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PENTATEUQUE


nome, xxxi-xxxrv, ajoutée peut-être par Josué ; des listes complétées, telles que celle de Gen., xxxvi, poussée jusqu’au temps de David ou de Salomon ; Exod., xxxvi, 8xxxix, 43, qui ne serait qu’une répétition retouchée d’Exod., xxv, 10-xxxm, 43 ; Exod., xxx ; Num., x, 2932, 35, 36 ; xxvii, 14 ; Deut., iii, 86, 11, 14 ; iv, 41-43 ; peut-être aussi Gen., xxii, 14 6 ; certainement Deut., x, 6-9 ; xxi, 4 ; peut-être les deux chants, Num., xxi, 13 615 ; 16 6-18 ; certainement les introductions, Deut, i, 1-5 ; iv, 44-49. Il est plus difficile de discerner les additions législatives. Quelques exemples de transformations paraissent admissibles : ainsi la loi sur la dime qui se présente sous cinq formes différentes. Exod., xxii, 28 ; Num., xviii, 21-32 ; Deut., su, 6, 11, 17 ; xrv ; 22-29 ; xxvi, 12-15. Toute disposition qui suppose une habitation fixe, comme Lev., xxv, 32-34, est vraisemblablement, selon M. Hoberg, d’origine postérieure à Moïse. D’autre part, les réflexions générales, les titres et les conclusions des sections appartiendraient rarement au texte original. Moïse n’a donc pas écrit chaque mot, chaque phrase du Pentateuque ; il en est l’auteur ; mais son œuvre a pu recevoir au cours des siècles quelques additions et modifications, depuis le temps de sa composition jusqu’après le retour en Palestine des Juifs captifs à Babylone.

La Commission biblique a reconnu la légitimité de cette manière d’envisager l’authenticité mosaïque du Pentateuque. Le 27 juin 1906, Pie X approuvait les solutions qu’elle avait données à quatre questions soumises à son examen. Elle maintient d’abord l’authenticité de ce livre ; les trois autres réponses en expliquent la nature : II. Vtrum mosaica authentia Pentateuchi talemnecessario postulet redactionem totius operis, ut prorsus lenendum sit Moysen omnia et singula manu sua scripsisse vel amanuensibus dictasse ; an etiam eorum hypothesis pérmitti possit qui existimant eum opus ipsum a se sub divinee inspirationis afflatu conceptum alteri vel pluribus scribendum commisisse, ita tamen utsensa sua fideliter redderent, nihil contra suam voluntatem scriberent, nihil omitterent ; ac tandem opus hac ratione confectum, ab eodern Moyse principe inspiratoque auctore prolatum, ipsiusmet nomine vulgaretur ? Resp. Négative ad primant parte iii, affirmative ad secundani. — III. Vtrum absque prssjudicio mosaicee authenlise Pentateuchi concedi possit Moysen ad suum conficiendum opus fontes adhibuisse, scripta videlicet documenta vel orales traditiones, ex quibus, secundum peculiarem scopum sibi propositum et sub divines inspirationis afflatu, nonnulla hauserit eaque ad verbum vel quoad sententiam, contracta vel amplificata ; ipsi operi inseruerit ? Resp. Affirmative. — IV. Vtrum, salva substantialiter mosaica authentia et integritate Pentateuchi, ad mitti possit tam longo sseculorum decursu nonnullas ei modificationes.obvenisse, uti : addimenta post Moysi morlem vel ab auctore inspirato apposita, vel glossas et explicationes textui interjectas, vocabula qusedam et formas sermone antiquato in sermonem recentiorem translatas ; niendo sas demum lectiones vitio amanuensium adscribendas, de quibus fas sit ad normas artis criticse disquirere et judicare ? Resp. Affirmative, salvo Ecclesise judicio.

