abusé, mon abus me contente. RoNsARD, Elegies,
Disc. 2 42). — C’est un ex treme abus, une ex-
treme folie De croire que la Mort soit cause de la
vie. ID., Elegies, II, texte de 1623 (VI, 311).
— Ce seroit abus de penser que Charlemagne eust
voulu avoir pour Pairs ou semblables à soy, ceux
qui totalement despencloient de son a_uthorité et
puissance. E. PAsQuiEn, Recherches, IL 9. — La
folle au bruit qui de joye s’espasme Guide premier
que ce soit son Pyrame : Mais son abus elle co
gneut apres Que ! e Lyon elle apperceut de pues.
BAÏF, Poses, L. IV (il, 174). — L’un pense avoir
la raison, et.. s’abuse : Ment. et ne sait que l’inno-
cent accuse : Le mesme abus qui jetta dans la mer
Son frere a rn cestui-cy fait armer. ID. ! lb.,
L, V (II, 255). — C’est ung abus de penser
qu’ung monarque se puisse. garantir et saulver son
estai par la force. L’HOSPITAL, Reform.. de la..1 us-
tirP., 2e part, (IV, 83). — L’ireur du paganisme-.
laissa tomber cette grand. ame [Platon]..e en cet
autre voisin abus, que les en fans e i. les virillars se
trouvent plus susceptibles (le religion, comme si
lao naissoit et tiroit son crédit de nostre imbecil-
lité. l’iloYrAiGNE, II., 12 (IL 150). — Quels abus,
quels mescontes nous trouverions en rostre pau-
vre science I ID., ib. iil, 286), — C’est un abus de
penser que ia force seule face les grands effects,
LA NOUE, Disc. pûl. et mil., IX (p_ 226). — Il le
fut [religieux], et fort bon catholique, encore
qu’aucuns ont eu opinion contraire, mais c’es-
toient abus. BRA NTÔNI El, Cap. frane., le prince de /a
Roche sur Von (V 26), — Aucuns crurent que
c’estoit un diable ainsi transformé, c’est un abus_
In., Disc. s’if les Duels (VI, 459).
Erreur en ce que l’on dit.. — 0 beau Paris, je ne
croy pas qu’llelaine… Fust de beauté autant. que
ma_ maistresse ; Si on le dicl, certes ce sont abus.
MAPOT, Epistres, 1. — C’est chose superstitieuse :
et n’est que abus ce qu’en script Serapion Ascalo-
nites. RABELAISt III, 13. — C’est abus dire que
ayons languaigre naturel, In., III, 19+ — C’est
abusque Pluton ait ainité. Proserpine, Si doux
coing n’entre point en si dure poitrine : Amour
regrée en la terre et non point en enfer. RorisAHD,
Amours de Marie (I, 173), — Des vains destins de
Francus je n’a,.y cure : Tels sots abus ne me vien-
nent piper, ID., Franciade, 11 (III, — Il fut
filz naturel du grand empereur Charles, et d’une
grand dame… et non point d’une boullengère de
Bruxelles ou lavandière (comme la pluspart du
commun l’a. dict ce sont abus. BRANTÔME, Ga-
estrang., Dom Juan d’Autriche (II, 139). —
Aucuns en ay-je voit en Piedmont qui ont. creu et
affermé que le diable le vint presser de ! a mort et
remporta, Mais ce sont abuse ID., Capit, franç.,
M. de Sagvoyson (nr, 97).
Erreur en ce qu’on fait, — Si les vers ont esté
Palme de ma jeunesse, Les vers seront aussi l’op-
puy de ma vieillesse. Du BELLAY, Regrets, 13, —
’as tu rien fait entendre à Fleurdelis de ma part ?
— Nenny certes, Filadelfe car je sçay bien que,
si je lui vouloir parler de vostre amitié, ce serait
abus, elle ne s’y arresteroit jamais. JEAN DE LÀ
TAILLE, les Corrieaus. I, 3. — Ha Sarmates ra-
sez… Que] abus vous poussa pour venir de si’oing
Priser ce mesprisé— ? g, Tragiques, II
(IV, 92).
Tromperie. — Fille, soyez en. habit cointe, Et
vous parez de grands vertus Sans (aulx semblant,
ne ris, n’abus Faire à eeuix dont estes acointe.
