émie. Pendant la captivité, il fut joint aux quatre premiers livres ; il subit alors des retouches et reçut des additions.
Un revirement d’opinion modifia ensuite les dates attribuées à deux de ces documents : le Grundschrift, considéré comme le plus ancien, passa pour le plus récent et le Deutéronome ne tint plus la dernière place. La théorie du développement religieux en Israël, proposée par Reuss en 1830 et 1834, puis par Vatke, Die Religion des A. T. nach den kanonischen Büchern entwickelt, Berlin, 1835, t. i, et par George, Die alteren jüdischen Feste mit einer Kritik der Gesetzgebung des Pentateuchs, Berlin, 1835, fut reprise par Graf, Die geschichtlichen Bücher des A. T., Leipzig, 1865, 1866, et dans Merx, Archiv fur wissenschäftliche Erforschung des A. T., Halle, 1869, t. i, p. 366-477, et appliquée à la critique littéraire de l’Hexateuque. Elle a donné naissance au système des quatre documents qui est aujourd’hui prédominant parmi les critiques, adversaires de l’authenticité mosaïque du Pentateuque. En voici le résumé :
a) Document élohiste, E. — Nommé ainsi, parce que son auteur s’abstient systématiquement, avant la révélation de Jéhovah à Moïse au Sinaï, d’employer ce nom révélé, et désigne Dieu sous le nom d'Élohim, ce document est le moins étendu et le moins important des quatre. Il n’a été inséré dans l’Hexateuque que par lambeaux, et par suite on a discuté sur son point de départ. On pense généralement qu’il rie contenait pas d’histoire des origines et qu’il débutait par l’histoire des patriarches. On lui attribue Gen., xx, 1-17 ; xxi, 6-32a ; xxil, 1-14, 19 ; xxviii, 11, 12, 17, 18, 20-22 ; xxix, 1, 15-23, 2528, 30 ; xxx, l-3 « , 6, 8, 17-20a, 21-23 ; xxxi, 2, 4-18a, 1945, 47, 51-55 ; xxxii, 1-3, 146-22, 24 ; xxxrn, 186-20 ; xxxv, 1-8, 16-20 ; xxxvii, 26, 5-11, 14a, 15-18a, 19, 20, 22, 236, 24, 28a, 29, 30, 31 b, 32a, 34, 36 ; XL, 1-XLii, 37 ; xliii, 14, 236 ; xlv, 1-xlvi, 5a ; xlvii, 12 ; xlviii, 1, 2, 8-22 ; l, 15-26 ; Exod., i, 15-u, 14 ; iii, 1-6, 9-15, 21, 22 ; iv, 17, 18, 206, 21 ; vii, 206, 21a, 24 ; ix, 22, 23a, 35 ; x, 8-13a, 20-27 ; xi, 1-3 ; xii, 31-36, 376-39 ; xv, 1-21 ; xvii, 3-6, 8-xviii, 27 ; xix, 26-19 ; xx, 1-21 ; xxi, 1-xxhi, 33 ; xxiv, 3-8, 12-15a, 186 ; xxxi, 186-xxxii, 8, 15-xxxm, 23. Dans le livre des Nombres, le partage entre l'élohiste et le jéhoviste est si difficile à opérer que les plus récents critiques renoncent à le faire et se bornent à attribuer à JE les passages qu’ils distinguent du code sacerdotal, à savoir Num., x, 29-xii, 15 ; xiii, 176-20, 22-24, 26631, 326, 33 ; xiv, 3, 4, 8, 9, 11-25, 31-33, 39-45 ; xvi, 16, 2a, 12-15, 25, 26, 276-32a, 33, 34 ; xx, 16, 3a, 5, 14-21 ; xxi, 1-3, 46-9, 12-35 ; xxii, 2-xxv, 5 ; xxxii, 1-17, 20-27, 38-42. Quelques versets du Deutéronome, x, 6, 7 ; xxvii, 5-7a ; xxxi, 14, 15, 23 ; xxxiii, 1-28 ; xxxiv, 5, 6, proviendraient de E, et xxxiv, 10-12, de JE. Certains critiques retrouvent un élohiste dans les livres de Josué, des Juges, de Samuel et des Rois. Son récit irait jusqu'à la mort de Saül (Cornill) ou même jusqu’au temps d’Achab (Bacon).
