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CAPITAINERIE
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mais à la troisieme il se leva et receut la charge, à laquelle il despendit beaucoup d’argent. Amyot, Vies des dix Orateurs, Isocrate.

(Prononc.). Le mot capitaine était souvent déformé. — Ce nom mesmement de Capitaine n’a point esté espargné… Les uns en ont faict Kaytaine : les autres, Keytaine : les autres, Kepitaine. H. Estienne, Dial. du lang. franç. ital., I, 341-342. — Pour le plumail, luy fut reproché pennache : pour Capitaine, Queytaine. Du Fail, Contes d’Eutrapel, 33 (II, 159). — Il avoit remarqué qu’aujourd’huy les soldats n’appelloient celuy qui leur commande mon Capitaine, mais mon Cayntene. Guill. Bouchet, 25e Seree (IV, 144).

(Fém.). Capitainesse. Chef. — Une nommee Megisto, femme de Timoleon, que les autres tenoient comme pour leur Capitainesse, tant pour l’honneur de son mary que pour la vertu d’elle mesme. Amyot, Vertueux faicts des femmes. Micca et Megisto. — Moyse entonna son beau cantique… en ce mesme temps Marie sa sœur chantoit le mesme cantique avec celles de son sexe, comme capitainesse et chef d’iceluy. St François de Sales, Sermons recueillis, 34 (IX, 341). — Il crea la femme, que nous appellons nostre mere Eve, qui est comme la capitainesse du sexe feminin. id., ib. — Il a voulu que d’autres participassent à la gloire d’estre chefs de cette milice, mais sur tout la sacrée Vierge, laquelle en a esté comme la capitainesse. id., ib. — Il faut avoir bon courage pour entreprendre ce combat ; mais pour nous y animer, jettons les yeux sur nostre Chef et souverain Capitaine et sur nostre capitainesse la sacrée Vierge. id., ib. (IX, 348). — Quel honneur pour nous autres de pouvoir batailler sous cette vaillante Capitainesse [la sainte Vierge]. id., ib., 46 (X, 55). — (Fig.). La première lettre de l’alphabet est A. Icelle, comme capitainesse de toutes les autres, luy fut aussi enseignée la premiere. Trad. de Folengo, Merlin Coccaie, L. VIII (I, 223).

Galère, navire capitainesse. Galère, navire portant le chef de la flotte. — La gallere capitainesse entra dedans a voille desployee taincte en pourpre. G. de Selve, Huict Vies de Plutarque, Alcibiade, 75 ro. — Lesquelles choses furent toutes portees à Athenes par Cimon sur sa galere capitainesse. Amyot, Thésée, 36. — Ainsi comme Themistocles sacrifioit aux Dieux dessus la galere Capitainesse, on luy amena trois jeunes prisonniers. id., Thémistocle, 13. — Estans ja tous ses gens embarquez et luy mesme monté dedans la galere Capitainesse, il advint que le Soleil eclipsa soudainement. id., Périclès, 35. — De sa galere Capitainesse il [Alcibiade] feit haulser en l’air une enseigne d’amis. id., Alcibiade, 27. — La mer… les brisa tous, excepté la navire capitainesse. id., Pyrrhus, 15. — La galere Capitainesse de Cleopatra s’appelloit Antoniade. id., Antoine, 60. — La galere capitainesse du Roy Antigonus fut surnommee Isthmia. id., Propos de table, V, 3. — En cette grande et derniere battaille navale qu’Antonius perdit contre Auguste, sa galere capitainesse fut arrestée au milieu de sa course par ce petit poisson que les Latins nomment remora. Montaigne, II, 12 (II, 190). Avec sa gallère capitainesse, qui se nommoit la Tempérance. Brantôme, Cap. estr., André Dorio (II, 43). — Entre lesquelles dictes gallères il y en avoit deux grandes capitainesses. id., Cap. franç., le grand roy Henry II (III, 253-254).