C’est sous la triple réserve : 1° de l’emploi de secrétaires, choisis et contrôlés par Moïse, qui aurait publié sous sa garantie personnelle le travail commandé et surveillé par lui ; 2° du recours à des documents écrits ou à des traditions orales, reproduits ou utilisés par lui dans son œuvre personnelle et pour les événements antérieurs à son époque ; 3° de quelques modifications postérieures, introduites après coup dans le Pentateuque achevé, que nous soutiendrons l’authenticité mosaïque de ce livre.. Pour attribuer à Moïse le Pentateuque, nous ne tenons donc pas comme nécessaire

qu’il ait écrit lui-même ou dicté mot à mot à des copistes tout le contenu ; il suffit que tout ait été publié sous sa responsabilité et reproduise fidèlement et exactement ce qu’il avait ordonné à ses secrétaires d'écrire en son nom. De même encore, les additions, telles que le récit de la mort de Moïse, des gloses introduites dans le texte, soit pour expliquer des usages anciens, soit pour remplacer des termes archaïques par des formes plus récentes, enfin, les fautes de transcription ne nuisent pas plus à l’authenticité qu'à l’intégrité substantielle du Pentateuque. Nonobstant ces additions et modifications, le Pentateuque reste l'œuvre de Moïse auteur responsable et inspiré, ayant peut-être fait rédiger par ses secrétaires une partie de ses récits ou de ses lois.

II. PREUVES DE L’AUTBENTJCITÉ MOSAÏQUE DU PENTATEUQUE., — Que Moïse ait écrit le Pentateuque, qui porte son nom, c’est un fait attesté : 1° par différents témoignages bibliques ; 2° par le sentiment perpétuel des Juifs ; 3° par la tradition constante de l'Église catholique ; et 4° confirmé par des indices fournis par le livre lui-même.

1° Témoignages bibliques de l’activité littéraire de Moïse. — Si on ne lit nulle part dans la Bible l’affirmation explicite et formelle que Moïse a rédigé le Pentateuque entier, il y a cependant, en différents livres des deux Testaments, des indications et des affirmations desquelles il résulte que Moïse a écrit des faits, des lois qui sont contenus dans.le Pentateuque. —1. Témoignage du Pentateuque lui-même. — Le livre entier ne se présente pas expressément comme ayant été composé par Moïse. Outre qu’il contient, dans son état actuel, le récit, évidemment postérieur, de la mort de Moïse, il raconte la vie du législateur hébreu à la troisième personne et en style indirect, et les quatre derniers livres n’ont pas la forme littéraire de Mémoires du héros dont ils font l’histoire. Toutefois le caractère impersonnel du récit peut fort bien se concilier avec la rédaction par Moïse. On peut dire que la formule : « Dieu dit à Moïse, » si souvent employée, en tête des lois, qui prouve l’origine divine ou la révélation faite à Moïse, de cette législation, ne signifie pas nécessairement que Moïse luimême a codifié dans le Pentateuque les lois qu’il a promulguées. Mais le Pentateuque cependant donne des indications formelles sur l’activité littéraire de Moïse. Après la bataille contre les Amalécites à Raphidim, le chef des Hébreux reçut de Dieu l’ordre suivant : s Écris cela en souvenir dans le livre et inculque-le dans les oreilles de Josué. » Exod., xvii, 14. L’ordre divin est certainement restreint à la victoire sur Amalec, dont Israël devait garder le souvenir, Deut., xxv, 17-19, et dont le récit fut rédigé par Moïse afin de conserver la mémoire de l'événement. Selon la leçon massorétique, ibes, Dieu ordonne à Moïse d'écrire dans le

livre, c’est-à-dire [comme on l’interprète communément dans un livre déjà commencé et connu, dans un registre ou journal où Moïse notait les faits mémorables de l’histoire d’Israël. En ponctuant ainsi le texte, les massorètes eux-mêmes voulaient vraisemblablement désigner, non pas le livre des justes, F. de Hummelauer, Exodus et Leviticus, Paris, 1897, p. 182 ; Deuteronomium, Paris, 1901, p. 152, mais le Pentateuque luimême. Cependant les Septante ne lisaient pas l’article défini, puisqu’ils ont traduit ce mot : etç (iiëX/ov ou èv (318>icj>. Le texte, à leur sentiment, désignait donc un livre indéterminé. J. Kley, Die Pentateuchfrage, Munster, 1903, p. 217, a prétendu que cette dernière signification exigerait la leçon nsD Sy, employée dans ce sens. Deut.,

xvii, 18 ; xxxi, 24 ; Is., xxx, 8 ; Jer., xxx, 2 ; xxxvi, 2. Néanmoins la leçon massorétique, fût-elle originale, ne désignerait pas nécessairement le Pentateuque commencé ; elle conviendrait suffisamment à un livre, dans