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PÉNITENCE

pour mon nom. » Act., IX, 16. — À l’appel des Apôtres, on fait pénitence à Lydda et à Saron, Act., ix, 35 ; à Antioche, Act., xi, 21 ; à Éphèse, où l’on brûle une multitude délivres de superstition, Act., xix, 18, 19 ; xx, 21 ; à Corinthe, II Cor., vii, 9, 10. Cf. I Pet., ii, 25.

IV. Exemples d’impénitence. — 1° Beaucoup de pécheurs se sont refusés à faire pénitence. Tels furent Caïn, Gen., iv, 10-13 ; la plupart des contemporains de Noé, Gen., vi, 5, 6 ; les habitants de Sodome et des villes coupables, Gen., xix, 12, 13 ; le pharaon d’Égypte qui se repentait un moment pour s’obstiner ensuite, Exod., Vin, 25, 32, ix, 27, 35 ; x, 16, 20, 24, 27 ; xii, 31 ; xiv, 5 ; les Israélites révoltés qui furent condamnés à périr au désert, Num., xiv, 27-33 ; les fils d’Héli, I Reg., iv, 11 ; Saül, I Reg., xiii, 14 ; xvi, 35 ; les contemporains du prophète Élie, Eccli., xlviii, 16 ; les rois et le peuple d’Israël, IV Reg., xvii, 7-18- ; une grande partie des rois et du peuple de Juda. IV Reg., xxiv, 3, 4. En vain Jérémie multiplia ses appels à la pénitence ; on ne voulut pas se convertir. Jer., iii, 1-22 ; v, 3 ; viii, 6. — Plus tard, le roi persécuteur, Antiochus Épiphane, frappé par la justice de Dieu, sembla vouloir se repentir du mal qu’il avait causé ; mais sa pénitence n'était ni sincère ni désintéressée, II Mach., ix, 11-29.

2° À plusieurs reprises, il est dit que Dieu endurcit le cœur de ceux qui ne veulent pas se convertir. Exod., iv, 21 ; vii, 3 ; ix, 12 ; x, 1, 20, 27 ; xiv, 4, 8, 17 ; Deut, ii, 30 ; Is., lxiii, 17 ; Rom., ix, 18. D’autre part, on lit dans Isaïe, vi, 10 : « Appesantis le cœur de ce peuple, rends ses oreilles dures et bouche-lui les yeux, en sorte qu’il ne voie point de ses yeux, n’entende point de ses oreilles, ne se convertisse point et ne soit point guéri. » Cet oracle est répété par Notre-Seigneur, Matth., xiii, 15 ; Marc, iv, 12 ; Joa., xii, 40, et par saint Paul. Act., xxviii, 27. À prendre les termes à la lettre, Dieu semble ainsi l’auteur de l’impénitence qu’ensuite il châtie. — Mais il y a là une manière de parler destinée à faire comprendre avec quelle certitude Dieu prévoit l’endurcissement et lui donne occasion de se produire en vue d’un bien supérieur. Saint Augustin, Quœst. in Heptat., ii, 18, t. xxxiv, col. 601-602, explique ainsi le cas du pharaon : « La malice qui est au cœur d’un homme, c’est-à-dire sa disposition au mal, tient à sa propre faute et n’existe que par le fait de sa volonté libre. Toutefois, pour que cette disposition mauvaise agisse dans un sens ou dans l’autre, il faut des causes qui mettent l’esprit en mouvement. Or il ne dépend pas du pouvoir de l’homme que ces causes existent ou non ; elles proviennent delà providence cachée, mais très juste et très sage, du Dieu qui règle et gouverne l’univers qu’il a créé. Si le pharaon avait un cœur tel que la patience de Dieu le portât, non à la religion, mais bien plutôt à l’impiété, c'était par sa propre faute. Mais si les événements se produisirent de telle manière que son cœur, si mauvais par sa faute, résista aux ordres de Dieu, ce fut le résultat de la sagesse divine. » Pour expliquer le passage d’Isaïe, vi, 10, saint Jérôme, In Is., iii, 6, t. xxix, col. 100, s’appuie sur la doctrine de l’Épître aux Romains, ix, 14-18, et dit que l’aveuglement volontaire des Juifs a procuré l’illumination des autres nations : « Ce n’est pas par cruauté, mais par miséricorde, que Dieu permet la perte d’une nation pour le salut de toutes les autres. Une partie des Juifs n’ont pas vu clair, pour que le monde entier pût voir. »

