les vallées creusées par les fleuves ; Homère vantait déjà leur beauté. Les principales étaient : au nord, Dorylseon et Kotyseon ; à l’est, Amorion, Sjnnade et Ipsos ; dans la vallée du Méandre, Kélése ou Apamée Kibôtos, ancienne résidence des rois phrygiens ; puis Laodicée, t. m. col. 82 ; Hîérapolis, t. iii, col. 702 ; Colosses, t. ii, col. 860, célèbres dans l’histoire des origines chrétiennes.
III. Les habitants. — 1o Les Phrygiens étaient un peuple très ancien. D’après la tradition grecque, ils appartenaient à diverses tribus originaires de Macédoine et de Thrace, qui avaient émigré en Asie Mineure. Cf. Hérodote, vii, 73 ; Strabon, X, iii, 16 ; Pline, H. N., v, 41. Mais Hérodote, vii, 73, signale aussi leur parenté avec les Arméniens, et il est fort possible, comme l’admettent de nombreux auteurs, qu’ils aient formé dans la péninsule asiatique une race un peu mélangée. C'était un peuple doux et pacifique, efféminé même et passif, qui demeura sans vigueur pour résister aux influences étrangères ; aussi fut-il débordé de toutes
76. — Carte de la Phrygie.
parts, aux différentes époques de son histoire, et jamais il n’exerça un rôle important, sous le rapport politique, parmi les peuples anciens.
2o Les rochers abondent sur le territoire phrygien ; aussi les habitants en profitèrent-ils de bonne heure, pour y creuser des habitations, des sanctuaires, des tombeaux, dont on a retrouvé de nombreux restes, spécialement dans le district montagneux du Sangarios supérieur. Il y a là des échantillons très intéressants de l’architecture et de la sculpture phrygiennes. Voir W. M. Ramsay, The Rock Necropolis of Phrygia, dans le Journal of Hellenic Studies, t. iii, p. 1-68, 156263 ; t. v, p. 241-262.
3o La langue des Phrygiens, autant qu’on peut en juger par les rares spécimens qui sont parvenus jusqu'à nous, appartenait à la famille indo-germanique. Voir de Lagarde, Gesammelte Abhandïungen, Leipzig, 1866, p. 276-280 ; Lassen, dans la Zeitschrift der deutsch. morgenlàndischen Gesellschaft, t. x, p. 369375. Elle passait pour remonter jusqu'à l'époque des premiers humains. Hérodote, ii, 2 ; Pausanias, I, xiv, 12.
4o Les Phrygiens avaient aussi, à l’origine, leur religion à part, dont maint détail passa dans celle des Hellènes. Leurs divinités principales étaient Men ou Manès, Cybèle et Attis. Au culte qu’ils leur rendaient se mêlaient les plus honteuses orgies. La légende religieuse ilorissait en Phrygie, et elle a fourni des traits abondants à la mythologie grecque, entre autres l’histoire de Philémon et Baucis.
IV. Histoire de la Phrygie. — Sous le rapport
historique et politique, cette province a passé par des vicissitudes multiples, dont nous n’avons à relever ici que les points les plus saillants. Suivant les anciens auteurs, cf. Hérodote, ii, 2 ; Pausanias, I, xiv 12 ; Claûdien, In Eutrop., ii, 251, etc., il exista d’assez bonne heure, dans la vallée du Sangarios, un royaume autonome. Toutefois, la Phrygie ne forma que pendant unepériode assez restreinte un État indépendant. On entend dans Homère, Iliad., ii, 862 et iii, 187, des échos de son ancienne grandeur. Parmi ses premiers rois, on cite Gordios, et surtout Midas, dont on a retrouvé naguère le tombeau, avec l’inscription « Midas, le roi ». Mais, entre les années 680 et 670 avant J.-C, à partir de l’invasion formidable des Cimmériens, l’histoire de la Phrygie devint « une histoire d’esclavage, de dégradation et de décomposition ». Encycl. britannica, 9e édit., t. xviii, p. 851. Lorsque ces terribles envahisseurs eurent été expulsés d’Asie Mineure, vers la fin du vie siècle ou au commencement du ve, la Phrygie tomba au pouvoir de Crésus,-roi des Lydiens. Un peu plus tard, vers 546, les Perses s’en emparèrent à leur tour ; elle fut ensuite conquise par Alexandre le Grand, qui la légua à ses successeurs. Les Galates l’envahirent aussi en 278 ; mais, refoulés par Attale Ier de Pergame, ils ne réussirent à garder définitivement que la partie nord-est du territoire.
Lorsque les Romains furent devenus maîtres de la région qui avait formé la Grande Phrygie, ils en rattachèrent les districts occidentaux à la province d’Asie proconsulaire, sous le nom de Phrygia asiana (49 avant J.-C), tandis que les districts orientaux et méridionaux étaient joints à la province de Galatie, sous le titre de Phrygia galatica (36 avant J.-C). Elle cessa par là-même d’avoir une existence politique séparée. Son nom ne reparut officiellement, comme désignation d’une province, que vers la fin du me siècle après J.-C, lors de la nouvelle division de l’empire romain. Voir J. Marquardt, Organisation de l’empire romain, trad. franc., t. ii, Paris, 1892, p. 237-239, 313314.
V. La Phrygie et les Juifs. — Favorisés par les successeurs d’Alexandre le Grand, qui leur accordèrent en Asie Mineure des droits égaux à ceux des Grecs et des Macédoniens, de nombreux Israélites ne tardèrent pas à s'établir dans les régions phrygiennes. Josèphe, Ant. jud., XII, iii, 4, raconte expressément qu’Antiochus le Grand, roi de Syrie (224-187 avant J.-C.), transporta 2000 familles juives, de Mésopotamie et de Babylonie, en Phrygie et en Lydie. Le Talmud range ces Juifs de Phrygie parmi les descendants des dix tribus qui avaient formé le royaume schismatique du nord, sans doute parce qu’ils venaient de la Babylonie. Il les juge assez sévèrement, car il va jusqu'à dire que « les bains et le vin phrygiens les avaient séparés de leurs frères. » Ce langage figuré signifie qu’ils étaient devenus très relâchés sous le rapport religieux, et qu’ils avaient adopté sur plusieurs points les mœurs des païens. Voir Neubauer, La géographie du Talmud, in-8o, Paris, 1868, p. 315 ; Talmud Babli, Sabbath, 147 6. Cf. Act., xvi, 1. D’autre part, ils exercèrent eux-mêmes une influence salutaire sur les Gentils parmi lesquels ils vivaient, et ils les préparèrent ainsi à recevoir la foi chrétienne. Saint Luc nous apprend que, de leur côté, ils se convertirent en grand nombre à la religion de Jésus dans ces parages. Cf. Act., xiii, 14, 43, 49-50 ; xiv, 19, etc.
VI. La Phrygie dans l’Ancien et le Nouveau Testament. — 1o Nous ne nous arrêterons pas au passage II Mach., v, 22, où il est simplement affirmé que Philippe, qui avait été nommé gouverneur de Jérusalem par Antiochus Épiphane, vers l’an 170 avant J.-C, appartenait à la race phrygienne, tô iièv ïivoi