Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/172

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
335
336
PHRYGIE — PHUA


2° Au premier des trois endroits où elle est mentionnée dans le Nouveau Testament, Act., ii, 10, la Phrygie est prise aussi dans un sens assez général. Elle y apparaît comme une des nombreuses contrées de la Diaspora d’où il était venu des pèlerins juifs à Jérusalem, pour assister à la fêtç de la Pentecôte : « … Ceux qui habitent la Mésopotamie, la Judée, la Cappadoce, le Pont, F Asie, la Phrygie, la Pamphilie, l’Egypte… » Dans cette énumération extraordinaire, dont on a vainement cherché le principe directeur, le mot « Phrygie » doit représenter tout le territoire de cette contrée, tel qu’il existait à l’époque de saint Paul, c’est-à-dire, aussi bien la P/irygia galatica que la Phrygia asiana. — Les deux autres passages du livre des Actes où il est question de ]a Phrygie se rapportent, l’un au second voyage apostolique de Paul et l’autre à son troisième voyage. Ils mé--ritent d’être étudiés simultanément. Act., xvi, 6 : ce Ils (Paul et Ximothée) traversèrent la Phrygie et le pays de Galatie, » Tî|v ^pu-ftav xat [tt|v] ra>aTixT|v y_(ipav. Act., xviii, 23 : « (Paul) ayant traversé successivement le pays de Galatie et la Phrygie, » ttiv raXartXYjv ywpav xai $puf îav. Dans les deux textes, le narrateur emploie les mêmes termes géographiques, mais avec une inversion occasionnée par la direction différente que suivait l’Apôtre. Dans e, premier cas, Act., xvi, 6, saint Paul venait de Lycaonie, et, empêché par l’Esprit-Saint d’annoncer l’Évangile dans l’Asie procomsulaire, il se dirigea vers la Bithynie, après avoir traversé une partie de la Phrygie et de la Galatie. Dans le second cas, Act., xviii, 23, l’Apôtre se proposait expressément de parcourir la Galatie et la Phrygie, pour se rendre de là à j^phèse. Si nous nous reportons à ce qui a été dit plus haut de l’histoire de la Phrygie, il n’est pas étonnant qu’à deux reprises cette province soit ainsi associée à la Galatie. En effet, nous avons vu qu’avant l’époque de saint Paul, la Phrygie avait été démembrée par les .Romains et rattachée aux provinces de Galatie et d’Asie. Dans nos deux textes, le mot Phrygie désigne donc plus particulièrement la Phrygia asiana. — Selon d’autres, l’expression t^v <&puYÏav xil [typ’] Vcù.a-mr^ yâpav, ou vice versa, désignerait un seul et même district, qui était tout à la fois phrygien et galate : phrygien’sous le rapport ethnologique, et galate sous le rapport politique, depuis son annexion à la Galatie.

— Les interprètes discutent aussi sur la nature du mot « rpuytav dans les deux passages en question. Suivant les uns, il serait de part et d’autre un adjectif, de sorte qu’on devrait traduire, Act., xvi, 6 : « Ils - traversèrent la région phrygienne et galate ; » Act., xviii, 13, « Ayant traversé la région galate et phrygienne. ».Selon d’autres, ’fpuYcav serait au contraire un substantif, Act., xvi, 6 : « Ils traversèrent la Phrygie et la région galate ; s Act., xviii, 23 : « Ayant traversé la région galate et la Phrygie. » D’après une troisième opinion, puftcxv serait pris adjectivement dans le premier passage, Act., xvi, 6, et substantivement dans le second. Act., xviii, 23. L’emploi d’un seul article, du moins d’après la leçon la plus accréditée, semble favoriser le premier sentiment. Il est aussi question implicitement de la Phrygie au passage Act., xix, 1, peragratis superioribus partibus. En effet, d’après le contexte, les « parties supérieures », ainsi nommées à cause de leur altitude élevée, ne sont autres que les régions centrales de l’Asie Mineure, c’est-à-dire la Galatie et la Phrygie, que saint Paul venait de parcourir.

