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SANCTUAIRE — SANG


de l’Egypte, l’an 14 du roi Darius II (424-405). « Ils sont arrivés à ce sanctuaire, écrivent-ils, et l’ont détruit jusqu’au sol. Ils ont brisé les colonnes de pierre qu’il y avait là. Même il arriva encore que des portes de pierre, au nombre de cinq, construites en pierres de taille, qui étaient dans ce sanctuaire, ils les ont détruites… Or, dès le temps du roi d’Egypte, nos pères ont bâti ce sanctuaire dans la cité de Iêb, et lorsque Cambyse est arrivé en Egypte, il a trouvé ce sanctuaire bâti, et ils ont renversé tous les sanctuaires des dieux de l’Egypte, et personne n’a rien abîmé à ce sanctuaire. » Papyrus Sachau, i, 9-14, Berlin, 1908. Le sanctuaire avait donc une certaine importance. Le grand-prêtre de Jérusalem, auquel les Juifs d’Éléphantine avaient déjà écrit une première fois, ainsi qu’à Bagohi lui-même, n’avait pas répondu. Sollicité à nouveau par la lettre précédente, Bagohi répondit : « Au sujet de la maison d’autel du Dieu du ciel, qui a été bâtie dans la cité de Iêb auparavant, avant Cambyse. .. : qu’elle soit rebâtie à sa place comme auparavant, et qu’on offre des sacriBces non sanglants et de l’encens sur cet autel, comme auparavant il était pratiqué. » Papyrus Sachau, iii, 3-11. Bagohi parle seulement de sacrifices non sanglants, sans doute pour ne pas surexciter l’animosité des habitants d’Éléphantine, dont le territoire était le fief religieux du dieu bélier. Mais, dans leur requête, 21, 25, 28, les Juifs mentionnent ouvertement les holocaustes qu’ils offraient dans leur temple. En s’adressant au gouverneur perse de Judée, et non plus au grand-prêtre Jochanan, ils agissent avec bonne foi. « Ignoraient-ils absolument la loi sur l’unité du culte ? Il est difficile de le croire, mais ils ont pu estimer qu’elle n’obligeait que pour la Palestine. Ils se trouvaient vraiment dans des conditions tout autres que celles qui avaient été prévues par la loi. À leur point de vue, mieux valait rendre à Iahô le culte traditionnel que d’avouer le triomphe du dieu Knoub et de ses prêtres. À Jérusalem, on ne pouvait raisonner de la sorte. Le point cardinal de la réforme de Néhémie et d’Esdras était précisément de constituer à Jérusalem, autour du Temple rebâti, une communauté sainte, soigneusement séparée du contact avec les peuples voisins, fussent-ils en majorité d’origine Israélite. Le principal obstacle venait de ces Samaritains qui avaient voulu s’associer à la reconstruction du Temple, et qui, repoussés, s’étaient résolus à pratiquer chez eux le culte de Iahvé. » Lagrange, Les nouveaux papyrus d’Éléphantine, dans la Revue biblique, 1908, p. 346. Bagohi n’avait pas qualité pour commander à Éléphantine. La réponse favorable qu’il rédigea était adressée au gouverneur égyptien, Arsam. Devenu l’ennemi du grand-prêtre Jochanan et ami des fils de Sanaballat, qui voyaient d’un bon œil l’érection du temple de Garizim, il fut sans doute bien aise de déplaire au premier, en donnant un avis que celui-ci n’eût probablement pas ratifié. Cf. Lagrange, Revue biblique, 1908, p. 325-349. Le temple juif d’Éléphantine ne fut pas relevé ou fut de nouveau détruit après sa restauration, car ni Josèphe ni les auteurs de la Mischna n’y font la moindre allusion. — Le temple samaritain de Garizim fut toujours considéré comme absolument contraire à la loi. Cf. Joa., iv, 20. Voir Garizim, t. iii, col. 111. D n’en fut pas de même de celui que les Juifs d’Egypte construisirent à Léontopolis, en 160 avant J.-C. Voir Oxias IV, t. iv, col. 1818. Cf. Flinders Pétrie, Byksos and isrælite Cities, Londres, 1906, p. 19-27. D’après les docteurs palestiniens, il est vrai, les sacrifices complets et le nazaréat n’étaient point valides dans le temple d’Onias ; tout était à recommencer dans celui de Jérusalem. Les prêtres qui avaient offert dans le temple égyptien n’étaient pas admis à remplir le même office dans le temple palestinien ; ils étaient considérés