H. Estienne note cet emploi comme un néologisme. — Je doute aussi, touchant ce mot Capitanesse ou Capitainesse, s’il estet usité des lors pour signifier la galere que les Grecs appeloyent semblablement (c’est-à-dire d’un mot ayant signification correspondante) Strategis, ou Navarchis : les Latins, Praetoria navis. Dial. du lang. franç. ital., II, 8.

Capitainesse (avec ellipse du déterminé), même sens. — [Alcibiade] ayant eslevé de la capitainesse lenseigne des amys, sen alla tout droict ferir sur celles galleres des Lacedemoniens qui avoient du meilleur. G. de Selve, Huict Vies de Plutarque, Alcibiade, 72 vo. — Phormio… rencontra quarante et sept voiles des Lacedemoniens, et, venant au combat avec elles, en meit à fond la capitainesse, et froissa la plus part des autres. Amyot, trad. de Diodore, XII, 14. — Les Syracusains armerent… toutes leurs galeres, et combattirent celles des Carthaginois si bien et si vaillamment qu’ilz prirent la capitainesse avec vingt autres. id., ib., XIV, 17. — Les galleres des Methymniens desmarerent d’elles mesmes… et y avoit un daulphin qui les conduisoit saultant hors de l’eau devant la capitainesse. id., Daphnis et Chloé, L. II, 36 ro. — Le roy alla en la gallère de l’empereur, qui estoyt la capitainesse d’André Dorio. Brantôme, Cap. estr., André Dorio (II, 32). — A son costé droict estoit, tout contre sa réalle, la généralle du pape, sur laquelle estoit M. Anthoine Collomno… et à, son costé la capitainesse de Savoye, commandée par M. de Ligny. id., ib., dom Juan d’Autriche (II, 115).

Capitenneresse. — Plus de mille ans me semble un chac un jour, quand je n’ensuy ma capitenneresse, Qù1 me gu1d0It au monde, encor ne cesse De m’enseigner la voye de sejour. Vaquin Philieul, trad. de Pétrarque, L. II, S. 82.

Cf. Capitan.

Capitaineau, dimin. méprisant. — Le commandement d’ung bon nombre d’hommes appelle les gentils~ommes de maison à ces charges, lesquelz à present les desdaignent, voyant tant de cappitaineaux ausquelz on voit donner ces charges sans avoir donné coup d’espée. MoNLuc, Commentaires, L. I (1, 64). — Vous debvés appourter quelque nouveau remede, affin que tant de cappitaineaux retournent sqldatz. id., ib., L. VII (Ill, 477). — C’est ce qui doit faire priser M. des Diguieres pour ne s’estre pas addressé à ces petitz capitaineaux ny guerriers du plat pays à la douzaine, mais à de bons. Brantôme, Cap. franç., M. des Diguieres (V, 187). — La chose fut fort disputée, et mesmes des vieux capitaines de là, qui dirent n’y avoir aucune raison qu’un petit capitaineau entretenu despuis trois jours se battist contre le capitaine Bourdeille. id., Disc. sur les Duels (VI, 413). — Cette tresve… eut telle vigueur que nulle paix n’a jamais apporté un tel calme jusques à ce que les moindres capitaineaux de la France eussent obtenu des édicts. AUBIGNÉ, Hist. Uniç., XII, 30. — Leçon pour nos capitaineaus qui ayment mieux une vaine qualité naturelle de Monsieur que l’aquise de Capitaine. id., Lettres d’aff. personn., 28 (1, 329).

Capitainerie. Commandement militaire. Comme celuy qui avoit faict plus de grandes choses avecques eulx en ses capitaineries et charges de guerre, que avec les patrices en ses estatz et offices de ville. G. DE SELVE, Huict Vies de PLUTARQUEC, amille, 28 vo. — · Ayant eu es capitaineries et estatz annuelz une perpetuelle puissance, il se garda tousjours inexpugnable par argent. id., ib., Périclès, 37 vo. — Sexte depuis qu’il se departit de Espaigne… devint capitaine des navires, mais fut deposé de la capitainerie par