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RUMA — RUSE


peu la dernière affirmation en disant : « La plupart disent maintenant que c’est Arimathie. » Onomasticon, édit. Larsow et Parthey, Berlin, 1862, p. 316, 317. Si l’identité de Remthis, aujourd’hui Rentîs avec Arimathie et Ramathaim (voir Ramathaîm-Sophîm, col. 944) est aujourd’hui reconnue d’un grand nombre, on conteste presque universellement qu’elle puisse être la Ruma, ou Arima, du livre des Juges. D’après son récit, cette localité semble avoir appartenu au territoire de Sichem et n’avoir pas été éloignée de cette ville. Rentîs est, en effet, à environ 40 kilomètres de Nablus, l’ancienne Sichem et les chemins pour arriver de l’une à l’autre sont des plus difficiles. — On doit faire, malgré l’analogie des noms, la même remarque pour Beil-Bîma, située à 8 kilomètres à l’est de Rentîs, et dans laquelle plusieurs auteurs ont voulu voirRuma-Arima. Cf. Buhl, Géographie des Alten Palâstina, 1896, p. 170-171. — Au xiie siècle, on la reconnaissait dans une localité à 4 verstes, selon l’hégoumène russe Daniel, à l’ouest de Sébaste (Samarie). Itinéraires russes en Orient, édit. de Khitrowo, Genève, 1884, p. 58. Il s’agit évidemment de Bâmîn, grand village, bâti sur une colline à 4 kilomètres et demi à l’ouest de Sébasliéh. Le rabbin Schwarz propose la même identification. Tebuoth ha-Arez, édit. Luncz, Jérusalem, 1900, p. 194. On peut objecter que Râmin paraît avoir plus de rapport avec le mot Rimmôn, « . grenade », qu’avec la racine râm dont Rûmdh, « élevée », semble plutôt procéder. — Les explorateurs modernes préfèrent généralement el-'Orméh, proposée par Van de Velde. Celte ruine située à 10 ktlomèlres au sud-est de Nablus et à 3 au nord-ouest de 'Aqrdbéh, est une antique forteresse, couronnant le sommet d’une colline abrupte qui commande toute la contrée. On y voit de nombreuses citernes et de vastes caveaux pratiqués dans le roc. Une belle vallée plantée d’oliviers se développe à l’est. Le changement de VA initial en l’aspiré 'A, se retrouve en d’autres noms, par exemple dans celui d"Ascalon devenu 'Asqalân. Cf. F. de Saulcy, Dictionnaire topographique de la Terre Sainte, Paris, 1877. p. 262 ; TheSurvey of Western Palestine, Memoirs, t. ii, p.387 ; Riess, Biblische Géographie, 1872, p. 6. — On trouve en outre, à douze cents mèlres à l’est-nord-est de Sébastiéh et à cinq cents à l’ouest de Nusf edj-Djebêl, « à moitié des montagnes », village situé sur le flanc septentrional de la montagne qui est le prolongement de l’ancien Ébal et à dix kilomètres deNaplouse, une source connue sous le nom de 'Ain Kefr Bûmâ, « la fontaine du vitlage de Rùmà ». Ce dernier nom était sans doute celui du village voisin. Il semble plus rapproché que les autres du nom biblique et peut-être serait-il plus juste de chercher ici qu’ailleurs la résidence du juge Abimélech. L. Heidet.