comme frappés d’irrégularité. Cf. Menacholh, xiii, 10. Les prêtres de Léontopolis se tenaient d’ailleurs en rapport assidu avec Jérusalem, sentant bien que leur culte ne suffisait pas à se légitimer par lui-même. On ne voit pas cependant que le temple d’Onias ait été tenu formellement pour schismatique et qu’il ait encouru de positives condamnations. Il passait plutôt pour insuffisant, aux yeux des plus rigides. Bien que ce temple ait subsisté jusqu’en l’année 73 après J.-C. et qu’il ait été fréquenté par un grand nombre de Juifs, il n’en est jamais fait mention dans le Nouveau Testament. Cette tentative de décentralisation du culte resta sans imitateurs. On voit les Juifs de la dispersion élever partout des synagogues ; nulle part ils n’essaient d’y annexer le culte sacrificiel, et, de fait, le Temple une fois ruiné, ils renoncent à tout jamais à offrir des sacrifices. Leur persuasion était donc établie que les sacrifices ne pouvaient s’offrir que dans un temple unique, que ce temple ne pouvait êtrequ’à Jérusalem, et que mieux valait renoncer totalement à la célébration des sacrifices qu’essayer d’immoler ailleurs.

III. Caractère sacré du sanctuaire. — Le sanctuaire, demeure de Jéhovah, avait un caractère sacré qu’il communiquait à tous les objets qu’on y renfermait. On appelait « poids du sanctuaire » le poids officiel qui y était déposé et qui servait d’étalon. Exod., xxx, 24 ; xxxviii, 24 ; Lev., v, 15 ; xxvii, ; 3, 25 ; Num., m, 47, 50 ; vii, 13-86 ; xviii, 16. Dieu ordonnait de respecter son sanctuaire. Lev., six 30 ; xxvi, 2. En conséquence, le sanctuaire était souillé si l’idolâtre y pénétrait, Lev., xx, 3, voir Péribole, t. v, col. 142, si le grand-prêtre y officiait après avoir touché un mort, Lev., XXI, 12, si un prêtre ayant une infirmité y servait, Lev., XII, 23, si un Israélite y venait en état d’impureté légale. Num., xix, 20. Ézéchias fit enlever du sanctuaire tout ce qui le souillait, II Par., xxrx, 5, et il invita ceux qui restaient en Israël à s’y rendre. II Par., xxx, 8. Sur les derniers temps de Juda, le sanctuaire fut souillé de toutes sortes de manières. Ezech., vin, 6 ; xxii, 8, 26. Dieu avait menacé de ravager les sanctuaires des Israélites infidèles. Lev., xxvi, 31 ; Ezech., ix, 6 ; xxiv, 21. La menace fut une première fois exécutée par les Chaldéens. Elle devait l’être définitivement après la mise à mort du Messie. Dan., viii, 13 ; IX, 26 ; x, 31. — Sur les différents sanctuaires des Israélites, voir Hauts-Lieux, t. iii, col. 449 ; Tabernacle,

Temple.

H. Lesêtre.

SANDALES. Judith, x, 3 ; xvi, 11 ; Marc, vi, 9. Voir Chaussure, t. ii, col. 631.

SANG (hébreu : dâm ; Septante : a"|ia ; Vulgate : sanguis). liquide mis en mouvement par le cœur et circulant dans les artères et les veines des animaux. Le sang de l’homme est rouge, d’où son nom hébreu venant de’ddam, « être rouge ». Il est le véhicule de tous les éléments nécessaires à l’entretien des tissus. Il est composé de 785 parties d’eau sur 1 000, et, chez l’homme, représente le 12e du poids du corps. Sa présence en quantité suffisante et sa circulation sont essentielles à la vie. La Sainte Écriture parle souvent du sang à divers points de vue.

I. Le sang et la vie naturelle. — 1° Le sang est appelé « l’âme de la chair », ce qui la fait vivre. Gen., IX, 4-6. « L’âme de la chair est dans le sang, » et « c’est par l’âme que le sang fait expiation, » Lev., xvli, 10-14, « par l’âme J>, banane féè, c’est-à-dire en tant qu’âme, en tant que vie. « Le sang, c’est l’âme, v néfés, la vie. Deut., xii, 23. Cette identification du sang avec la vie a sa raison d’être dans la fonction même du sang, à défaut duquel la vie devient physiologiquement impossible. Du reste, dans l’idée des anciens, la vie résidait dans le sang. Dans le Poème assyrien de la création, vi, 5,