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RÉSURRECTION DES MORTS


Strasbourg, 1890, p. 296-297 ; Dhorme, Choix de textes religieux, p. 71. Il est invoqué comme « celui qui rend la vie aux morts. » Cf. Fr. Martin, Textes religieux assyriens et babyloniens, Paris, 1903, p. 217. Ces testes et d’autres semblables supposent au moins que l’idée de résurrection n’était pas étrangère aux anciens Babyloniens. Ils regardaient comme possible la sortie de Varallu, le séjour des morts, et ils reconnaissaient à leurs dieux la puissance de la procurer. Seuls du reste, parmi les anciens Sémites, sans parler des Hébreux, ils se sont préoccupés du grave problème de la résurrection. « Si l’on songe à l’influence extraordinaire exercée par la Châldée dans le domaine religieux et au nombre assez élevé des croyances communes à tous les Sémites, on ne sera pas éloigné de placer la résurrection dos corps parmi les idées dont se préoccupait le monde ancien vers 2000 avant J.-C, et le soin pris des sépultures trouve encore dans l’attente delà résurrection une explication plus complète. On ne voit pas d’ailleurs qu’il se soit formé sur ce point une doctrine universelle et très ferme. Tout en admettant la possibilité de la résurrection

  • en en conservant probablement l’espérance,

les Babyloniens n’ont pas fait de ce pressentiment un article de foi fondamental. » Lagrange, Études sur les religions sémitiques, Paris, 1905, p. 340. Cf. A. Lods, La croyance à la vie future et le culte des morts dans l’antiquité israélite, 2 in-8°, Paris, 1906, et Revue biblique, 1907, p. 422-433. Logiquement la foi en la résurrection future se rattachait aux traditions concernant la chute originelle. La mort avait été, non pas une nécessité matérielle, mais le châtiment du péché. Gen., ii, 17. La promesse d’une revanche de l’humanité contre celui qui fut l’instigateur de la faute permettait de compter sur le rétablissement de toutes choses en l’état primitif, par conséquent sur une restitution de la vie au composé humain tout entier, malgré la ruine momentanée du corps après la mort. Cette idée persista, à l’état un peu vague, chez les Chaldéens, comme le montrent les textes. Les patriarches hébreux emportèrent-ils avec eux quelque chose de cette espérance ? L’Écriture ne dit rien à ce sujet. Le séjour des Hébreux en Egypte les mit en contact avec un peuple qui possédait une notion très nette de la survivance de l’âme, mais n’était pas si explicite sur la résurrection du corps. Ce n’est donc pas l’Egypte qui devait leur parler de la résurrection. Ce ne fut pas non plus Moïse, qui n’eut pas à transmettre de révélation sur cette question. Ce furent encore moins les Chananéens, aux yeux desquels « tout demeurait impuissant à arracher les morts à l’oppression du sépulcre. » Vincent, Canaan, Paris, 1907, p. 295. Et cependant l’idée de résurrection apparaît tout d’un coup dans le livre de Job, écrit, croit-on, au x° siècle avant J.-C. au plus tôt, et ensuite, avec plus de précision, dans Osée, au vm « siècle. Est-il nécessaire de rechercher au dehors l’influence qui a éveillé en eux l’espérance de la résurrection, traditionnelle chez leurs ancêtres chaldéens, mais profondément endormie chez leurs compatriotes ? Non, évidemment, puisque ces auteurs étaient inspirés et que, quelque excitation qu’ils aient subie du dehors, ils avaient l’Esprit de Dieu pour leur rappeler et, au besoin, leur révéler ce qu’ils avaient à dire. Dans la révélation progressive qui fut faite aux Hébreux, la croyance à la résurrection future vint donc à son tour, à l’heure choisie par Dieu pour la rendre explicite dans la foi de son peuple.

