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COMPAGNON
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d’icelles, et luy en vint on faire quelques descouvertures. id., Brutus, 49.

Compagnie françoise. Compagnie galante, amoureuse. — Et s’il eschirt qu’après le somme De minuyt, la josne bourgeoise Demande le debit de l’homme D’une compagnie françoise. Ane. Poés. franç., XII, 313. — Au mieulx que je puis je m’apreste, Desirant compaignie franchoise. id., Il, 248. — Ung jour luy print voulenté d’avoir compaignie françoyse. Si dist à ung sien varlet de chambre… c Je te prie que aujourd’huy à coucher avecques moy j’aye quelque belle fille. » LE LOYAL SERVITEUR, Hist. de Bayart, ch. 55. Arrivant son mary un matin qu’elle avoit compagnie Françoise, elle luy va dire qu’elle avoit songé qu’elle luy faisoit baiser le derriere de sa chemise : ce disant, elle luy met devant le visage, jusques à ce qu’ils ne fussent plus que deux. Gu1LL. BouCHET, 168 Seree (Ill, 148).

Par compagnie. De compagnie. — A son entree chascun commença soubrire. Chiquanous rioit par compaignie. Rabelais, IV, 14. — [Les femmes de Thrace] s’entrebatoyent, quand leur mari estoit mort (car un homme avoit plusieurs femmes) à qui mourroit avec luy par compagnie. H. ESTIENNE, Apol. pour Rer., au Lecteur (I, 30).

Seul de compagnie. Seul. — S. Ambroise~ .. advisa en la court basse un homme qu’il pensa bien congnoistre, lequel estoit seul de compaignie et avoit la contenance d’un nouveau venu. DES PÉRIERS, Nouv. Réer., 48. Jouer de fausse compagnie. Fausser compagnie. — Et n’estoit loysible la couper [une aiguillette], que pour justes, grandes et favorables causes, con1me de ne avoir payé son escot… avoir joué de faulse compaignie : comme dire, attendez moy icy, je reviendray tantost. Du FAIL, Propos Rustiques, 11 (p. 87).

(Terme de finance). Prendre à compagnie. — La justice y a lieu, la foy n’en est banie, Là ne sçait-on que c’est de prendre à compagnie, A change, à cense, à stoc, et à trente pour cent. Du Bellay, Regrets, 115.

On écrit souvent companie. — Le cappitaine Serres, qui estoit lieutenent de ma companye de chevaulx légiers. MONLUC, Commentaires, L. IV (Il, 200). — Il m’envoya aussi la moitié de la companye du cappitaine Charry. id., ib. (II, 210). — De sa maison sans nulle companie Parmy la tourbe est la vierge sortie. P. DE BRACH, Rierusal, em, II, 87 vo. — Je n’y veux point cercher de companie. id., ib., II, 91 ro. — Toy seule, helas, o belle Sofronie, Au deuil commun tu ne tiens companie. id., ib., 93 ro. — Ils sont fort bonne companie. JEAN GoDART, les Desguisez, IV, 2.

Compagniser. Compagniser à. Accompagner. — Tousjours la joye au dueil son voisin compagnise Et le dueil de l’habit du plaisir se desguise. P. MATTHIEU, Vasthi, II, p. 24.

