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CHEVALET
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grandes vertus, la foy et loyaulté avec la deliberee chevalerie que je sçay qui est en vous. P. FABRI, l’Art de Rhetorique, L. 1, p. 62. — Alexandre a desja subjugué par sa prouesse et chevalerie pres-que l’universel Monde. BUDÉ, Institut. du Prince, ch. 36.

Acte de vaillance, exploit digne d’un chevalier. — Ilz estoient pour luy en grande peine et souey, pensant aux grans dangers esquelz pour faire chevalerie et acquerir honneur il se hazardoit. Àmadis, I, 3. — Ce Dinadaus estoit… fort estimé entre les bons, tant pour ses vertuz, que pour les grandes chevaleries et faictz d’armes qu’il avoit fa1tz. lb., I, 39. — Vous ayant fait tant de grandes chevaleries estes digne… de la monarchie du monde. lb., III, 11. — Il seroit impossible de — 0ompter les hautes chevaleries qu’ils meirent à fln. E. PASQUIERR, echerches, I, 1. — Adrian qui lors estoit Pape appella à son secours les François, sur lesquels commandoit Charles fils de Pepin, qui depuis pour sa generosité et hautes chevaleries merita le surnom de Grand. id., ib., III, 4.

Chevalerie. Campagne de guerre. — De la premiere chevalerie de Julius Caesar. MICHEL DE Tours, trad. de SUÉTONE1, , 1 Vo. — De la seconde chevalerie de Julius Caesar et de son retour en la cité de Romme. ID., ib., 2 ro.

Art de chevalerie. Art militaire. — Julius Caesar depuis milita et exereea lart de chevalerie soubz Servilius Isauricus en Cilicie. In., ib.

Compaignon de chevalerie. Compagnon d’armes. — Caesar… point ne les nommoit chevaliers, mais commilitone.,, cest a scavoir compaignons de chevalerie. In., ib., 30 ro.

Chevalet. Petit cheval. — J en vis sortir ung chevalet… Oarny de bride, et dune scelle ensemble. MICHEL n’AMBOISE, le Babilon, 35 ro. — Il est bon petit chevallet, et de grand peine. RABELAISI,, 12.

Sorte de carcasse de bois couverte de toile, sous laquelle se cachait le chasseur pour la chasse aux perdrix à la tonnel1e. — Jacquet, qui s’y entend, charge sur son collet La tonnelle, en la main il prend le chevalet. Ct. GAUCRETk, Plaisir des Champs, l’Hy'1er, la Tonnelle, p. 300.

Cbevaleureusement, Chevaleureux, v. Chevalereusement, Chevalereux.

Chevalier. Cavalier. — Le nom de Chevalier comprend toute personne qui chevauche une beste à quatre piedz, et toutefois tel nom est donné seulement à celuy qui est dextre et expert à bien guerroyer et combatre à cheval. Pontus de Tyard, trad. de Leon Hebrieu, l’Amour, Dial., III, p. 79. — Je te donneray deux mille chevaux : as tu chevaliers pour mettre dessus ? Calvin, la Bible franç., Isaïe, 36. — Les jeunes chevaliers Achaeïens, apres avoir fouy un espace de chemin, revindrent un peu à eulx. Amyot, Philopœmen, 19. — Leur premiere franchise, entre nos mains esteinte, Ne leur laisse aujourdhuy qu’une dure contrainte Qu’ils souffrent subjuguez, comme un cheval domté Souffre dessus son dos le chevalier monté. R. Garnier, Porcie, 818. — Les chevaux courageux ne maschent point le mors, Sujets au Chevalier, qu’avecque grands efforts. id., Cornelie, 1210. — [A Jupiter]. Ils t’ont changé en or secretement coulant. Or de qui fut conceu le chevalier volant. Passerat, Contre Phœbus (I, 81). — Tant qu’en fin le cheval foible prie en aïde L’homme qui le monta en lui mettant la bride. Mais revenant vaincueur de l’ennemi plus fier, Il ne peut se deffaire apres du chevalier. Trad. d’Horace, Epistres, I, 10. — Leur dam, s’ils ont esté si mauvais chevaliers, que de quitter les arçons. Ph. de Marnix, Differ. de la Relig., I, 1, 8. — Vous en verrés qui morgueront pour estre sur un beau cheval ; mais sil y a de la vraye gloire en cela, ell’est pour le cheval qui est bon, et non pas au chevalier. St François de Sales, Vie devote, III, 4. — Voyez un cheval : quand il est altéré et qu’il trouve de quoy assouvir ou estancher sa soif, il se jette à corps perdu dans l’eau, et quoy qu’on luy tire la bride il n’y a moyen de l’en empescher, de sorte qu’il traisne son chevalier à val eau. id., Sermons recueillis, 41 (IX, 457). — Considerez un homme sur un cheval : on ne sçait lequel est le plus fier, ou le cheval ou le chevalier. id., ib., 47 (X, 68). — Quand ils ont leurs chevaliers sur eux ils dressent les oreilles en telle sorte que vous diriez qu’ils veulent escouter ce que l’on dit d’eux… l’on ne sçait lequel est le plus vain, ou le cheval ou son chevalier. id., ib., 64 (X, 354).

