matiere de cession de biens l’on fait abandonnement de sa ceinture devant la face du juge. E. Pasquier, Recherches, IV, 10. — Il ne faut point trouver estrange que l’on estimast l’abandonnement de la ceinture, representer aussi l’abandonnement de nos biens. id., ib. — C’est un mot d’abandonnement perpetuel que Dieu fait de telz malheureux. St François de Sales, Introd. à la vie devote, I, 14, — Cest estat du delaissement de soy-mesme comprend aussi l’abandonnement au bon plaisir de Dieu en toutes tentations, aridités, secheresses, aversions et repugnances qui arrivent en la vie spirituelle, id., Entretiens spirituels, 2. — Il faut que vous vous jettiés, avec un total abandonnement de vous mesme, entre les bras de sa providence. id., Lettres, 949.
Abandonner. (Futur sans e) : Je n’abandonray ja ma prise. Baïf, le Brave, II, 4.
Abandonné. Libéral, prodigue. — Un prince doit aimer la jouxte, Estre large et habandonné, Gringore, Sainct Loys, I (II, 6). — J’estoys joyeux, prest à menger et boire, Habandonné, voulant à tous complaire. Anc. Poés. franç., XIII, 5, — Qui veult bien aymer il ne faut point estre chiche de son bien, mais doit on estre large et abandonné. Nicolas de Troyes, Grand Parangon, 51. — Et n’espargne aucun tresor ne richesse, dont il est hahandonné Plus qu’autre prince. A. Sevin, trad. de Boccace, le Philocope, L. VI (127, vº).
Femme abandonnée. Femme de mauvaise vie. — Tu ne doibs aller aux convives ne autres lieux de delices ; car c’est affaire a femme abandonnee. P. de Changy, Instit. de la femme chrestienne, II, 3. — O maudite ennemie de toute sapience, ô Femme abandonnee, ô à tort nornmee Deesse. L. Labé, Debat de Folie et d’Amour, Disc. 2. — Adieu vile et habandonnée dame. Comptes du Monde adoentureux, 45. — Les autres ont escrit que ceste Phea estoit une brigande, meurtriere, et ahandonnee de son corps. Amyot, Thésée, 9. — Peu te donneras de peine de ce que j’en escriray, ayant ja fait si grand’bresche à ton honneur, que la plus abandonnée femme du monde est plus soigneuse de son fait et renommée, que toi. E. Pasquier, Lettres amoureuses, 21.
Abarharir. Rendre barbare. — Qui méprise L’honeur› le forfait autorise… Loix et droiture bouleverse : Abarbarist l’humanité. Baïf, les Passetems, au Grand Prieur (IV, 202).
Abas, v. Bas.
Abasac, v. Basac.
Abat. Action d’abattre. — Pepin tout incontinant vint planter son camp devant Pavie n’oubliant les François… aucune espece de cruauté soit d’abats de maisons, soit de feu… pour avec indignitez tirer l’ennemy au combat. Fauchet, Antiquitez, VI, 4.
Abatardir. Déclarer bâtard. — Ce qui ne doit en rien diminuer l’excellence de nostre langue, veu que ceste arrogance greque, admiratrice seulement de ses inventions, n’avoit loy ny privilege de legitimer ainsi sa nation et ahatardir les autres. Du Bellay, Deffence et illustration, I, 2.
Abatardissement. Au grand deshonneur et abatardissement de nostre langue. Du Bellay, Préf. du Recueil de Poesie de 1549.
Abateur. Abateur de bois, abateur de quilles. Faiseur de grandes prouesses. (Même sens libre que joueur de quilles dans Marot.) — Et ne devez point plaindre le temps passé, car jay veu quil nen y avoit que pour vous, rien ne se ternit devant vous, vous estiez le chien au grand collier de tout le païs, et le plus grand abbatteur de bois, qui fust dicy au gué de Vede. Du Fail, Propos rustiques, 5. — Si vous y prenez garde, vous verrez ces grands abbatteurs de bois n’avoir que des filles, et peu d’enfans masles… Que si ces grands abbateurs de bois font force enfans, ils seront de petite complexion, et si la pluspart ne feront que filles là où ceux qui ne vont pas souvent à leurs femmes, feront des enfans forts et robustes, comme sont comnunément les bastards, et plustost masles que femelles. Guil. Bouchet, 23e Seree, (IV, 10). — Ce Jaques dont est question, estoit un grand abateur de bois remuant, et culbuteur de comeres, et n’espargnoit rien de ce qui se presentoit. Beroalde de Verville, Moyen de parvenir, Coyonnerie (I, 318). — Ardez, voire, c’estmon, je me cognois en gens, Vous estes, je voy bien, grand abbateur de quilles, Mais au reste honneste homme, et payez bien les filles. Regnier, Sat. 11.
Abateur de poulx. — Abateur de poulx, abbé de maulgouver, affecté, aliborum. Des Autels, Mitistoire Barragouyne, 5.
Abatis. Action d’abattre, de couper. — Avec le fouet on ordonne l’abatis des cheveux, comme peine extraordinaire. E. Pasquier, Recherches, VIII, 9.
Abay, v. Abai.
Abayer, Aboyer 1 (H. Estienne préfère aboyer à abayer ; Conformité, p, 204, Mots françois pris du grec ; mais abayer est très fréquent.) — On estime aussi voz gardes, voz descouvreurs, et avantcoureurs : ce sont voz chiens loyaux et bien abayans. Lemaire de Belges, Illustr., I, 22. — Ilz [les iniques] oseront abbayer comme chiens. Calvin, Instit., VIII, p. 480. — Tous sont chiens muetz sçachans abbayer. id., ib., XV, p. 735. — Un chien abaye, sil voyt quon assaille son maistre. id., Lettres, 634. — Au tour de luy abayent les chiens. Rabelais, III, 13. — L’un est un fin et cauld Renard ; l’aultre mesdisant, mesescrivant et abayant contre les antiques Philosophes et Orateurs comme un chien. id., IV, Prol. — Les chiens abbayoyent desja bien fort. Amyot, Aratus, 7. — Par tourbillons la vague qui se suit, Contre les bords abaye d’un grand bruit. Ronsard, Franciade, I (III, 36). — Un autre chien estant à la garde d’un temple Athenes, ayant aperceu un larron sacrilege qui emportoit les plus beaux joyaux, se mit à abboyer contre luy tant qu’il peut. Montaigne, II, 12 (II, 201). — Abbayez comme chiens, hurlez en voz. tourments. Aubigné, Tragiques, VII (IV, 303). — V. d’autres exemples dans les alinéas suivants.
(Intransitif.) Fig. Avoir un besoin urgent de nourriture, en réclamer d’une façon pressante. — La faim estoit on corps : pour à laquelle remedjer, abaye l’estomach. Rabelais, III, 12. — Mon stomach abboye de male faim comme un chien. id., III, 15. — Ce leur est tout un quand ils auront bien disné, que leur famille abbaye, et qu’elle meure de faim. Calvin, Serm. sur le Deuter., 146 (XXVIII, 265). — Tu me voudras tantost persuader que quand j’ay l’estomach vuide et abboyand, qu’il seroit plein. Trad. de Gelli, Disc. fantast. de Justin Tonnelier, Disc. 2 (64-65). — Par telle tyrannie le povre peuple abbaye à la faim, et meurt sans miséricorde. H. Estienne, Apol. pour Her., ch. 6 (I, 88-89). — Mon ventre