    1. RUMINANTS##

RUMINANTS, animaux qui ruminent. — La rumination est appelée gêràh ; Septante : |jujpuxi<Tf16 ; ). Les deux mots hébreu et grec désignent, dans le sens concret, ce que ruminent certains animaux. Le mot hébreu ne se rencontre que dans les expressions hé'âlâh gêrâh, « faire monter la rumination », Lev., xi, 3-6, 26 ; Deut., xiv, 6, et gdrar gêrah, « tirer la rumination ». Lev., xi, 7 ; Deut., xiv, 8.Il n’est point certain d’ailleurs que gêrâh vienne de la racine gdrar. La Vulgate traduit ces expressions par le seul mot ruminare. — Un Certain nombre de mammifères herbivores sont pourvus de quatre estomacs. Une fois mâchés, les aliments sont absorbés par un premier estomac appelé panse ; l’animal les fait remonter dans la bouche à travers un second estomac, le bonnet, dans lequel ils s’imbibent et se compriment ; les aliments remâchés passent ensuite, par l'œsophage, dans un troisième estomac appelé feuillet, pour se rendre enfin dans le quatrième estomac, la caillette, où se fait la diges tion. Même quand leur repas est terminé, les ruminants mâchonnent presque constamment, pour achever la mastication des aliments précédemment ingérés. Les ruminants n’ont pas d’incisives supérieures, remplacées chez eux par un bourrelet dur et calleux ; ils ont les pieds fourchus. Les ruminants sont, parmi les bovidés, le bœuf, la chèvre, le mouton, l’antilope, le bouquetin ; parmi les cervidés, le cerf, le chevreuil, la girafe ; parmi les camélidés, le chameau, le dromadaire, etc. — La loi mosaïque permettait de manger les ruminants, caractérisés par la rumination et par le pied fourchu. Elle en excepte le chameau, dont la corne n’est pas divisée. Le chameau a bien le pied bifurqué, comme les autres ruminants, mais ce pied est muni en dessous d’une forte semelle cornée, ce qui permet de dire qu’il n’est pas divisé. Voir Chameau, t. ii, col. 519. La loi range aussi parmi les ruminants le lièvre et le daman. Lev., xi, 5, 6 ; Deut., xiv, 7. Ces deux animaux ne ruminent qu’en apparence, et c’est seulement d’après cette apparence que la loi parle d’eux. Voir Chœrogrylle, t. ii, col. 714 ; Lièvre, t. iv, col. 252.

H. Lesêtre.

RUPERT DE ŒUTZ (Rupertus Tuitiensis), exégète et mystique de la première moitié du xii b siècle, dont la patrie et la date de naissance ne sont pas exactement connues. Il était originaire des environs de Liège, d’après Mabillon ; il était Allemand, d’après Trithème, P. L., t. clxvii, col. 11. Son surnom de Deutz provient de l’abbaye de Deutz, monastère de bénédictins, situé sur la rive droite du Rhin en face de Cologne, dont il devint abbé en 1119 ou 1120. Il avait pris l’habit de saint Benoît au monastère de Saint-Laurent à Liège. Il mourut d’après l’opinion la plus probable en 1135. Il s'était voué principalement à l'étude de l'Écriture Sainte et de la théologie mystique. Il s’attacha moins à l’explication littérale du texte sacré qu'à l’explication spirituelle et allégorique. Nous citerons parmi ses écrits De Trinitate et operibus ejus libri XLII, publié en 1117, dans lequel il se proposait d’expliquer tout le plan du salut, qu’il étudie successivement dans les cinq livres du Pentateuque, Josué, les Juges, les Rois, Isaïe, Jérémie, Ézéchiel, Daniel et les quatre Évangiles, t. clxvii, col. 198-1570 ; Commentaria in duodecim prophelas minores, t. CLXvm, col. 1-836 ; in Cantica Canticorum de Incarnatione Domini, col. 839-962, que Rupert résume dans ces deux vers :

Femina mente Deum concepit, corpore Christum : Integra fudit eum nil opérante viro ;

Super Job, col. 961-1196 ; In librum Ecclesiastes, col. 1195-1306, où l’auteur s’attache au sens littéral plus que dans ses autres ouvrages : Opus de gloria et honore Filii hominis super Mallhseum, col. 1307-1434 (commentaire allégorique) ; In Evangelium Joannis commentariorum libri XIV, t. clxix, col. 201-826 (le commentaire suit le texte, dans le sens littéral, concilie les divergences et ajoute souvent une interprétation allégorique) ; In Apocalypsim, col. 825-1214 (le contenu de ce livre est considéré plutôt comme se rapportant à l’histoire de l'Église dans le passé, depuis la création jusqu'à la venue de Noire-Seigneur que comme une prophétie de l’avenir). — Voir Histoire littéraire de la France, t. XI, 1759, p. 422-587 ; Rocholl, Rupert von Deutz, Gûtersloh, 1886.

RUSE (hébreu : nêkél, iëkél, 'armâh ; Septante : SôXoç, SoXtonric, uavoypyta ; Vulgate : aslutia ; le rusé est appelé 'ârûm, iravo’jpvoç, astutus, callidus), habileté à se tirer d’embarras ou à y mettre les autres, et acte procédant de cette habileté. Cette habileté confine parfois à la fourberie. Voir Fourberie, t. ii, col. 2339. — La première et la plus grave des ruses dont parle la Sainte Écriture est celle de Satan, prenant la forme