6° Dans les Machdbées. — De magnifiques professions de foi en la résurrection sont consignées dans le récit du martyre des sept frères et de leur mère, sous Antiochus IVEpiphane. Plusieurs de ces jeunes héros se consolent eux-mêmes en évoquant la certitude de leur résurrection, et ils en font une menace à l’adresse du tyran : « Scélérat que tu es, tu nous êtes la vie présente, mais le Roi de l’univers nous ressuscitera pour une vie

éternelle, nous qui mourons pour être fidèles à ses lois. » irMach., vii, 9. « Je tiens ces membres du ciel, mais, à cause de ses lois, je les dédaigne, et c’est de lui que j’espère les recouvrer un jour. » II Mach., vii, 11. « Heureux ceux qui meurent de la main des hommes, en espérant de Dieu qu’ils seront ressuscites par lui ! Quant à toi, ta résurrection ne sera pas pour la vie. » II Mach., vu, 14. Cf. Heb., xi, 35. Et la mère, pour soutenir le courage de ses fils, leur disait : « Le créateur du monde vous rendra dans sa miséricorde et l’esprit et la vie, parce que maintenant vous vous méprisez vous-mêmes pour l’amour de sa loi. » II Mach., vii, 23. La résurrection est ainsi affirmée, non seulement pour les justes, mais même pour le persécuteur ; seulement sa résurrection ne sera pas pour la vie. II Mach., vii, 14. L’àvàtrzixmç sis ïwr, v dont il est ici question paraît être en effet la résurrection le-hayyê’ôldm, sis Çwt]v a’ioimov, « pour la vie éternelle », que Daniel, xii, 2, oppose à la résurrection pour l’opprobre éternel. Il se pourrait cependant que le texte des Machabées voulût dire simplement qu’Antiochus ne reviendra pas plus tard à la vie, c’est-à-dire ne ressuscitera pas du tout. Mais ce second sens ne s’impose nullement de préférence au précédent. — Un autre passage du même livre ajoute une nouvelle notion à celle de la résurrection. À la suite d’une bataille, Judas Machabée prie et fait offrir un sacrifice à Jérusalem pour ceux de ses soldats qui sont morts. Après avoir relaté le fait, l’historien sacré poursuit : « Belle et noble action inspirée par la pensée de la résurrection ! Car s’il n’avait pas cru que les soldats Lues dans la bataille dussent ressusciter, c’eût été chose inutile et vaine de prier pour des morts. » Mach., xii, 43-44. La Vulgate traduit un peu différemment, sans que le sens soit modifié. Avant la résurrection, il y a donc une expiation nécessaire pour les justes qui sont morts avec quelques fautes pardonnables, et les vivants peuvent aider les morts dans cette expiation.

7° Dans la Sagesse. — C’est surtout la foi à l’immortalité qui est affirmée énergiquement dans ce livre. Les impies de ce temps disent déjà : « On ne connaît personne qui soit revenu du séjour des morts. » Sap., ii,

1. Mais ils se trompent. Sap., ii, 21. Donc le contraire est vrai ; on reviendra du séjour des morts et, un jour, les bons et les méchants se retrouveront en face les uns dès autres au jugement de Dieu. Si la résurrection n’est pas plus nettement affirmée, elle est du moins supposée par l’attitude qui est prêtée aux impies devant le tribunal suprême et par la nature des châtiments qui fondent sur eux. Sap., v, 2-23. Mais l’auteur se place presque exclusivement au point de vue de l’âme séparée du corps et pouvant vivre sans lui dans un autre monde, comme elle le fera en réalité depuis la mort jusqu’à la résurrection. Sans doute, il rappelle, au sujet des impies, les sanctions temporelles auxquelles s’arrêtaient presque toujours les écrivains sacrés qui l’ont précédé. Sap., iii, 10-IV, 6. Il ne paraît nullement, néanmoins, que les impies dont il parle soient exclusivement des Israélites. Or, impies et justes comparaissent également au tribunal de Dieu. Sap., iv, 20 ; v, 1, 2. Les justes y viennent en corps et en âme, d’après Daniel, xii, 1-3 ; on peut donc considérer comme acquis que les méchants en général y seront dans le même état, ainsi que le prophète l’a affirmé déjà des Israélites infidèles.

8° Dans les apocryphes. — Le Livre d’Hénoch représente l’état des idées palestiniennes dans le siècle qui a précédé Jésus-Christ. On y lit : ce En ces jours, la terre rendra son dépôt, et le sche’ol rendra ce qu’il a reçu, et les enfers rendront ce qu’ils doivent. Il (l’Élu de Dieu) choisira parmi eux les justes et les saints, car il est proche le^jourjoù ils seront sauvés. » Hénoch, li, 1,

2. Les anges ont en main des mesures qui seront un instrument de résurrection. « Ces mesures révéleront tous les secrets de l’abime de la terre, et ceux qui ont