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Page:Dictionnaire de la conversation et de la lecture - Ed 2 - Tome 08.djvu/163

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DTOJNORIX — DUMOLARD

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Tandis que les préparatifs tenaient tout le monde occupé, Dumnorix sortit du camp avec la cavalerie éduenne, à l’insu de César, pour retourner dans son pays. A cette nouvelle, César suspendit le départ, et envoya à la poursuite de Dumnorix une grande partie de sa cavalerie, avec ordre de le ramener, ou, s’il résistait et n’obéissait pas, de le tuer, bien certain qu’absent il avait tout à craindre d’un homme dont il ne s’était pas fait respecter présent. Dumnorix, atteint par la cavalerie, résista et mit lépée à la niaiu, implorant la fidélité des siens, et s’écriant à plusieurs reprises qu’il était libre et citoyen d’un pays libre. Les cavaliers, selon l’ordre qu’ils en avaient reçu , l’entourent et le mettent à mort. Quant aux cavaliers éducns, ils revinrent tous vers César. »

. ;nsi périt Dumnorix, peu regretté des Gaulois, parce que sa liaine contre César venait moins de son amour pour l’indépendance de son pays que du dépit d’avoir vu son frère Divitiac rétabli et ses projets d’usurpation renversés. Désiré NlSARD, de l’Académie Française.

DUiMOL.RD ( Joseph-Vincent ), né à Laffrey , près de Vi/.ille, en Daupliiné, fut d’abord avocat au parlement de Grenoble. En 1791 il fut nommé député de l’Isère à l’Assemblée législative. 11 se montra dès l’origine partisan des principes constitutionnels. Après la journée du 20 juin 1792, il défendit Louis XVI dans les journaux, et, le 8 août suivant il s’opposa au décret d’accusation contre le général Lafayette. Il cliercliait ainsi à prévenir la révolution du 10 août, dont trois années plus tard, en 1795, le 23 lliermidor an m, il lut obligé tic faire l’éloge comme président du Conseil des Cinq-Cents. Affilié au parti de Clic h y, il fut l’un des proscrits du 18 fructidor. Chénier, dans son Discours sur la calomnie, s’était montré envers lui ennemi implacable. Dans une variante de cette œuvre , on trouve ce trait piquant :

en pas.sant dans la rue.

Vous nommez DcmostlicDC, et Dumolard salue. 11 eut le bonheur d’échapper à la déportation à Sinnamary, et se cacha en attemlant des temps plus heureux. Il salua avec joie le t8 brumaire ; mais s’il se montra l’admirateur du général si .souvent victorieux, il ne lui prodigua point les flatteries , et passa quelques années comme oublié dans la sous-préfeclure de Cambrai. Ce n’était point le département de l’Isère, mais celui de l’Yonne, où 11 avait acquis d’importantes propriété,s, qui l’avait appelé au Conseil des Cinq-Cents. Ce fut aussi le département de l’Yonne qui le présenta comme candidat pour le Corps législatif, où il fut élu par le sénat. Il se démit alors de ses fonctions administratives ; et dans cette assemblée, si justement nommée le conseil des muets , son opposition modérée ne put se manifester qu’au sein des comités secrets.

Par suite de la cliaile de 1S14, qui maintenait provisoirement le corps législatif, sous le nom de chambre des députés, Dumolard y devint un des organes de l’opposition. Il combattit par un discours véhément la loi de la presse et de censure des journaux, dont le rapporteur, l’académicien Raynouard, demandait le rejet au nom de la majorité ( cinq contre quatre ), et le termina ainsi : « >;ous avions un avenir. Français 1 cet avenir, on veut l’éteindre et couvrir à jamais d’un voile de plomb la statue de la Liberté : Le soufirirez vous ? » Le Journal des Débats seul rapiiorla cette péroraison, que le parti libéral lui-même considérait non-seulement comme hardie, mais comme uuprudente. Kilo lut accueillie par des clameurs Uiraultueuses et des demandes de rappel à l’ordre. Dumolard eut encore a essuyer les plus vives clameurs lorsqu’un orateur ayant demandé non-seulement la remise des biens d’émigrés non vendus, mais encore la restitution des biens entièrement vendus, sauf l’indemnité aux acquéreurs, Dumolard, bouillant d’indignation, s’écria : « Vous sonnez le tocsin de la guerre civile I " Les DlCT. BE LA CU.WLKSATIO.N. — T. VIII.

