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RUSE — RUTH (LIVRE DE)


du serpent et faisant tomber Eve dans le péché. Gen., in, 1 ; II Cor., xi, 3. — Celui qui tuait son prochain par ruse ou guet-apens devait être mis à mort sans pitié. Exod., xxi, 14. — Les ruses des Madianites firent tomber les Israélites dans l’idolâtrie à Béelphégor. Num., xxv, 18. —Jacob obtient par rusela bénédiction d’isaac, et il s’enrichit par ruse aux dépens de Laban. Voir Jacob, 1, t. iii, col. 1061, 1063. — Les Israélites, comme plusieurs autres peuples anciens, estimaient la ruse presque à l'égal de la bravoure. Différentes ruses de guerre sont mentionnées : Les Gabaonites feignent de venir de très loin afin que Josué fasse alliance avec eux, Jos., IX, 3-15 ; la ville de Haï est prise grâce à un stratagème, Jos., viii, 3-23 ; Gédéon se sert de trompettes et de torches enfermées dans des cruches pour jeter la panique parmi les Madianites, Jud., vii, 15-23 ; Abimélech s’empare de Sichem par ruse, Jud., ix, 32-40 ; plus tard, Judith se. sert de la ruse pour se bien faire venir d’Holopherne et le tuer. Judith, x, 1-xui, 11, etc. Saül remarque que David était fort rusé. I Reg., xxiii, 22. Ce dernier justifia sa réputation à la caverne d’Engaddi, 1 Reg., xxiv, 4-10 ; au désert de Ziph, I Reg., xxvi, 7-16 ; à Geth,

I Reg., xxvii, 8-12, etc. — Job, v, 13, dit que Dieu prend les plus habiles dans leurs propres ruses. C’est ce que l’on constate fréquemment dans l'Évangile, quand les ennemis du Sauveur cherchent à le prendre en défaut. Ainsi en est-il à propos des guérisons opérées le jour du sabbat, Matth., xil, 10-12 ; de la femme adultère, Joa., viii, 5 ; de l’autorité divine du Sauveur, Matth., xxi, 23-27 ; du tribut à César, Matth., xxii, 15-22 ; de la résurrection, Matth., xxii, 23-33, etc. — Saint Paul rappelle la sentence de Job à propos de la sagesse de ce monde. I Cor., iii, 19. Il recommande de ne pas se conduire par astuce, II Cor., iv, 2, et de ne pas se laisser prendre, comme des enfants, à la ruse des docteurs de mensonge. Eph., iv, 14. — Lui-même, parlant des industries de son zèle, se présente à ses fidèles comme un homme astucieux qui use d’artifices.

II Cor., xii, 16.

H. Lesêtre.
    1. RUSSES##

RUSSES (VERSIONS) DES SAINTES ÉCRITURES. Voir Slaves (Versions).

1. RUTH (hébreu : Rûf ; Septante : 'Pouô), femme moabite dont l’histoire est racontée dans le petit livre qui porte son nom. Élimélech, Israélite domicilié à Bethléhem, dans la tribu de Juda, à l'époque des Juges, émigra au pays de Moab avec sa femme Noémi, et ses deux fils Mahalon et Chélion, poussé par la famine qui désolait alors la Palestine. Il y mourut après un certain temps, et ses deux fils épousèrent des femmes moabites : Mahalon s’unit à Ruth, iv, 10, et Chélion à Orpha. Ils ne tardèrent pas à mourir eux-mêmes, et Noémi resta seule avec ses deux belles-filles, i, 1-5. La famine ayant cessé de sévir à Bethléhem, elle se décida à rentrer dans sa patrie, et elle engagea ses brus à demeurer avec leurs familles d’origine. Après un moment d’hésitation, Orpha prit le parti de rester ; mais Ruth refusa de se séparer de sa belle-mère : « En quelque lieu que tu ailles, j’irai, et partout où tu demeureras, j’y demeurerai aussi ; ton peuple sera mon peuple, et ton Dieu sera mon Dieu, » i, 6-16. Noémi l’emmena donc avec elle, i, 18. Elles arrivèrent à Bethléhem au commencement de la moisson des orges, c’est-à-dire vers la fin d’avril, et Ruth se mit aussitôt à glaner, pour subvenir aux besoins de l’humble ménage, i, 19-n, 2. La Providence permit que le champ où elle vint tout d’abord appartint à Booz, riche propriétaire, qui était un assez proche parent d'Élimélech. Booz remarqua la jeune femme, et, comme il connaissait l’histoire de ses vertus, et son attachement pour sa belle-mère, pour le pays et la religion d’Israël, il ordonna à ses moisson neurs non seulement de la traiter avec respect et de la faire manger avec eux, mais de laisser tomber à dessein des épis à terre, pour que sa glane fût plus considérable, ii, 3-23. Lorsque Noémi eut connaissance de cette noble etgénéreuse conduite, elle donna des instructions à Ruth, pour que celle-ci engageât Booz à remplir son rôle de go'ël, c’est-à-dire de protecteur, en rachetant l’héritage d'Élimélech et en l'épousant elle-même, iii, 1-18. Comme il y avait un parent encore plus proche que Booz, on obtint qu’il se désistât, iv, 1-12 ; ensuite Booz épousa Ruth, à la grande joie de tous les habitants de Bethléhem. Ils eurent un fils, qu’on nomma Obed et qui fut l’aïeul de David, iv, 13-22. — Ruth peut être envisagée comme « un singulier exemple de vertu et de piété, dans un âge de rudesse et parmi un peuple idolâtrique… ; comme l’héroïne d’une histoire exquise en beauté et en simplicité. » A. C. Hervey, dans Smith, Diction, of the Bible, t. iii, p. 1064. Saint Jérôme fait remarquer, Epist. xxii ad Paulam, t. xxii, col. 471, que nous pouvons apprécier la grandeur de sa vertu par la grandeur de sa récompense : Ex ejus semine Christus oritur. Elle est, en effet, mentionnée dans la liste des ancêtres de Notre-Seigneur. Matth., i, 5. — Sur l'époque où elle vivait, voir Ruth 2. L. Fillion.

