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SANG


vivant qui s’adresse à lui pour réclamer vengeance. Quand les frères de Jo ?eph sont traités d’espions en ÉgJ’Pte, Ruben leur dit, Gen., xui, 22, que c’est le sang de leur frère qui est réclamé. Job, xvi, 19, s’écrie : « terre, ne couvre point mon sang ! » Il signifie par là qu’il veut que Dieu puisse voir son sang, c’est-à-dire ses souffrances imméritées, et agir en conséquence. Pour marquer l’intervention de Dieu qui va châtier les ennemis de son peuple, Isaïe, xxvi, 21, dit que « la terre découvrira le sang qu’elle a bu et ne cachera plus ses tués. » Judas Machabée conjurait le Seigneur « d’écouter la voix du sang qui criait vers lui et de se souvenir du meurtre criminel des petits enfanls innocents. » II Mach., viii, 3.

2° Les hommes de sang. — Moïse, après la circoncision de son fils, est appelé par Séphora « époux de sang », bien qu’il ne fût nullement coupable et n’eût fait qu’obéir au Seigneur. Exod., iv, 25, 26. — Les véritables hommes de sang sont les méchants qui ne reculent pas devant l’homicide. Prov., i, 11, 16 ; xvi, 6 ; Ose., iv, 2 ; Sap., xii, 5 ; xiv, 25 ; etc. L’homme irascible n’hésite pas à verser le sang. Eccli., viii, 19 ; xxii, 30 ; xxvii, 16 ; xxviii, 13. Les nations versaient le sang comme l’eau. Ps. lxxix (lxxviii), 3. On a pu donner le nom de « ville de sang » à Ninive, Nah., m, 1, et même à Jérusalem, Ezech., xxii, 2-27 ; xxiv, 6-9. Bâtir une ville dans le sang, c’est y faire régner la violence. Hab., ii, 12. Galaad est une ville de malfaiteurs remplie de traces de sang. Ose., vi, 8. La grande Babylone était ivre du sang des saints et des martyrs. Apoc., xvii, 6. Parfois les meurtres sont si nombreux que « les montagnes se fondent dans le sang, » Is., xxxiv, 3, « la terre s’enivre de sang, » Is., xxxiv, 7. Dieu menace d’arroser l’Egypte de son sang jusqu’aux montagnes. Ezech., xxxii, 6. Le sang des méchants sera répandu comme la poussière. Soph., i, 17. Les auteurs sacrés se plaignent souvent de l’effusion du sang innocent. I Reg., xix, 5 ; xxv, 31 ; IV Reg., xxi, 16 ; xxiv, 4 ; Ps. xciv (xcm), 21 ; cvi (cv), 38 ; Is., lix, 7 ; Jer., vii, 6 ; xix, 4 ; xxiii, 3, 17 ; xxvi, 15 ; Lam., iv, 13, Jo., iii, 19 ; Jon., 1, 14 ; I Mach., i, 39. — David est appelé « homme de sang » par Séméi, II Reg., xvi, 7, 8, à cause du meurtre d’Urie. Comme il avait répandu beaucoup de sang au cours de ses guerres, le Seigneur ne voulut pas qu’il entreprît la construction du Temple. I Par., xxii, 8 ; xxviii, 3.

3° Le sang sur quelqu’un. — Si quelqu’un commet une imprudence grave qui expose sa vie, son sang est sur sa tête, c’est-à-dire qu’il est responsable de sa propre mort. Jos., it, 19. Il en est de même de celui qui se rend coupable d’une faute entraînant la mort, Ezech., xxxiii, 4, et spécialement du meurtrier. Jud., ix, 24 ; II Reg., i, 16 ; III Reg., ii, 32-37. - Le sang est dans les mains de celles qui commettent l’homicide en offrant leurs enfants à Moloch. Ezech., xxiii, 37, 45. — Le sang est sur une maison dont le propriétaire, pour n’avoir pas mis de balustrade à son toit, a été cause qu’un autre est tombé et s’est tué.Deut., xxii, 8.

— Le sang est sur la maison de Saûl, à cause des vies que ce roi a sacrifiées. II Reg., xxi, 1. Il est sur ceux qui ont commis certains crimes et doivent les payer <îe leur vie. Lev., XX, 9-27 ; Prov., i, 18 ; Jer., li, 35 ; Ezech., xviii, 13 ; Ose., xii, 14. Si celui qui vole la nuit avec effraction est frappé à mort, il est coupable de son propre sang ; s’il est frappé de jour, celui qui le frappe est responsable. Exod., xxii, 2. — Le sang innocent versé depuis Abel jusqu’à Zacharie doit retomber sur les Juifs rebelles. Matth., xxiii, 35. Eux-mêmes demandent que le sang du Sauveur retombe sur eux et sur leurs enfants, Matth., xxvii, 27, c’est-à-dire qu’ils prennent la responsabilité de la condamnation à mort qu’ils réclament. Le sanhédrin se plaint ensuite qu’on veuille Jàire retomber ce sang sur lui. Act., v, 28. À Corinlhe,

