de son père. Du récit de saint Luc, ii, 42, il ressort que l’enfant n’entreprenait le pèlerinage qu'à sa douzième année. Encore faut-il tenir compte de la distance à laquelle il se trouvait de Jérusalem. Les docteurs étaient plus sévères pour la fête des Tabernacles. Les femmes, les esclaves et les enfants en étaient exempts. Mais, parmi ces derniers, l’obligation s’imposait à ceux qui pouvaient se passer de leur mère et qui étaient capables d’agiter le rameau de la fête ou lulab. Cf. Sukka, ii, 8 ; iii, 15. Les Israélites de l'étranger ne se dispensaient pas de ces pèlerinages ; ils venaient à la ville sainte au moins de temps en temps. Ils arrivaient par milliers de tous les points cardinaux, les uns par terre, les autres par mer. Cf. Philon, De monarch., ii, 1, édit. Mangey, t. ii, p. 223. Cf. Josèphe, Ant. jud., XVII, ii, 2 ; XVI11, ix, 1 ; Yoma, vi, 4 ; Taanith, 1, 3.

3° Un mois avant chacune de ces trois fêtes, on commençait à instruire le peuple de tout ce qui concernait la solennité. Quinze jours plus tard, ou procédait à la décimation des troupeaux, on recueillait le montant de l’impôt et l’on tirait du trésor du Temple ce qui était nécessaire à l’usage commun pendant la fête. Cf. Schekalin, iii, 1. Tout était préparé dans le pays pour l’utilité et la sécurité des pèlerins, les chemins remis en état, les puits débarrassés de leurs pierres, les sépulcres reblanchis, les ponts consolidés, les places et les rues de Jérusalem laissées à la disposition de ceux qui devaient y camper. Là où il y avait lieu de le faire, on donnait l’eau de jalousie à boire aux femmes suspectes d’adultère (voir t. n. 1522), on immolait et on consumait la vache rousse (voir t. ii col. 407) et l’on perçait les oreilles des esclaves (voir t. iv, col. 1857). Deux ou trois jours avant la fête on purifiait soigneusement les vases et les ustensiles qui devaient servir ce jour-là.

4° Dans la Mischna, le traité Chagiga s’occupe de l’obligation d’aller à Jérusalem aux trois grandes fêtes et des devoirs qui s’imposaient alors à l’Israélite ; le traité Moed katan a pour objet les jours intermédiaires de la fête, et le traité Beza ou Yom tob indique ce qu’il est permis de faire les jours de fête' ou de sabbat. On voit dans ces traités que les Juifs reconnaissaient six jours de fête majeure, appelés yâmîm tobîm, « jours bons » ou « grands jours » : le premier et le septième de la Pâque, celui de la Pentecôte, le premier et le huitième des Tabernacles, et le premier de tischri ou commencement de l’année civile. Cf. Rosch haschana, I, 1. En ces jours, le travail était défendu, mais moins strictement qu’au jour du sabbat, car il était permis de cuire les aliments préparés la veille. Cf. Gem. Jerus. Yebamoth, 8, 4. Sur ces six jours, il y en avait quatre, le premier de la Pâque, celui de la Pentecôte, le huitième des Tabernacles et le premier de tischri qui se distinguaient des autres par les sacrifices qu’on offrait et les festins auxquels on se livrait. Saint Jean, vii, 37, remarque que le dernier jour de la fête des Tabernacles était « le jour le plus solennel ». Les jours intermédiaires de la Pàque et de la fête des Tabernacles étaient moins solennels. Saint Jean, vii, 14, fait encore allusion à l’un de ces jours. On y pouvait terminer les travaux qui ne seraient pas restés en souffrance sans inconvénient ou dommage. Cf. Sota, ix, 10. Il était également permis de se livrer à des travaux d’utilité publique et immédiate, comme le blanchissage des sépulcres à la chaux, ou à d’autres œuvres urgentes, comme l’arrosage d’un champ desséché, etc.

5° On profitait de ces fêtes pour offrir un grand nombre de sacrifices, qu’on réservait jusqu'à cette occasion, comme ceux qui étaient prescrits aux femmes devenues mères, à ceux qui étaient atteints de flux, etc. Cf. Joa., xi, 55 (ut sanctificarent seipsos). De plus, la Loi ordonnait expressément de ne pas se présenter les mains vides devant le Seigneur. Exod., xxiii, 15 ; Deut., xvi, 16. 17. Chacun se faisait donc un devoir d’offrir un holocauste pendant le cours la fête, et, le premier jour, un sacrifice pacifique dont on pouvait manger ce jour-là, la nuit et le jour qui suivaient. Ces sacrifices prenaient le nom de ḥagîgâh, ou sacrifices de la fête. Celui qu’on offrait le 14 nisan pouvait être mangé avant l’agneau pascal. Si ces deux sacrifices n’avaient pas été offerts dès le premier jour, on pouvait les offrir les autres jours de la fête, et, pour la fête de la Pentecôte qui ne durait qu’un jour, pendant les six jours suivants. Cf. Moed katon, iii, 6 ; Chagiga, i, 6.

6° À ces sacrifices devaient s’ajouter des festins de joie et de reconnaissance. Deut., xxvii, 7. L’Israélite devait inviter, au moins à la fête de la Pentecôte, outre son fils, sa fille, son serviteur et sa servante, le lévite, l'étranger, l’orphelin et la veuve. Deut., xvi, 11, 14. On y mangeait ce qui avait été offert dans les sacrifices pacifiques de la fête et même ce qui provenait de la dîme des animaux. Les prêtres célébraient leurs festins avec ce qui leur revenait de ces sacrifices. On regardait les femmes comme obligées à prendre part à ces festins.

7° On profitait de l’affluence amenée par ces fêtes pour exécuter les criminels, afin d’inculquer à tous une crainte salutaire. Deut., xvii, 13 ; xix, 20. Cf. Sanhédrin, xi, 4. On ne procédait cependant à l'éxecution qu’avant le commencement de la fête, comme il fut fait pour Notre-Seigneur, ou après son dernier jour, comme Hérode Agrippa se le proposait pour saint Pierre. Act., xii, 4. Cette affluence et ces festins n’allaient pas sans occasionner parfois certains désordres, surtout à l'époque de la domination romaine. Cf. Josèphe, Bell. jud., i, iii, 2-4 ; Matth., xxvi, 5. Aussi les procurateurs avaient-ils coutume d'être eux-mêmes présents à Jérusalem pendant les fêtes avec toute leur garnison, et même ils postaient une cohorte en armes sous les portiques du Temple afin de maintenir l’ordre et d’obvier à toute tentative de troubles. Cf. Josèphe, Ant. jud., XX, v, 3. — Reland, Antiquitates sacræ, Utrecht, 1731, p. 224-228 ; Iken, Antiquitates hebraicæ, Brème, 1741, p. 305-307. — Sur les voyages entrepris pour porter les prémices à Jérusalem, voir Prémices.

H. Lesêtre.

PÉLICAN (hébreu : qâʾat ; Septante : πελεκάν; Vulgate : pellicanus, onocrotalus), oiseau palmipède, type de la famille des pélécanidés (fig. 11). — Le pélican est un oiseau dont la taille atteint quelquefois deux mètres. Son bec seul a près de cinquante centimètres ; il est droit, large, déprimé, avec une mandibule inférieure composée de deux branches osseuses qui servent de soutien à une grande poche nue et dilatable, dans