2. RUTH (LIVRE DE). — I. SUJET ET DIVISION. — 1° Cet écrit, l’un des plus courts de ceux qui composent l’Ancien Testament, est ainsi nommé parce qu’il raconte l’histoire de Ruth la Moabite. Comme l’a fait remarquer Ewald, Geschichte des Volkes Israël, 3e édit., t. i, p. 225, ce livre est unique en son genre dans l’Ancien Testament, où nous ne trouvons nulle part une histoire de famille d’ordre aussi intim, e, exposée avec autant de détails.

2° Il se divise en deux parties. La première, qui sert d’introduction, i, 1-22, raconte comment Ruth, après avoir épousé un des fils de Noémi, et être devenue veuve comme sa belle-mère, vint se fixer avec celle-ci à Bethléhem. La seconde, qui contient le corps du récit, H, 1-iv, 22, montre dans quelles circonstances elle devint la femme de Booz, la mère d’Obed, et par làmême l’aïeule du roi David. — En voici les subdivisions : 1. 1° Premier mariage et veuvage de Ruth, i, 1-5 ; 2° Noémi revient à Bethléhem avec Ruth, i, 6-22. — II. 1° Ruth glane dans les champs de Booz, ii, 1-23 ; 2° Noémi intervient pour ménager un mariage entre Rulh et Booz, iii, 1-6 ; 3° Booz consent à épouser Ruth, ni, 7-18 ; 4° L’affaire du mariage est légalement traitée en présence des notables de la ville, iv, 1-12 ; 5° Mariage de Booz et de Ruth, naissance d’Obed, iv, 13-17 ; 6° Généalogie de David, en remontant jusqu'à Phares, iv, 18-22.

II. ÉPOQUE À LAQUELLE SE PASSÈRENT LES FAITS. —

Le livre de Ruth ne signale qu’une seule date proprement dite. Nous la trouvons dès la première ligne, I, 1 : « Aux jours où les Juges jugeaient, » c’est-à-dire gouvernaient ; avec une paraphrase dans la Vulgate : ira diebus unius judicis, quando judices preeerant. Mais la période en question fut considérable, puisqu’elle correspond à l’intervalle de temps compris entre les années 1401 et 1095 avant J.-C. Voir Chronologie biblique, t. ii, col. 738. On a cherché à préciser davantage cette donnée générale. Josèphe, Ant. jud., y, ix, 1, place l’histoire de Ruth sous la judicature d’Héli, qui précéda immédiatement celle de Samuel etl’institution de la royauté chez les Hébreux. Cela nous conduirait aux années 1168-1128 (t. ii, col. 738), et cette date est admissible. En effet, les deux derniers versets du livre, rv, 21-22, supposent quatre générations entre Booz et David, y compris celle de Booz ; ce qui équivaut à environ 100 ans : or, il s'écoula cent treize ans depuis le début de la judicature d’Héli jusqu’au règne de David (1168-1055). — D’autres ont pensé que cette date était