3° D’autres exemples d’impénitence se rencontrent dans le Nouveau Testament. Les villes de Gorozaïn, Bethsaïde et Capharnaüm ont refusé de se convertir, dans des conditions qui auraient décidé Tyr et Sidon à faire pénitence. Matth., xi, 20-24 ; Luc, x, 13-15. La génération contemporaine du Sauveur a montré le même endurcissement, alors que Ninive s’est convertie à la voix de Jonas. Matth., xii, 41 ; Luc, xi, 32. Jérusalem s’est dérobée aux appels du Sauveur qui voulait rassembler ses enfants comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes. Matth., xxiii, 37. Après avoir refusé d’obéir, les pécheurs ont fait pénitence ; après avoir promis fidélité, les Juifs ont refusé de faire pénitence. Matth., xxi, 28-32. — Même si un mort ressuscitait, certains pécheurs ne se convertiraient pas. Luc, xvi, 31. — Juda fut saisi de repentir, mais sa pénitence fut dépourvue de confiance en Dieu et ne le sauva pas. Matth., xxvii, 3-10. — La résurrection du Sauveur laissa dans l’impénitence la plupart des Juifs. Matth., xxviii, 11-15. — La pénitence de Simon le magicien fut intéressée et sans valeur. Act., viii, 13, 18-24. — Beaucoup de pécheurs ont continué à refuser la pénitence. II Cor., XII, 21 ; Apoc, ix, 20-21 ; xvi, 9, 11.

V. Le sacrement de pénitence. — 1° Jésus-Christ dit à saint Pierre : « Je te donnerai les clefs du royaume des cieux : tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. » Matth., xvi, 19. Il dit ensuite à tous ses Apôtres en général : « Tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel. » Matth., xviii, 19. Les Apôtres reçoivent par là le pouvoir d'établir ou de supprimer dés obligations dans le domaine spirituel. Voir Lien, t. iv, col. 248. Le soir même de sa résurrection, le divin Maître, qui vient de payer sur la croix la rançon du péché, applique à un point spécial le pouvoir qu’il a précédemment accordé : « Recevez le Saint-Esprit. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis ; et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus. » Joa., xx, 22, 23. Les Apôtres reçoivent donc ce jour-là, de celui qui a le pouvoir de remettre les péchés, Matth., ix, 5, la transmission de ce pouvoir. Saint Paul l’entend bien ainsi quand il dit : « Dieu nous a réconciliés avec lui par Jésus-Christ, et nous a confié le ministère de la réconciliation. » II Cor., v, 18. Ce ministère de la réconciliation, c’est l’ordre et le pouvoir de remettre les péchés dans le sacrement de pénitence. Le Concile de Trente, Sess. xiv, can. 2, 3, a défini que les paroles dites parle Sauveur le jour de sa résurrection doivent s’entendre du pouvoir de remettre et de retenir les péchés dans le sacrement de pénitence, comme l'Église catholique l’a toujours entendu depuis l’origine, et qu’on ne peut les détourner contre l’institution de ce sacrement en les appliquant au pouvoir de prêcher l'Évangile.

2° Le sacrement de pénitence précise et facilite les conditions nécessaires à la rémission du péché sous la Loi ancienne. 1. La contrition réclame toujours les même qualités qu’autrefois ; il faut qu’elle soit au fond du cœur, qu’elle soit sincère et détache effectivement la volonté [du péché. Voir col. 39. Un nouveau motif s’ajoute aux précédents pour la faire naître dans le cœur ; c’est la pensée de la rédemption et de tout ce que le Sauveur s’est imposé de souffrances pour l’expiation du péché. — 2. La confession prend une forme plus précise, dont l’obligation se déduit des paroles mêmes qui instituent le sacrement. Voir Confession, t. ii, col. 907-919. — 3. La satisfaction demeure nécessaire comme autrefois, même après la rémission du péché, du moins pour l’ordinaire. Cf. Num., xx, 12 ; Deut., xxxii, 49-51 ; II Reg., xii, 14, etc. Saint Paul déclare qu’il « complète en sa propre chair ce qui manque aux souffrances du Christ, pour son corps, qui est l'Église ». Col., i, 24. — 4. Enfin l’absolution est une grâce nouvelle que l’Ancien Testament ne connaissait pas. Nathan put bien exceptionnellement dire à David : « Jéhovah a pardonné ton péché. » II Reg., xii, 13. Les autres pécheurs, si repentants qu’ils fussent, ne pouvaient présumer leur pardon. Notre-Seigneur, qui dit lui-même à plusieurs pécheurs : « Tes péchés te sont remis, » Matth., ix, 2 ; Luc, v, 20 ; vii, 47, 48, donna à ses Apôtres, en vertu des paroles de l’institu-