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RESTITUTION — RESURRECTION DES MORTS


la Sainte Écriture. David restitua à Miphiboseth toutes les terres de Saùl, son grand-père. II Reg., jx, 7. Joram, roi d’Israël, fit restituer tous ses biens, avec l’arriéré des revenus, à la femme dont Elisée avait ressuscité le fils. IV Beg., TOI, 6. Cyrus restitua aux Juifs les vases d’or du Temple, que Nabuchodonosor avait emportés à Babylone. 1 Esd., vi, 5. Néhémie força les riches à restituer aux pauvres de leur nation les vignes, les oliviers, les maisons et tous les intérêts qu’ils avaient exigés d’eux, en un temps de famine, pour leur fournir du blé. II Esd., v, 1. Tobie, ii, 21, voulait qu’on’restituât un chevreau qu’il croyait dérobé. — Zachée, qui était juif et chef de publicains en Palestine, offre de restituer quatre fois le montant des torts qu’il a pu causer, doublant ainsi le taux de la restitution fixé par la loi mosaïque. Luc, xix, 8. La loi romaine condamnait le voleur à restituer le double, l’usurier ainsi que le cultivateur qui avait fraudé l’État sur la fourniture du blé, à restituer le quadruple. Cf. Caton, De re rustica, proœm. ; Cicéron, Verr., ii, 3, 13. Il est probable que Zachée ne s’inspire pas de ces prescriptions, mais plutôt d’un principe de généreuse et surabondante équité. Dans les paraboles de l’Évangile, le débiteur est mis en prison tant qu’il n’a pas restitué jusqu’à la dernière obole, Matth, , v, 26 ; Luc, XII, 59 ; on vend le débiteur, sa femme et ses enfants pour assurer la restitution, Matth., xviii, 25. Voir Dette, t. ii,

col. 1395.

H. Lesêtre.

1. RÉSURRECTION DE LA CHAIR, reconstitution des corps humains, en vue de leur réunion avec les âmes avant le jugement dernier. — Cette résurrection est insinuée par différents textes de l’Ancien Testament. Job, xix, 23-27 ; Ezech., xxxvii, 1-10. Elle est formellement supposée par les textes évangéliques qui parlent de la résurrection des morts. Joa., v, 28, 29 ; vi, 39, 40, 44 ; xi, 25 ; Matth., xxiv, 31 ; xxv, 32, 33, 46 ; Marc, xm, 27 ; Luc, xiv, 14, etc. Car, ce qui est susceptible de résurrection, ce n’est pas l’âme immortelle, mais le corps, représenté ici par une de ses parties composantes, la chair. En Jésus-Christ, la résurrection a comporté le retour de la chair à la vie. Le Sauveur ressuscité pouvait dire à ses Apôtres : « Touchez-moi, et considérez qu’un esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’en ai. » Luc, xxiv, 39. Il pouvait inviter Thomas à toucher ses mains percées et son côté ouvert. Joa., xx. 27. Sa chair, la même qu’il avait avant sa mort, avait donc retrouvé la vie par sa réunion avec l’âme. Or, d’après saint Paul, le Christ est « les prémices de ceux qui se sont endormis ; » il est le type des ressuscites, comme Adam a été celui des victimes de la mort. I Cor., xv, 20-28. La chair de l’homme aura donc un jour le sort de la chair du Christ. Après l’humiliation de la corruption, due au péché, elle reprendra la vie parla puissance de Dieu. Saint Paul explique, autant qu’il le peut, les conditions dans lesquelles la chair ressuscitera. Le corps aura alors quelque chose de la nature spiritu-elle, quant à l’incorruptibilité et à l’agilité. I Cor., xv, 36-44. La chair ressuscitée sera mise par Dieu en un état tel, qu’elle puisse partager la gloire ou le supplice de l’âme et supporter les conditions d’une existence très différente de celle que nous connaissons sur la terre. Le corps du Christ, et, selon la croyance de l’Église, celui de sa sainte Mère, participent maintenant dans le ciel à la vie glorieuse de leurs âmes. Voir Résurrection desmorts. Cf. Prat, £a théologie de S. Paul, Paris, 1908, p. 185-194. — Les anciens pensaient que la sépulture était une condition nécessaire pour que le mort pût jouir du sort heureux qu’il espérait après la vie présente. Voir Sépulture. Aussi les persécuteurs des chrétiens s’acharnaient-ils souvent à brûleries corps de leurs victimes, à les faire dévorer parles bétes, à les jeter dans les fleuves ou à la mer, de manière, croyaient ils, à mettre obstacle à la résurrection que l’on espérait. Mais, même dans ces conditions, les chrétiens ne doutaient pas de la résurrection de la chair. Ils savaientque « Dieu donne la vie aux morts et appelle les choses qui ne sont point comme si elles étaient. » Rom., iv, 17. Ils étaient assurés que « celui qui a ressuscité le Christ d’entre les morts rendra aussi la vie à nos corps mortels, à cause de son Esprit qui habite en nous. » Rom., viii, 11. La puissance de Dieu sera assez grande pour réunir un jour les éléments des corps qui ont été privés dé sépulture, aussi bien que s’ils avaient été réduits à l’état de poussière dans un tombeau ou dans le sein de la terre. Elle ne trouvera pas davantage d’obstacle dans ce fait que les éléments désagrégés d’un corps ont pu servir successivement à la composition d’autres corps humains. Ce qui fait l’identité du corps, c’est la vie qu’une même âme lui communique. Pendant l’existence terrestre, les éléments du corps humain se renouvellent sans cesse. Il se peut qu’entre le corps du vieillard et celui de l’enfant il ne subsiste plus une seule parcelle commune. Cependant c’est le même corps, parce que c’est la même âme qui l’anime et en retient associés tous les éléments. Quels que soient donc les éléments constitutifs du corps ressuscité, son identité sera assurée par la présence de l’âme, et ce corps, transfiguré à la manière que décrit saint Paul, sera le même que celui de la vie terrestre tout aussi réellement que le corps du vieillard est le même que celui de l’enfant. Saint Paul suppose formellement cette identité, quand il écrit : « Semé dans la corruption, le corps ressuscite incorruptible ; semé dans l’ignominie, il ressuscite glorieux ; semé dans la faiblesse, il ressuscite plein de force ; semé corps animal, il ressuscite corps spirituel. » I Cor., xv, 42-44. La différence des éléments matériels n’est pas un obstacle plus grand à l’identité du corps ressuscité, que leur merveilleuse transformation.