Compagnon. Collègue. — Les despenses faictes furent communes à luy et à son compagnon Figullus au consulat. Deroziers, trad. de Dion CAssius, Hist. Rom., L. XXXVII, ch. 3 (3 ro). — Cicero demoura en Romme. Et bien que au sort la prefecture de Macedoine luy fust advenue, toutesf ois n’alla en ceste province, ains la rendit à son compaignon du consulat. id., ib., ch. 5 (8 ro). — Il feit elire pour son compagnon au Consulat le pere de Lucrece. Amyot, Publicola, 12. — Il s’embarquoit avec Sophocles, qui lors estoit son compagnon en la charge de Capitaine general. id., Périclès, 8. — Estant donques venu de la Sicile le compagnon de Marcellus au Consulat, il voulut nommer Dictateur un autre que celuy que le Senat luy presentoit. id., Marcellus, 25. — Il nomma Prince du Senat son amy et compagnon au magistrat de la Censure, Lucius Valerius Flaccus. id., Caton le Censeur, 17. — Il se rengea du costé de Catulus qui estoit compagnon de Marius au Consulat. id., Sylla, 4. — Comme Caesar eust esté esleu Consul pour la cinquieme fois, il choisit incontinent Antonius pour son compagnon. id., Antoine, 11. — Epaminondas estant en un bancquet avec ses compagnons en magistrat. id., Propos de Table, II, I. — Monsieur mon compaignon, M. de Bellegarde, chevalier de l’ordre du Roy et cappitaine de cinquante hommes d’armes de ses ordonnances. Monluc, Lettres, 228 (V, 207). — Sophocles estant compagnon en la Preture avec Pericles. Montaigne, I, 29 (1, 249). De ce mesme papier où il vient d’escrire l’arrest de condemnation contre un adultere, le juge en desrobe un lopin, pour en faire un poulet à la femme de son compagnon. id., III, 9 (IV, 103). — Moy qui, par le moyen de mon Estat d’Advocat du Roy, pouvois suppléer l’absence du Procureur General mon compaignon. E. Pasquier, Lettres, XIII, 11. — Il [le maréchal de Matignon] avoit un compagnon qui ne le ressembloit pas, qui estoit M. le mareschal d’Aumont. Brantôme, Cap. franç., le mareschal d’Aumont (V, 175).

Confrère. — Il commande… tout ce qu’est au medecin… complaire et delecter le malade. Ainsi faire… je me peine et efforce envers ceulx que je prens en cure. Ainsi font mes compaignons de leur cousté. Rabelais, IV, Ancien Prologue. — Qui vid jamais medecin se servir de la recepte de son compagnon sans y retrancher ou adjouster quelque chose ? Montaigne, II, 137 (III, 215). Mon premier project fut de vous destiner à l’estat d’Advocat : qui est celuy auquel, graces à Dieu, j’ay acquis quelque degré entre mes compagnons. E. Pasquier, Lettres, IX, 6.

Faisant partie d’une nation alliée. — Peu avant avoit esté traicté que le gouvernement leur fust donné par l’espace de cinq ans, pendant lequel temps peussent user de tel nombre de souldardz que bon leur sembleroit tant de citadins comme de compaignons. Deroziers, trad. de Dion Cassius, Hist. Rom., L. XXXIX, ch. 15 (32 vo).

Bon compagnon. Brave. — Les habitans furent si bons compagnons qu’ils se firent tous tuer en se défendant. Aubigné, Hist. Univ., VI, 9.

Faire le bon compagnon. Faire le brave. — Frerot faisant le bon compagnon courut apres ce ballon. Rabelais, la Sciomachie (III, 409). — Comment la tempeste finie Panurge faict le bon compaignon. id., L. IV, ch. 23 (titre). — Quelques capitaines faisans des bons compaignons, comme gens bien asceurez et deliberez, luy dirent : Voyez vous combien nous avons encore d’Aigles? id., IV, 39.

Bon compagnon. Homme gai, bon vivant. — Il se marya bien avant en l’aage, ayant passé en bon compaignon sa jeunesse, grand diseur, grand gaudisseur. Montaigne, II, 17 (III, 37). — Estant en lieu où c’est discourtoisie barbaresque de ne respondre à ceux qui vous convient à boire… j’essaiay de faire le bon compaignon, en faveur des dames qui estoyent de la partie. id., ib. (III, 44).

Gentil compagnon. Homme brave, bon soldat. — Les Lacedemoniens [envoyerent] six cens des plus gentilz compaignons de leurs esclaulx et de leurs laboureurs soubz la conduicte de Eccritus de Sparte. Seyssel, trad. de Thucydide, V, II, 3 (222 ro). — Antigonus… choisit en toute son