C'était donc un livre historique, commençant à Abraham et racontant l’histoire de Moïse et de la conquête de la Palestine d’après une tradition différente de celle qu’a reproduite le document jéhoviste. Elle comprenait le Décalogue et le livre de l’alliance, comme législation donnée à Moïse sur le mont Horeb. Ses récits seraient très objectifs et très précis. L’auteur, qui était au courant des choses égyptiennes, était déjà dominé par les vues religieuses des premiers prophètes d’Israël. Il rédigeait une histoire théocratique plutôt qu’une histoire nationale. Il employait des expressions spéciales, et son style paraît uni et coulant, quoique parfois peu châtié. Comme presque toutes les traditions qu’il rapporte se rattachent à des localités du royaume d’Israël, on pense généralement qu’il était de ce royaume. O. Procksch, Das nordhebräisches Sagenbuch. Die Elohimquelle, Leipzig, 1906. Quelques critiques ont nié l’unité littéraire de son œuvre et distingué plusieurs élohistes, deux au moins, sinon trois, E 1, E 2, E 3. Dans l'école de Wellhausen, on prétend que l'élohiste est plus récent, d’une centaine d’années, que le jéhoviste. Les traditions de celui-ci paraissent, dit-on, plus fraîches, plus simples et plus naïves. Mais d’autres critiques, Dillmann, Kittel, Kônig et même Winckler, pour des raisons différentes, soutiennent la priorité de E. Les dates proposées sont donc divergentes ; elles s'échelonnent du IXe au viiie siècle avant notre ère. Toutefois, l’auteur aurait inséré dans son œuvre des documents antérieurs : morceaux poétiques, tirés du livre des guerres de Jéhovah, Num., xxxi, 14, 15, et du livre du juste ou des justes, Jos., x, 12, 13, voir t. iii, col. 1873—1875, à savoir le chant du puits, Num., xxi, 17, 18, voir t. i, col. 1548, et le chant d’Hésébon, Num., xxi, 27-30, voir t. iii, col. 660, et peut-être aussi le cantique de Moïse après le passage de la mer Rouge, Exod., xv, 1-18, voir t. iv, col. 1211-1212 ; en outre, les oracles de Balaam, Num., xxiii, xxiv (au moins en partie), et la bénédiction des tribus d’Israël par Moïse, Deut., xxxiii, voir t. iv, col. 1213-1214 ; lois morales, le Décalogue, Exod., xx, 1-17 ; lois civiles et rituelles, le livre de l’alliance, Exod., xxi, 1-xhu, 33, voir t. i, col. 388, code israélite le plus ancien, dit-on, qu’on a rapproché du code d’Hammourabi, récemment découvert. Voir t. iv, col. 335-336.
b) Document jéhoviste, J. — On lui a donné ce nom, parce que son auteur a constamment employé le nom de Jéhovah, même avant sa révélation sur le Sinaï. C’est encore un livre historique ; mais il remonte jusqu’aux origines de l’humanité, et après l’histoire primitive, il raconte l’histoire des patriarches, ancêtres d’Israël, et du peuple juif au moins jusqu’après la conquête de la Terre Promise. On lui attribue les passages suivants du Pentateuque : Gen., ii, 46-IV, 26 ; v, 29 ; vi, 1-8 ; vii, 1-5, 7-10, 12, 166, 17, 22, 23 ; viii, 26, 3a, 642, 136, 2022 ; ix, 18-27 ; x, 8-19, 21, 24-30 ; xi, 1-9, 28-30 ; xii, l-4a, 6-20 ; xiii, 1-5, 7-llct, 126, 20-22 ; ix, 18-27 ; x, 8-19, 21, 24-30 ; xi, 1-9, 28-30 ; xii, l-4a, 6-20 ; xiii, 1-5, 7-11a, 126-18 ; xv ; xvi, 16, 2, 4-14 ; xviii, 1-xix, 28, 30-38 ; xxi, la, 2a, 33 ; xxii, 15-18 ; xxiv, 1-xxv, 6, 116, 18, 21-26a, 27-xxvi, 33 ; xxvii, l-45 ; xxviii, 10, 13-16, 19 ; xxix, 2-14, 31-35 ; xxx, 36-5, 7, 9-16, 24-xxxi, 1, 3, 46, 48-50 ; xxxii, 3-13a, 22, 24-xxxiii, 17 ; xxxiv, 26, 3, 5, 7, 11, 12, 19, 25, 26, 30, 31 ; xxxv, 14, 21, 22a ; xxxvii, 3, 4, 12, 13, 146, 186, 21, 23a, 25-27, 286, 31a, 26, 33, 35 ; xxxviii ; xxxix ; xlii, 38 ; xliii, 1-13, 15-23a, 24-xliv, 34 ; xlvi, 28-xlvii, 6, 13-27a, 29-31 ; xlix, 16-28a ; l, 1-11, 14 ; Exod., i, 6, 8-12 ; ii, 15-23a ; iii, 7, 8, 16-20 ; iv, 1-16, 19, 20a, 22-vi, 1 ; vii, 14-18, 23, 25-29 ; viii, 4-lla, 16-ix, 7, 13-21, 236-34 ; x, 1-7, 136-19, 28, 29 ; xi, 4-8, 21-27, 29, 30 ; xiii, 3-22 ; xiv, 5-7, 10-14, 19, 20, 216, 24, 25, 276, 30, 31 ; xv, 22-27 ; xvi, 4 ; xvii, 16, 2, 7 ; xix, 20-25 ; xx, 22-26 ; xxiv, 9-11 ; xxxii, 9-14 ; xxxiv, 1-28. Pour les Nombres, la part du jéhoviste est si étroitement mêlée à celle de l'élohiste qu’on ne peut les distinguer avec certitude, voir col. 89. Dans le Deutéronome, on n’attribue au jéhoviste que xxxiv, 16-4. Le jéhoviste racontait aussi l’histoire de la conquête de la Palestine, si même il ne parlait pas des Juges. J. Lagrange, Le livre des Juges, Paris, 1903, p. xxiii-xxxii.
Ce document envisageait les faits qu’il rapportait au point de vue religieux et moral, et l’histoire qu’il contient est à la fois nationale et religieuse. Pour la période, primitive, il a reproduit la tradition populaire et quelques chants de l'âge héroïque : le chant de Lamech, Gen., ii, 23, 24, voir t. iv, col. 41-42, et la bénédiction de Jacob mourant. Gen., xlix. Cf. J. Lagrange, La prophétie de Jacob, dans la Revue biblique, 1898, t. vii, p. 539-540 ; FI. de Moor, La bénédiction de Jacob, Bruxelles, 1902. L’histoire des patriarches est foncièrement la même que dans l'écrit élohiste ; elle ne se