A nt. Poés. franç., II, 19. — Cy n’entrez pas, Hy-
pocrites, bigotz… Tirez ailleurs pour vendre VOL.Z.
abus. RABELMS, I, 54. — Je ne l’eussepas creu :
et me I’eust dit Phcebus, J’eusse dit son trepied et
lui n’estre qu’abus. RONSARD, POditieS„ L. Il, Disc+ au car d. de Chastilion,
Abusat. Abusé. — Il y en aura bien d’ahusats. PH. DE MARNIX, Differ. de la Relie., Additions.
Abusement. Ce qui trompe. — Mon enfant,
n’abuse jamais Ton cueur en ces orduremens Mon-
dains, qui sont abusemens. Anc. Poe. franç., II,
240. — Leurs gestz ne sont qu’a, busemens Dont
troublent voz entendemens. lb., V, 183. — Com
bien d’a.busemens Font aujourduy plusieurs sup.
postz d’eglise. J. BoicnET„ Epistees nun-aks.da
l’raperseiir, III V„ 22.
Abuseux. Trompeur. V. A busil.
Abusif. Trompeur. — Les Lacedernoniens…
porterent avec eu x grande quantité de menottes
de fer, se confians en l’oracle abusif, qu’ilz prendroient les Tegeates prisonniers. SALIATI trad. d’HÉRODOTE, I, 66. — Enchanteur. Abusif ou abuseuxi M. DE LA_ PORTE, Ep iikete9. — Ce sont fables abusives, Mme ? DES ROCHES, Secondes Œuvres,. Rial, de Placide el Sei.5ere.
Abusif de. Qui abuse de, ou qui trompe au
moyen de. — Antigonus congnoissant le person-
nage, ou la maniere de ces philosophes simulés, et
abusif de l’habit et profession. Buné, ! neje, du
Prince, édit. J. _Foucher, ch. 36,
Abusion. Abus, usage impropre [d’un mot]. —
Quelquefois on donne le nom de beau aux testes,
aux fleurs, aux pierres, aux metaux et autres sem-
blables : mais trop improprement et. par abusion.
LE CARON, Diaiogues, 1, 5 (152 va). — Lorsque
nous leur attribuons ta.ux éléphants] religion, nous
ne la prenons pas en. sa propre signification, mais
par une maniere de dire, et par abusion de lan-
gage, et. par comparaison. AMER. PARÉ, Livre des
Anifraanx, 45 (III, 768).
Erreur, illusion, folie. — En reprenant rostre
conclusion, Ou avez dit que œil faict plus qu’ouye,
Touchant cela c’est tout abusion. Guitt. CRET1N, Debat sur te passetemps des chiens et oyseaux. —
La première voye, Qui tent venir par sotte abusion A heresie, est la presumption Du propre sens
de l’homme, qui pense estre Trop sain et cler de
soy mesme et congnoistre Plus qu’il ne doit.
GRINGIRE, Blazon des Heretiques (I, 297). — Ne
faire pas comme plusieurs, lesquelz ayant quelque
bon moyen deulx sauver quant ilz se voient hors
desperance apparente, se retournent a aultres in-
certaines abusions, comme sont veuz, divinemens,
oracle. SEYSSEL, trad. de THUCYDIDE, V, 12
(18O r°). — Parquoy concludz que c’est abusion
D’estre amoureux. MAROT, Rondeaux ; 10. —
Jusques à quand emprises vaines Sans fruict, et
d’abusion pleines Aymerez vous et chercherez ?
ID., Ps. de David., 5. — Et de ces troys seigneurs
ont faict yfiole, Estimant sens leur sotte abusion. MARC. DE NA17„ Dern. Poés., les Prisons de la
Reine de Nav. iCp. 171). — Le vice est plus loué
que la vertu, Tarit des humains le faux jugement
em, ,. Jusques à quand, bon Dieu, souffriras tu Demeurer telle abusion sus terre ? Dis AUTELS,
Repos de plus grand frayait, 5— 6-— Vierge com-
bien de larmes Ay je faict pour aliarmes Pleine
d’abusion I AsQurN PH[LEETL1L, trad, de PÉ-
TRA11.QUE„ L. IL chant 9. — Ils entretiendront le
povre inonde en telles abusions. CAT….viN> Serm.. sur
le Deiftpr., 8I (XXVII, 161). — Plusieurs Maho-
metans, qui eussent bien desiré entre en la liberté
que j’estois pour se chrest.ieriner, et qui dotes,
taxent du tout l’abusion de la reigle Alcoraniste-
TnE-vvr, Cosmogre, III, 9. — Les Prestres, qui
Ies tenoient en ceste abusion, estoient toue enchanteurs. ID., ib., XIX, 10.
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