Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome V.djvu/47

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
85
86
PENTATEUQUE


celui des guerres de Dieu, Num., xxi, 14, étaient antérieurs à Moïse. Celui-ci n’a rédigé que la partie principale des livres que la tradition lui a attribués. L’auteur du Pentateuque, si au courant des choses chaldéennes, -a dû vivre en Chaldée. Or, les Juifs. n’avaient pas passé l’Euphrate avant la captivité. L’auteur a donc vécu après 722 ; mais il n’est pas Esdras, puisque les Samaritains possédaient auparavant le Pentateuque. C’est plutôt le prêtre Israélite, envoyé par le roi d’Assyrie aux Samaritains, IV Reg., xvii, 24-28, qui a composé le livre de la loi pour leur instruction. Son travail a été commencé après la découverte de la loi dans le Temple sous Josias. Plus tard, les prêtres de Jérusalem ont mis leur loi d’accord avec le Pentateuque samaritain. Sentimens de quelques théologiens de Hollande sur l’Histoire critique du Vieux Testament, Amsterdam, 1685, p. 107-129 ; Défense des Sentimens de quelques théologiens de Hollande, lettre vn c, Amsterdam, 1686, p. 166188. Plus tard, Leclerc atténua son premier sentiment. Tout en maintenant que le Pentateuque dans son état actuel était postérieur à Moïse, il déclarait que les additions étaient si peu considérables qu’on ne pouvait refuser à Moïse la composition du livre. Genesis sive Mosis prophétie liber prinius, proleg., diss. lit, Amsterdam, 1693. En 1686, Antoine Van Dale soutint qu’Esdras était l’auteur du Pentateuque, mais qu’il avait utilisé le livre de la loi, découvert au Temple, et d’autres écrits, historiques et prophétiques.

2. Hypothèse documentaire. — La première systématisation de la composition du Pentateuque consista dans la supposition de sources diverses, compilées et utilisées par l’auteur. Jean Astruc, Conjectures sur les mémoires originaux dont il paraît que Moïse s’est servi pour composer le livre de la Genèse, Bruxelles (Paris), 1753, détermina le premier le contenu et la nature des mémoires antérieurs que Moïse avait employés pour rédiger la Genèse, et les parties du récit actuel qui leur avaient été empruntées. Les répétitions et les divergences des récits lui servirent de point de départ dans le discernement des sources, et la diversité des noms divins, Élohim et.féhovah, lui fit désigner les deux principales sources combinées par Moïse, l’une élohiste et l’autre jéhoviste. Une troisième nommait Dieu Jéhovah-EIohim. Astruc distinguait encore neuf autres sources, qui n'étaient que fragmentaires. Il supposait enfin que Moïse avait disposé sur quatre colonnes les matériaux préexistants, et que les copistes avaient mêlé et confondu ces quatre récits ; de là provenaient les répétitions et les incohérences de la Genèse actuelle. Voir t. i, col. 1196-1197. Eiehhorn, Einleitung in das A. T., Leipzig, 1780, t. i, étendit la distinction des sources élohiste et jéhoviste aux deux premiers chapitres de l’Exode. Il a, en outre, caractérisé ces sources, non seulement par l’emploi des noms divins, mais encore par leur contenu et leur style. Il ne se croyait pas en mesure de déterminer leur origine. Il pensait d’abord que Moïse avait rédigé la Genèse et le début de l’Exode, en les combinant ; plus tard, il ne parla plus que d’un rédacteur. Le reste du Pentateuque, sauf quelques interpolations, comprenait la législation et le journal de voyage de Moïse. Charles David Ilgen, Die Vrkunden des jerusalemischen Tempelarchivs in ihrer Vrgestalt, Halle, t. I (seul paru), distingua trois documents, deux élohistes et un jéhoviste, ayant leur genre propre de rédaction. En les combinant, le rédacteur a dû les modifier pour les mettre d’accord. Aussi n’est-il pas facile d’en discerner dans le texte actuel tous les éléments constitutifs.