H. Lesêtre.

2. RÉSURRECTION DE NOTRE-SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST. Voir Jésus-Christ, t. iii, col. 1478-1480.

3. RÉSURRECTION DES MORTS (grec : àvâinaa !  ;  ;

Vulgate : resurrectio), retour de l’homme à la vie par îa réunion de l’âme et du corps séparés par la mort.

I. Dans l’Ancien Testament. — Dans les plus anciens Livres sacrés, il n’est point fait d’allusion formelle à l’idée d’une résurrection corporelle. L’idée contraire est même communément exprimée, non pour nier la possibilité d’une résurrection, mais pour constater que, dans le cours ordinaire des choses, elle ne se produit pas. « L’homme se couche et ne se relève plus », Job, xiv, 12, c’est-à-dire qu’il s’étend dans le tombeau et n’en sort plus. Cf. Ps. su (xl), 9 ; xliii (xlii), 17 ; Am., viii, 14. Cependant, si la loi qui fait retourner à la poussière l’homme tiré de la poussière, Gen., iii, 19, ne comportait pas d’exception, il était possible d’espérer une résurrection future, un retour des corps de l’état de poussière à l’état vivant par leur réunion avec les âmes immortelles. Cette espérance fut lente à poindre en Israël. On ne peut trouver un témoignage en faveur de la croyance à la résurrection dans le soin que les Hébreux prenaient de la sépulture de leurs morts. Voir Morts, t. iv, col. 1316. Les Égyptiens faisaient bien davantage pour les cadavres des morts et, chez la plupart des peuples sémites, des soins analogues étaient pris, sans que l’idée de résurrection future y fût pour quelque chose. On croyait seulement que la sépulture du cadavre était nécessaire pour que l’âme pût pénétrer dans le royaume des morts et y mener en paix la vie d’outre-tombe. Voir <Sépi.’lture. L’idée de résurrection, vint aux Hébreux d’antiques traditions que la révélation éveilla, précisa et développa peu à peu.

1° Bans Job. — L’auteur du livre de Job ne fait ordinairement appel qu’aux sanctions temporelles pour ré-