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PENTATEUQUE

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ten, Freyberg, 1812, soutint que la Genèse était un livre primitivement bien ordonné, mais dont les récits avaient été déformés et le plan disloqué par des interpolations successives. H. Ewald, Die Komposition der Genesis, Brunswick, 1823, en raison du plan, de l’unité du style et de l’origine du fond, soutint que la Genèse était l'œuvre non pas de Moïse, il est vrai, mais d’un seul auteur qui n’avait recouru ni à des documents ni même à des fragments antérieurs. Le même critique, rendant compte de l’ouvrage de Stàhelin, Kritische Untersuchung ûber die Genesis. 1830, favorable à l’hypothèse documentaire, déclara que le Pentateuque entier avait à sa base un écrit unique, élohiste, comprenantquelques morceaux antérieurs tels que leDécalogue et le livre de l’alliance, et dans lequel un rédacteur inséra comme compléments des extraits d’un écrit jéhoviste postérieur. Sludien nnd Kriliken, 1831, p. 595606. F. Bleek, abandonnant l’hypothèse documentaire, enseigna que l'écrit élohiste primitif avait été complété par un rédacteur jéhoviste au moyen de ses propres récits et d’autres compléments. Le Deutéronome est plus récent et a été joint à l'écrit primitif complété sous le règne de Manassé dans la première moitié du vne siècle. De libri Geneseos origine atque indole historien observa tiones, 1836.

Le principal tenant de l’hypothèse complémentaire fut F. Tuch. Commantar ûber die Genesis, Halle, 1838. A son sentiment, l'élohiste est le Grundschrift, « écrit fondamental, » comprenant toute la partie législative et les principaux récits historiques et dérivant de sources écrites. Il a été complété par le rédacteur jéhoviste, peut-être d’après un autre document, mais certainement d’après la tradition orale et des sources écrites. L'élohiste est antérieur à Salomon, et le jéhoviste contemporain de ce roi. De Wette accepta cette hypothèse dans les 5e et 6e éditions de son Einleitung, 1840, 1845. Stàhelin l’adopta aussi et l’appliqua à tous les livres nommés dans le titre de son ouvrage. Kritische Untersuchungen ûber den Pentateuch, die Bûcher Josua, Richter, Samuelis und der Kônige, Bàle, 1843. Il rapportait l'élohiste au commencement de l'époque des Juges et le jéhoviste au règne de Saùl. C. von Lengerke, Kanoan, Volks und Religionsgeschichte Isræls bis zum Tod des Josua, Koenigsberg, 1844, modifia les dates, rapportant l'élohiste au début du règne de Salomon et le jéhoviste à l'époque des rapports de Juda avec l’Assyrie, vers le règne d'Ézéchias. Franz Delitzsch, Die Genesis, Leipzig, 1852, se rallia aussi momentanément à cette hypothèse.

5. Nouvelle hypothèse documentaire. — Cependant l’ancienne hypothèse des sources avait été reprise. Gramberg, Libri Geneseos secundum fontes rite dignoscendos adumbratio nova, 1828, et Stàhelin, Kritische Untersuchung ûber die Genesis, 1830, distinguaient dans la Genèse deux documents élohiste et jéhoviste, compilés plus tard. F. Bleek, Beitrâge zu den Forschungen ûber den Pentateuch, dans Studien und Kriliken, 1831, p. 488-524, prétendit que l’Hexateuque actuel avait eu au moins deux rédacteurs : l’auteur de la Genèse qui, avant le schisme des dix tribus, avait rédigé, selon le plan de l’Hexateuque, une histoire dans laquelle il avait reproduit littéralement des chants, des narrations et des lois antérieurs, en les combinant avec les données de la tradition orale ; l’auteur du Deutéronome qui, vers la fin du royaume de Juda, a inséré son œuvre dans le premier récit, qu’il modifiait et complétait surtout dans la partie qui forme le livre actuel de Josué. H. Ewald, abandonnant l’hypothèse fragmentaire, distingua cinq documents : a) le livre des alliances, écrit historique, rédigé au temps de Samson, qui allait d’Abraham à l'époque des Juges ; ê) le livre des origines, le Grundschrift élohiste, œuvre d’un lévite du début du règne de Salomon, qui conte nait l’histoire depuis la création jusqu'à la consécrationdu Temple de Salomon ; y) un récit composé par uns Éphraïmite dn x « ou du IXe siècle, contemporain d'Élie ou de Joël, qui racontait l’histoire de Moïse d’aprèsle premier document ; 8) un récit de la fin du ix= ou du commencement du vme siècle ; s) un écrit jéhoviste r œuvre d’un judéen de la première moitié ou du milieu, du "VIIe siècle, sous Osias ou Joatham. Ce dernier est le rédacteur de l’Hexateuque. Le Deutéronome formait un livre à part, rédigé dans la première partie du règnede Manassé par un juif qui vivait en Egypte et complété sous Josias par la bénédiction de Moïse, xxxiv.. Geschichte Isræls, Gœttingue, 1843, 1845, t. i, p. 60164 ; t. ii, p. 1-25. Dans les éditions suivantes, 2e, Gœttingue, 1851, 1853, t. i, p. 80-175 ; t. ii, p. 14-45 ; 3%. Gœttingue, 1864, t. i, p. 94-193, le Deutéronome de 1° fin du vif siècle a été retouché par le dernier rédacteur de l’Hexateuque, qui y a ajouté la bénédiction deMoïse. Seul, Michel Nicolas, Études critiques sur la Bible. Ancien Testament, Paris, 1862, p. -46-94, a adopté une partie des conclusions d’Ewald.

