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Page:Dictionnaire de la conversation et de la lecture - Ed 2 - Tome 08.djvu/164

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DUMOLARD — DUMOiNCEAU

bonnes chances partagées avec des collaborateurs, la mort d’un fils unique, âgé de dix-huit ans, en 1 8 1 1 , et la |)erle d’un modique cinpioi , qui avait précédé de peu ce malheur, le déterniinL-rcnt à rentrer dans la carrièie du barreau, en 1814, après avoir enlièrement renoncé à celle du théâtre. Mais au Palais comme en littérature, comme partout, le talent, le mérite, ne sont pas toujours des titres suffisants pour réussir. Retiré à Montmartre, il publia en 1834 une édition de son Théâtre, et il fit paraître en 1845 les Entreliens de Vautre monde, piquants récits contemporains, qui furent bien accueillis. Il mourut le 21 décembre 1845. H. Aidiffret. DUiMOLARD ( UOUVIER- ), qui remplissait à Lyon lesfonclious de préfet, lorsque éclatèrent, en décembre 1831, dans celle populeuse et industrieuse cité, les scènes insurrectionnelles <|ui la mirent complètement au pouvoir des ouvriers de la fabrique de soie, n’est point, que nous sachions, parent du législ"*.eur dont il a été question dans l’article qui précède. On n’a point oublié sans doute que la première insurnclion de Lyun mit l’établissement de Juillet à deux doigts de sa ruine. Si , au lieu de la fameuse devise inscrite sur les drapeaux des insurgés : Vivre en travaillant ou mourir en combattant ! un homme politique avait soufflé aux ouvriers d’y graver les mots magiques de Vive l’empereur ! la quasi-legilimité allait rejoindre la branche aînée de l’autre c6té du Rhin, car à ce moment le fils du grand homme vivait encore... Si Napoléon II avait été proclamé à L>on, comme en 1815, l’aigle impériale eût volé de clocher en clocher. M. Couvier-Dumolard , surpris par un mouvement populaire dont la répression était impossible avec les taibles ressources qu’il avait à sa disposition, dut parlementer avec l’émeute, et, pour éviter de plus grands malheurs, consentir à lui confier pendant quelques jours la garde de la seconde ville du royaume. Casimir Périer ne pardonna point à son subordonné d’avoir manqué d’énergie en présence ilu danger et d’avoir pactise avec la révolte. Les termes dont il se servit à la tribune des députés amenèrent entre lui et iI. Dumolard, dans la salle des conférences, un conilit violent, à la suite duquel le préfet de Lyon fut destitué et dépouillé même de son titre honorifique de conseiller d’Étal en service extraordinaire. M. liouvier-Duniolard, ii qui le gouvernement de juillet a constamment gardé rancune jusqu’à sa clmle, sans lui savoir gré d’avoir tout au moins empêché que le nom de Napoléon 11 fût prononcé dans ces critiques et décisives circonstances , est rentré dans la carrière industrielle, d’oii les événements de Juillet l’avaient lail sortir. Nous croyons qu’il dirige encore , comme sous la Restauration , dans l’un de nos départements de l’est, une manufacture de produits chimiques dont il est propriétaire.

DUMON ( Sylvain ). C’est au département de Lot-et-Garonne que la France est redevable de M. Sylvain Dumon ; c’est là qu’il est né, en IT’JT. Sous la Restauration, cet avocat de Gascogne n’était guère connu que comme un libéral très-avancé, et il avait sans doute voulu donner une preuve de son libéralisme lorsqu’il défendit des accusés de la conspiration militaire de 1S22. La révolution de 1S30 une foi ; faite, on olïnt à .M. Dumon sa part du gâteau ; il refusa stoïquement le siège d’avocatgénéral à la cour royale d’Agen. Député en 183 1, il marcha de conserve avec les doctrinaires, délilatéra contre la presse, se constitua l’un des défenseurs de riiérédilé de la pairie, et se montra , dans la discussion du budget de la justice, plus mini.stériel que le ministre lui-même. IM. Dumon était le ciiminaliste de la chambre ; à lui revint riionncur de défendre le projet de loi pour les réformes pénales. Tout doctrinaire qu’il fût, M. Dumon se vit obligé, dans la discussion de ces réformes, de parler un peu, comme tout le monde , le langage de la révolution. Dès 1832 il était fort agréablement pourvu ; à la fin de la session de 1831, on lui avait offert le poste d’avocat général à la cour loyale de Paris, pcKition à laquelle il avait cru devoir préférer celle de conseiller d’Etat. Déjà sans doute M. Dumon rêvai» un portefeuille.