Cavalier, au jeu d’échecs. — Puis que de vous j’ay appris les Eschez, C’est bien raison que les miens vous sachez… Les Chevaliers sont mes escrits et vers Qui font un saut aux autres tout divers. Melin de St-Gelays, du Jeu des Esckecs (I, 278).

Chevalier, terme de viticulture. — Tel deschausser s’espargnera, si, devant que tailler la Vigne, on la houe à chevalier, par lequel se treuvans descouvertes toutes les rengees des ceps, à plaisir, l’on les cure et descharge des importunes racines. O. de Serres, Théâtre d’Agric., Ill, 4. La jeune Vigne sera labouree de ceste sorte d’œuvre appellee houer ou fousser à chevalier… Ce mot de chevalier vient de ce que le travailleur assemble la terre entre ses jambes… la tirant avec son instrument des deux costez, dont il dechausse les ceps, par ce moyen se faisant un relevement sur lequel il se treuve comme à cheval. id., ib. — Plus belle et plus utile œuvre est le double-chevalier, qui se fait de telle sorte qu’entre quatre ceps y a un relevement poinctu comme une pyramide, que le manœuvre faict y emmoncelant la terre de tous costez. id., ib.

Plus loin, O. de Serres emploie le mot chevalier, toujours au sujet de la culture de la vigne pour désigner la sorte de terrassement qu’on forme ainsi. — Sur l’entre-deux des fossez, (qu’en aucuns endroits l’on appelle Chevaliers et condots) sejournera la terre qui en aura esté tiree… Aux bords du raion ou fossé, des deux costez joignant la terre dure, mettra-on le complant, crocete ou chevelue, qu’on chaussera premierement de la meilleure terre sejournee sur le chevalier. Ib.

Chevalier, au sens du moyen âge, transposé dans l’antiquité. — Lautre ensuivant à qui elle se devise est la belle Hippodamie, fille du Prince Anchises… et femme du gentil chevalier Alcathous. Lemaire de Belges, Illustr., I, 41. — Le Prince Hector se tira vers madame OEnone, et se print à lentretenir, comme le plus courtois chevalier du monde quil estoit. id., ib., I, 44. — Paris… pour son guerdon ne demanda autre chose sinon estre fait chevalier de Ja main de son frere Hector. id., ib. — Par ainsi le bon chevalier Xantippus eut… tresmauvais guerdon de son service, et de la victoire quil avoit eue pour les Carthaginois. Seyssel, trad. d’Appien, Guerre Libyque, ch. 1. — Adonc Nestor, la fleur des chevaliers, Leur dict ainsi. Salel, Iliade, X, 180 vo. — Philoctete, qui ne vouloit endurer l’empeschement qu’on faisoit à ce vaillant chevalier [Ajax]. J. de la Lande, trad. de Dictys de Crète, L. V, 108 vo — Ces chevaliers [les Argonautes] d’honneur ambitieux… Monterent sus la navire Argolique.