feuilles publiques reçurent défense de mentionner cette apostrophe et la phrase qui l’avait motivée. Appelé à la chambre des représentants pendant les cent-jours, Dumolard refusa d’accepter les fonctions de préfet des Basses-Alpes et d’entrer au conseil d’État ; il fut élu secrétaire de cette assemblée, dont la session fut à peine de trois semaines. Il y parla peu, et parut dès les premiers moments désespérer de la fortune publique. Pendant la lecture de la capitulation de Paris, il se couvrit le visage de ses mains. Il s’abstint ensuite de toute participation à la vie publique, et mourut dans un de ses domaines en Bourgogne, d’une attaque d’apoplexie foudroyante, en 1820. Breton.

DlJMOL.RD ( Hemri-Fr.vnçois-Étienne-Élisabetu OR-CEL), auteur dramatique, né à Paris, le 2 octobre 1771, et parent de l’ancien député Dumolard, était fils d’un magistrat honorable, mais sans fortune. Privé à l’ige de quinze ans, par la mort de son père, des moyens de continuer ses études, il n’eut d’autre ressource pour aider sa mère que le métier de copiste. Mais dans ses loisirs il cullivait les lettres , étudiait les lois , l’histoire, et se procurait ainsi des consolations et quelques moyens d’existence. Cependant, if fut un des secrétaires de l’administration générale de la police en 1789 et 1790, puis défenseur officieux des accusés sous le gouvernement révolutionnaire ; avocat au barreau de la capitale en 179G, ensuite vérificateur au trésor public jusqu’en 1813, et enfin il se fit recevoir avocat à la cour royale de Paris en 1814. Les pénibles devoirs de ces diverses fonctions n’étant pas en rapport avec leurs faibles produits, Dumolard avait eu besoin de se livrer à la littérature dramatique. Il en avait pris le goût dès sa plus tendre enfance en fréquentant le Théâtre-Français. Mais ce ne fut qu’à trente et un ans que ses autres travaux lui permirent de faire représenter son premier ouvrage pour lequel Alexandre Duval presque seul lui avait donné des encouragements et des conseils. Le Philinte de Destouches, ou la Suite du Glorieux, comédie en cinq actes et en vers, fut représenté en 1802 au th^’âtre Molière, et obtint un succès complet. Son drame de Vincent de Paul, en trois actes et en vers, fut également bien accueilli en 1804 au théâtre Louvois. Dumolard fit ensuite jouer La Mort de Jeanne d’Arc, imité de Schiller, au théâtre d’Orléans ; Le Mari instituteur, ou les nouveaux époux, en un acte et en vers, à la Porte-Saint-Martin ; et Don Naturel et Vanité, o« la petite école des femmes ,. également en un acte et en vers, au théâtre Louvois. La mort de Bayard, tragédie en trois actes, refusée au Théâtre-Français et reçue en 1812 à l’Odéon, n’y fut point représentée, parce que la censure impériale et le ministre de la police , duc de Rovigo, trouvèrent mauvais que l’auteur eût donné un beau rôle au connétable de Bourbon , l’accusant de vouloir ainsi ramener une race proscrite. Il fut arrêté, et nedutqu’àRéalsa miseenUberté. SouslaRestauration , sa pièce, goûtée par les ministres et par plusieurs personnages importants, fut refusée au nom de Louis XVIII, par le duc de Blacas, qui en garda le manuscrit. Une autre tragédie. Une Journée de la Li<jue, en trois actes, fut également mise à l’index, parce que la peinture du caractère de Philippe II pouvait sembler inconvenante, lorsque la France envoyait une armée rétablir en Espagne le pouvoir absolu de Ferdinand Vil. Plusieurs autres pièces lurent encore refusées par les administrations théâtrales sous différents prétextes. Dumolard avait donné au Théâtre-Français La Fontaine chez Fouquet , comédie en un acte et en prose, qui avait été sifllée en 1809.

Tant de contrariétés éprouvées pour ses ouvrages, dans les premiers genres dramatiques, l’avaient déterminé à s’essayer dans le vaudeville. En 1804, il fit jouer au théâtre des Jeunes-Élèves : Une Heure d’Alcibiade , et à partir de 1805 diflérentes pièces au Vaudeville et aux Variétés. Quoique son ambition littéraire, justifiée par dès succès , mais presque toujours contrariée, se fût à peu près bornée à quelque* 20