3. Hypothèse fragmentaire. — Un nouveau courant se dessina bientôt, suivant lequel le Pentateuque était un conglomérat de fragments détachés et disparates. Alexandre Geddes (voir t. iii, col. 145), prêtre catholique interdit, The holy Bible or ihe Books accounted sacred

by Jews and Christians, Londres, 1792 ; Critical remarks on the Hebrew, Londres, 1800, t. i, parla le premier de nombreux fragments plus ou moins étendus, divergents et même contradictoires, réunis et mis en ordre par un rédacteur pour former le Pentateuque actuel. Ces fragments se groupaient en deux séries, caractérisées parles noms divins, Élohim et 3éova. Vater, Commenta)- ùber den Pentateuch, 3 in-8°, Halle, 18024805, répandit cette nouvelle hypothèse en Allemagne. Moïss a bien pu rédiger quelques-uns des fragments, entrée dans la composition du Pentateuque ; mais il n’est pas le compilateur du recueil. Celui-ci n’a fait que juxtaposer dans l’ordre chronologique des fragments d'époques différentes, qui sont demeurés disparates. Les lois en particulier avaient été promulguées selon les occurrences. La première collection, le Deutéronome, existait déjà au temps de David et de Salomon ; on la retrouva sous Josias. Les fragments historiques et législatifs, composés dans l’intervalle, y furent joints. Le Pentateuque avait été terminé à une date inconnue, peut-être dans les derniers temps du royaume de Juda. De Wette se rallia à cette hypothèse. Dissertatio critica qua apriorïbus Deuteronomium Pentateuchi libris diversum aliud cujusdam recenlioris auctoris opus esse monstratur, in-4°, Iéna, 1805 ; Beitrâge zur Einleitung in das A. T., Halle, 1807, t. n. Pour lui, la Genèse et l’Exode sont l'épopée nationale des Israélites, formée, comme les œuvres d’Homère, de fragments mythiques divers. Voir t. iv, col. 1377. Le Lévitique est le recueil des lois attribuées à Moïse et soi-disant' données au Sinaï. Les Nombres forment un appendice, sans plan, ajoutés aux trois premiers livres qu’ils continuent. Le Deutéronome comprend des lois postérieures, censées promulguées par Moïse au pays de Moab et différentes de la législation sinaïtique. La collection des cinq livres est postérieure à la découverte du Deutéronome sous Josias. Plus tard, il fixa au temps de la captivité à Babylone la composition du Deutéronome et la dernière rédaction du Pentateuque. Lehrbuch der historischkritische Einleitung in A. T., 3e édit., Berlin, 1829. Pour L. Berthold, Historisch-krilische Einleitung, Erlangen, 1813, part. III, p. 768-842, quelques fragments, dont le Pentateuque est composé, pouvaient être de Moïse lui-même ou, au moins, étaient de son temps. La plupart ont été rédigc-s au commencement du règne de Saûl. Les recueils se sont formés progressivement par le travail de quatre ou cinq écrivains. La collection complète n’a été faite que sous Salomon. Hartmann, Historisch-krilische Forschitngen ûber die Bildung, das Zeitalter und der Plan der fùnf Bûcher Moses, Rostock, 1831, p. 552-700, prétendait que Moïse ne savait pas écrire et que les Israélites n’avaient Connu l'écriture que sous les Juges. Selon lui, les plus anciennes parties du Pentateuque sont postérieures à Salomon, et les recueils écrits de lois appartiennent aux derniers temps de la royauté. Les éléments les plus importants du Pentateuque existaient à l'époque de Jérémie et d'Ézéchiel. On n’y fit plus tard qu’un petit nombre d’additions, d’ailleurs bien reliées au reste. L'état actuel du texte est contemporain de la captivité à Babylone. P. von Bohlen, Genesis, Kœnigsberg, 1835, introduction, adopta les conclusions de Hartmann avec cette seule différence qu’il regardait le Deutéronome, découvert sous Josias, comme la partie la plus ancienne du Pentateuque.

4. Hypothèse complémentaire. — L’hypothèse fragmentaire n’eut guère de succès. Par réaction contre l'émiettement des fragments, on en arriva à considérer le Pentateuque comme l'œuvre d’un premier écrivain, complétée plus tard par un rédacteur, comme une histoire complète et suivie à laquelle on rattacha en guise de suppléments des lambeaux de toute sorte. Kelle, Verurtheilsfreie Wùrdigung der mosaischen Sehrif-