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PENTATEUQUE


saint Pierre, Act., iii, 25, et par saint Paul. Gal., iii, 8. La préposition 2, unie à la forme passive, désigne l’auteur ou l’instrument et signifie ici en toi ou par toi, de sorte que la bénédiction divine, qui se répandra sur les familles de la terre sera en la personne d’Abraham ou viendra par son intermédiaire. Saint Paul a expliqué le sens de cette promesse. Gal., iii, 7-9. Abraham ayant été justifié par la foi, Gen., xv, 6 ; Rom., iv, 3 ; Jac, ii, 23, tous les croyants sont ses fils. Rom., iv, 11, 12. Or l’auteur de l'Écriture, décidant de justifier les gentils par la foi, a annoncé d’avance à Abraham que toutes les nations seront bénies en lui, si elles ont la foi et bien qu’elles ne pratiquent pas la loi mosaïque. Il en résulte donc que tous les gentils, qui sont fils d’Abraham parce qu’ils partagent sa foi, auront part à sa bénédiction. Cf. J. Boehmer, Dos bibliscke « Im Namen », Giessen, 1898, p. 50. Le P. Cornely, Comment, in Epist. ad Cor. altérant et ad Gal., Paris, 1892, p. 480, l'étend à tout le salut messianique. Or, cette bénédiction les gentils la recevront par Abraham et le Christ son rejeton.

4° La bénédiction de Jacob mourant à Juda. Gen., xlix, 8-10. — Elle est certainement dans la bouche de Jacob une prophétie en même temps qu’un testament. Juda obtient la prééminence, refusée à Ruben, à Siméon et à Lévi, ses frères aînés, à cause de leurs fautes. Voir t. iii, col. 1073 ; t. iv, col. 201. Le premier en Israël, il aura gloire, force et souveraineté. Il donnera des rois à son peuple à partir de David. « Le sceptre ne sortira pas de Juda, ni le bâton de commandement d’entre ses pieds, jusqu'à ce que vienne « celui auquel il appartient », à qui est (due) l’obéissance des peuples ! » ꝟ. 10. La première partie du verset est claire. Il s’agit du bâton de commandement et du bâton de justice, qui sont les symboles de l’autorité civile et judiciaire de la tribu de Juda. Les Égyptiens et les Assyriens avaient de ces longs bâtons entre les pieds. "Voir t. i, col. 1510-1512. Seule, la seconde partie du verset est obscure, au moins dans le texte massorétique. La leçon rïW, Silo, n’a aucune signification pour la tribu de Juda, qui ne s’est jamais établie en ce lieu. Voir Silo. Ce n’est que par pure conjecture qu’on a substitué à ce nom celui de Salem, qu’aucun texte n’a conservé..D’ailleurs, la liaison locale avec le premier membre de la phrase n’a pas de sens ; on ne comprendrait guère que le sceptre que Juda tient entre ses pieds n’en sorte pas jusqu'à ce qu’il soit arrivé en un lieu, puisqu’il est au repos et pas en marche. Cette leçon, entendue dans le sens de « paix », ne se justifie guère au point de vue philologique et elle ne s’harmonise pas avec le contexte, car Juda, déjà au repos après le pillage, ji. 9, ne peut pas perdre le sceptre, en s'établissant pacifiquement sur son territoire. Il ne resterait, si l’on maintient la leçon rft’tf, qu'à en faire un nom symbolique du Messie, signifiant « le pacifique ». Mais la leçon rVîtf, appuyée par tous les anciens, sauf par saint Jérôme, paraît préférable. On la traduit, en sous-entendant NW : « celui à qui le sceptre appartient. » Ézéchiel, xxi, 32 (Vulgate, 27), a une formule analogue, quofque plus explicite. Le sens est ainsi très clair : Juda conserve le sceptre jusqu'à ce que vienne celui à qui il est destiné et à qui les peuples rendront obéissance. Celui-là est vraisemblablement un rejeton de Juda, qui prendra le sceptre, conservé longtemps dans sa tribu, et qui régnera sur les peuples. Cette prophétie a été réalisée par l’empire universel de JésusChrist ; le Messie, sorti de Juda, a vraiment conquis l’obéissance de tous les peuples. Voir t. iii, col. 17701771. Cf. Reinke, Die Weissagung Jacobs, Munster, 1849 ; F. "Vigouroux, Manuel biblique, 12e édit., Paris, 1906, 1. 1, p. 733-739 ; Patrizi, Biblicarum qusestionum decas, p. 69-118 ; A. Lëmann, Le sceptre de la tribu de

Juda, Lyon, 1880 ; Corluy, Spicilegium dogmaticobiblicum, t. i, p. 456-474 ; Lamy, dans le Dictionnaire apologétique de la foi catholique de Jaugey, col. 16241649 ; card. Meignan, De l'Éden à Moïse, p. 435-464 ; Lagrange, La prophétie de Jacob, dans la Revue biblique, 1898, t. vii, p. 530-531, 540 ; F. de Hummelauer, Comment, in Gen., p. 592-597.