Ainsi donc, la Phrygie eut le grand honneur de recevoir [au moins à deux reprises la visite de l’apôtre des Gentils, qui y jeta les premières semences de la foi chrétienne. On ignore cependant si c’est par lui directement, ou par ses discipies, que furent fondées les Églises, si brillantes peu de temps après, de Colosses, de Laodicée et de Hiérapolis, situées dans la vallée du Lycus. En ce qui concerne celle de Colosses, il parait

plus "vraisemblable, d’après l’épltre qui lui fut adressée par saint Paul, que l’Apôtre n’eut pas une part immédiate à sa fondation. Voir L.-CI. Fillion, La Sainte Bible commentée, t. viii, Paris, 1905, p. 395. Selon d’anciennes traditions, saint Jean l’évangéliste aurait exercé plus tard un ministère personnel dans, la même vallée du Lycus. — La Phrygie a joué un rôle important dans l’histoire de l’Église primitive, et on y voit encore les restes nombreux de monuments chrétiens, antérieurs à l’époque de Constantin.

VII. Bibliographie. — Bergmann, De Asia Romanorum provincia, in-8°, Berlin, 1846 ; l’article Phrygien, dans la Realencyklopssdie der classischen Alterthumswissenschaft, t. v, p. 1569-1580 ; Becker-Marquardt, Handbuch der rômischen Alterthûmer, Leipzig, 1843-1867, t. iii, p. 136-139, 155-162 ; K. Ritter, Vergleichende Erdkunde des Halbinselland.es Klein-Asien, Berlin, 1859-1860, t. i, p. 520-680 ; Ch. Texier, Description de l’Asie Mineure, in-8°, Paris, 1863, p. 153-175 ; W. M. Ramsay, Cities and bishoprics of Phrygia, 2 in-8°, Londres, .1895-1897 ; Id., Historiçal geography of Asia Minor, in-8°, Londres, -1890 ; Id., The Church in the roman empire, in-8°, Londres, 1893 ; Perrot et Chipiez, Histoire de l’art dans l’antiquité, in-4°, Paris, 1890 ; t. v, La Phrygie, p. 1-235, A. Torp, Zu den phrygischen Inschriften aus rômischer Zeit, in-4°, Christiania, 1894 ; Id., Zum Phrygischen, Christiania, in-4°, 1886 ; G. Radet, En Phrygie : Rapport stir une mission scientifique en Asie Mineure, in-8°, Paris, 1895 (extrait des Nouvelles archives scientifiques, t. vi) ; K. Ouvré, Un mois en Phrygie, in-18, Paris, 1896 ; Reber, Die phrygischen Felsendenkmàler, in-8°, Munich, 1897 ; V. H. Barclay, Catalogue of the greek coins of Phrygia, in-8°, Londres, 1906. L. Fillion.

    1. PHRYGIEN##

PHRYGIEN (grec : $pû$), ’originaire de Phrygie. II Mach., v, 22. Un officier d’Antiochus Épiphane, appelé Philippe, était Phrygien d’origine. Voir Philippe 3, col. 266.

PHUA, nom dans la Vulgate d’une Égyptienne et de deux Israélites qui portent tous des noms différents en hébreu.

1. PHUA (hébreu : Pùvvdh ; Septante : *o-ji), le second des quatre fils d’Issachar. Gen., xlvi, 13 ; Num., xxvi, 33 ; I Par., vii, . Ses descendants furent nommés les Phuaïtes. Num., xxvi, 23.

2. PHUA (hébreu : Pû’âh ; Septante : 4>oud), une des deux sages-femmes égyptiennes que le pharaon chargea de faire périr tous les enfants mâles qui naîtraient aux Hébreux. Exod., i, 15. Elle n’exécuta pas, ainsi que l’autre sage-femme Sèphora, les ordres du roi et lui répondit, pour lui expliquer comment les nouveau-nés des Hébreux n’avaient point péri, que les femmes des Hébreux n’avaient pas besoin de leur ministère. Les uns pensent que Sèphora et Phua étaient Égyptiennes, d’autres qu’elles étaient israélites. Josèphe, Ant.jud., II, IX, 2, est de la première opinion ; la plupart des commentateurs juifs, saint Augustin, Cont. mend., xv, t. XL, col. 539, et beaucoup d’autres sont de la seconde. Les premiers allèguent que le roi d’Egypte ne pouvait compter que sur des Égyptiennes pour en obtenir ce qu’il voulait d’elles ; les seconds disent que les femme » israélites n’auraient pas accepté les services des femmes égyptiennes, et que celles-ci n’auraient pas consenti à servir celles-là. L’origine égyptienne de Sépliora et de Phua paraît plus vraisemblable. — Le nom de Phua,

2jT % k.1, Poua, se lit sur une stèle du musée-