saint Paul dit aux Juifs qui lui font opposition et vont ainsi au-devant du châtiment divin : « Que votre sang soit sur votre tête ! » Act., xviii, 6. — On est innocent du sang de quelqu’un quand on se refuse à ratifier sa condamnation injuste. Daniel a raison de le faire au sujet de Susanne, Dan., xiii, 46, mais Pilale n’a pas le droit de prétendre à cette innocence, puisque la condamnation de Jésus ne dépend que de lui. Matth., xxvii, 24. Saint Paul est « pur du sang de tous », parce qu’il leur a prêché la vérité sans rien dissimuler. Act., xx, 26.

4° Le vengeur du sang. — 1. Celui qui avait répandu le sang devait s’attendre à voir répandre le sien et cette vengeance était exercée par le goël. Voir Goël, t. iii, col. 262. Quand le meurtre était involontaire, le meurtrier se relirait dans une des villes de refuge, pour y échapper à la vengeance possible du goêl. Num., xxxv, 6-33 ; Deut., xix, 6-13 ; Jos., xx, 3-9. Si le meurtrier demeurait inconnu, les anciens de la ville la plus rapprochée du lieu du crime avaient à déclarer solennellement qu’ils n’avaient ni répandu ni vu répandre le sang. Deut., xx, 3-9. Cf. II Reg., iii, 27 ; iv, 11 ; I Mach., ix, 38-41. — 2. Mais le plus souvent Dieu lui-même est le vengeur du sang auquel on fait appel et qui exerce lui-même la vengeance. Deut., xxxiii, 43 ;

I Reg., xxvi, 20 ; Judith, viii, 20 ; Job, xvi, 19 ; Ps. ix, 13 ; lxxix (lxxviii), 10 ; Is., xlix, 26 ; Ezech., xiv, 19 ; xxxm, 6-8 ; xxxv, 6 ; Ose., i, 4 ; Luc, xi, 50, 51 ; Apoc, vi, 10 ; xvi, 3-6 ; xix, 2. Il déteste l’homme de sang, Ps. v, 7, et ne le laisse pas vivre longtemps. Ps. lv (liv), 24 ; Prov., xxviii, 17, etc. — Dieu permet que les chiens lèchent le sang des meurtriers, II Reg., xxi, 19 ; xxii, 38, et que les bêtes de toutes sortes boivent le sang de ses ennemis. Ezech., xxxix, 17-19.

V. Locutions diverses. — 1° La chair et le sang. — Ce sont les deux parties principales qui composent le corps. Eccli., xiv, 19. La chair et le sang désignent donc la vie elle-même, avec ses instincts et ses passions. Le méchant obéit à la chair et au sang. Eccli., xvii, 30. Cette locution désigne également la vie naturelle, par opposition à ce qui vient de Dieu. La chair et le sang n’ont point révélé à Pierre la connaissance de la divinité du Sauveur. Matth., xvi, 17. Les vrais enfants de Dieu ne sont pas ceux qui sont nés du sang et de la volonté de la chair. Joa., i, 13. Saint Paul converti ne consulte ni la chair ni le sang pour annoncer Jésus-Christ. Gal., 1, 16. Ni la chair ni le sang ne peuvent hériter du royaume de Dieu. I Cor., xv, 50. Nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang, c’est-à-dire contre des puissances purement naturelles, ’mais contre les puissances infernales. Eph., vi, 12. Jésus-Christ a voulu avoir en partage le sang et la chair, c’est-à-dire la nature humaine. Heb., ii, 14.

2° La parenté. — Il est défendu de contracter union avec son sang, c’est-à-dire avec quelqu’un dont on est parent. Lev., xviii, 6.

3° Le carnage. — Boire le sang de ses victimes, c’est exterminer ses ennemis. Num., xxiii, 24. La signification est la même pour l’expression « laver ses pieds dans le sang » de ses adversaires. Ps. lviii (lvii),

II ; lxviii. (lxvii), 24. David recommande à Salomon de faire descendre dans le sang au séjour des morts les cheveux blancs de Séméi, c’est-à-dire de le faire périr malgré son grand âge. III Reg., ii, 9. — Les flèches, les épées abreuvées de sang indiquent le carnage qui a été exécuté ou le sera. Deut., xxxii, 14 ; IV Reg., iii, 23 ; Is., xxxiv, 6 ; Jer., xlvi, 10 ; xlviii, 10. — Les trente pièces d’argent de Judas étaient le « prix du sang », Matth., xxvii, 4-8, et le champ qu’elles servirent à acheter devint le « champ du sang ». Act., i, 19. — Résister jusqu’au sang, c’est rester fidèle malgré les supplices et la menacé de la mort. Heb., xii, 4.