5° La prophétie de Balaani. —r Voir t. i, col. 13921397. Cf. Patrizi, Biblicarum qusestionum decas, p. 118160 ; F. Vigouroux, Manuel biblique, t. i, p. 775-779 ; card. Meignan, De Moïse à David, Paris, 1896, p. 194282.

6° Le prophète annoncé par Moïse. Deul., xviii, 1519. — Moïse, parvenu au terme de sa vie, rappelle aux Israélites la promesse que Dieu lui avait faite de susciter du milieu d’eux un prophète semblable à lui. Ce prophète ne peut être Job, comme l’ont prétendu quelques rabbins, ni Josué quiétaitpeut-êtredéjà institué comme successeur de Moïse, Num., xxvii, 18-23, pour conduire Israël, mais pas pour continuer sa mission prophétique. Les commentateurs catholiques se sont partagés en deux camps dans l’interprétation de cet oracle messianique. Le plus grand nombre s’appuyant sur la tradition juive qui, au temps de Jésus, reconnaissait dans ce prophète le Messie lui-même, Joa., i, 21 ; vi, 14 ; vii, 40, devant annoncer aux hommes toutes choses, Joa., iv, 25 ; cf. Deut., xviii, 18, prédit par Moïse, Joa., i, 45, v, 45, 46 ; sur l’interprétation de saint Pierre, Act., iii, 22, 23, de saint Etienne, Act., vii, 37, et de la plupart des Pères, l’ont entendu du Messie seul et de sa mission prophétique. Patrizi, Biblicarum qusestionum decas, p. 161-175 ; F. Vigouroux, Manuel biblique, t. i, p. 779 ; Corluy, Spicilegium dogmaticobiblicum, t. i, p. 447-455. Mais, à partir de Nicolas de Lyre, un autre courant s’est produit, qui voit dans cet oracle l’annonce prophétique de toute la série des prophètes d’Israël, y compris le Messie, le dernier des prophètes et l’objet principal des oracles messianiques de ses devanciers. Moïse, en effet, quand.il prononça cet oracle, voulait montrer aux Juifs qu’ils ne devaient pas consulter les devins, puisque Dieu leur avait promis une suite continue de véritables prophètes, qui leur feront connaître les volontés divines et leur annonceront toutes choses. Si les contemporains de Jésus et ses Apôtres appliquent cet oracle au Messie seul, c’est que la série des prophètes antérieurs, qui l’avaient préparé, était close ; c’est que le Messie était vraiment le dernier des prophètes, dont on attendait alors la venue prochaine. Act., iii, 22-26. Corneille de la Pierre, Comment. in Deut., Lyon, 1732, p. 764 ; Calmet, Commentaire littéral, t. i b, p. 497-498 ; card. Meignan, De Moïse à David, p. 292-313 ; F. de Hummelauer, Comment. in Deut., Paris, 1901, p. 371-377. Dans les deux interprétations, le sens est identique : le Messie sera un prophète israélite, pareil à Moïse, qui annoncera aux hommes toutes les volontés divines.

VII. Commentaires. — Ils sont très nombreux ; nous n’indiquerons que les principaux. — 1° De l'époque patrislique. — 1. Pères grecs et syriens. — S. Hippolyte, Fragmenta in Hexæmeron (Gen., Num.), t. x, col. 583-606 ; dans Die Griechischen christlichenSchriftesteller, Leipzig, 1897, t. i, p. 51-119 (chaîne arabe) ; Bonwetsch, Die georgisch erhaltene Schriften von Hippolytus : Der Segen Jakobs, der Segen Moses, etc., dans Texte und Untersuch., Leipzig, 1904, t. XI, fasc. 1, p. 1-78 ; Origène, Selecta in Genesim, t. xii, col. 91-145 ; Homiliæ in Genesim, ibid., col. 145-262 ; Selecta et Homiliae in Exod., Lev., Num. et Deut., ibid., col. 263-818 ; Fragmenta, t. xvii, col. 11-36 ; S. Basile, Homiliæ in Hexæmeron, t. xxix, col. 3-208 ; S. Grégoire de Nysse, In Hexæmeron, t. xliv, col. 61124 ; De hominis opificio, ibid., col. 124-297 ; De vita Moysis, ibid., col. 297-430 ; S.Jean Chrysostome, Homi-