Les vues de Knobel n’ont pas eu plus de succès. Ce critique distinguait trois documents : a) le Grundschrift élohiste, composé sous Saül au moyen de sources antérieures ; b) le livre du droit, Rechtsbuch, moins complet que le précédent et fait d’après lui, contenant des lois morales et la législation théocratique, œuvre d’un lévite du royaume du nord, qui vivait à l'époque où ce royaume a été détruit par les Assyriens ; c) le livre des guerres, Kriegsbuch, ainsi nommé en raison de ses nombreux récits de bataille, composé d’après le livre du juste et le Grundschrift. Ce dernier document n’a jamais eu une existence séparée. Son auteur qui employait le nom de Jéhovah, un judéen du temps de Josaphat, un lévite probablement, a complété l’ouvrage entier par des traditions et des légendes populaires pour l’histoire primitive et à l’aide de documents pour l’histoire patriarcale. Le Deutéronome, qui est un ouvrage distinct, est plus récent, son auteur a vécu sous Josias et sa langue ressemble à celle de Jérémie. Kritik des Pentateuch und Josua, p. 489-599.

H. Hupfeld, Die Quellen der Genesis und die Art ihrer Zusamniensetzung, Berlin, 1853, a fait entrer l’hypothèse documentaire dans une voie nouvelle, que les critiques ont depuis lors généralement suivie. Il a distingué dans la Genèse trois documents indépendants : a) le premier, élohiste, qui est l’ancien Grundschrift, au moins dans son ensemble ; b) un second, élohiste, qui raconte l’histoire des patriarches ; c) le jéhoviste dont le contenu se rapproche beaucoup du précédent. Un rédacteur les a réunis et harmonisés de façon à former une histoire complète et suivie. E. Bbhmer a confirmé les vues de Hupfeld, son maître. Liber Geneseos pentateuchicus, Halle, 1860 ; Das erste Buch der Thora, 1862. Étendant ses recherches au Pentateuque entier, Th. Nôldeke, Untersuchungen zur Kritik des A. T., Kiel, 1869, p. 1-144 ; Histoire littéraire de l’A. T., trad. franc., Paris, 1873, p. 17-59, distingua quatre documents : le jéhoviste, un second jéhoviste plus ancien, le Grundschrift (élohiste), et le Deutéronome le plus récent des quatre. Les quatre premiers livres du Pentateuque et Josué avaient été formés avant la rédaction du Deutéronome. E. Schrader, Einleitung de de Wette, 8e édit., Berlin, 1869, ne reconnaissait que deux documents principaux : a) l'élohiste ou Grundschrift, œuvre d’un prêtre de Juda contemporain de David ; b) le second, élohiste, composé par un Israélite du nord peu après le schisme des dix tribus. Le jéhoviste les réunit en les remaniant et en y ajoutant de nouveaux morceaux, entre 825 et 800, sous le règne de Jéroboam II. Le Deutéronome, iv, 44-xxviii, 69, formait un ouvrage spécial, rédigé peu avant sa découverte au Temple par un écrivain qui touchait de très prés à Je-