Devenu conseiller d’État, M Dumon ne cessa pas de s’enfoncer dans les voies de la réaction contre-révolutionnaire : est-il nécessairede dire qu’il vota la loi contre les associations ; enfin que la juridiction de la cour des pairs, pour les délits politiques, lui sembla tellement admirable qu’il vota les lois de septembre des deux mains ? Il avait, du reste, préludé à ce vote en soutenant comme rapporteur, en 1834, le projet de loi pour la construction de la salle des procès politiques au Luxembourg. Il vola de plus les 25 millions accordés généreusement aux États-L’nis par les ministériels du Palais-Bourbon. La sucrerie indigène lui dut alors sa décadence, tant il se prononça fortement pour l’impôt qui la frappait. Dans la coalition, il vota contre l’adresse de 1839. En ISiO il se prononça pour celte malheureuse dota tion, que la chambre repoussa ; et pour les fortifications de Paris, qu’elle adopta trop facilement. Mais fidèle à ses principes anti-réformi. stes, hautement manifestés dans toutes les sessions , il repoussa la proposition tendant à établir l’incompatibilité entre certaines fonctions publiques salariées et le mandat de député. Le conseiller d’État, qui jugeait ainsi dans sa propre cause, repoussa énergiquement l’adjonction des capacités. Enfin , son dévouement obtint la récompense qu’il ambitionnait depuis si longtemps : un beau jour, on vil l’avocat d’Agen entrer fièreinentau milieu de ses collègues de la chambre un portefeuille sous le bras. L’avocat était devenu ministre. De la justice ? Non ; mais des travaux publics. Dès lors, M. Dumon se posa en adversaire impitoyable de l’exploitation des chemins de fer par l’État ; grâce à ses efforts, se déroula l’agiotage immoral des compagnies ; grâce à sa facilité, la fusion, c’est-à-dire la coalition des compagnies enlre elles, si funeste aux intérêts de l’Etat, se trouva hautement sanctionnée et approuvée. A la fin, il changea de ministère, et prit le portefeuille des finances. La révolution de Février le lui enleva. Depuis, il a publié des notes pour défendre les finances de la monarchie. N. Gallois.

DUMOXCEAU (Je»n-Gxptiste), comte de Bcrgenrfnc / , maréchal de Hollande, né le 6 novembre 1760, i Bruxelles, étudiait l’architecture à Rome, quand, en 1787, l’insurreclion des Pays-Bas contre les Autrichiens le ramena dans son pays. Il y prit une part des plus actives, et en juin 1790 il commandait un petit corps franc de chasseurs de Naniur. La compression de ce meuvent le contraignit, ainsi que bon nombre de ses concitoyens , à venir se réfugier en France oii, lorsqu’en 1792 éclata la guerre avec l’Aiilricbe, il fut chargé de l’organisation d’un corps de réfugiés belges, à la tête duquel il fut placé avec le grade de lieutenant-colonel. La valeur dont il fit preuve aux affaires de Jemmapes et de Necrwinde lui valut d’être promu au grade de général de brigade. Après la bataille de Fleurus, il envahit la Hollande à la suite de Pichegm, et fut nommé commandant la place à La Haye.. En 1795, la nouvelle république batave le créa lieutenant général. L’année suivante il fit preuve tout à la lois de fermeté et de modération dans la répression des troubles qui éclatèrent dans le nouvel Etat. Appelé en mai 1797 au commandement d’une division batave désignée pour faire partie d’une expi-dilion en Irlande, il battit deux années plus tard, le 19 novembre 1790, à Cergen, les forces russes et anglaises qui avaient envahi la Hi)llande sous les ordres du duc d’York. En 1 800 Diimonceau fut chargé de conduire en France un corps batave ; et après la bataille de Hohenlinden, il prit posses,sion de la citadelle deMarienburg prèsdeWurtzlwurg. En 1805 il recul la nussion de réorganiser l’armée batave ; mais à quelque temps de là il eut ordre d’aller rejoindre le corps d’année de Bernadolte sur les t>ords du Danube. Quanil la république batave eut été transformée en royaume de Hollande, Dumonceau alla remplir à Paris les fonctions d’ambas-sadeur du nouveau roi ; et quand la guerre