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DEFENDO
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fendeurs et protecteurs. Id., Origine des Dignitez, I, 7. — Il luy envoyoit en don la main du martyr S. Denis, enchassée en or… luy faisant part du corps de ce sainct, defendeur des habitans de Gaule. Id., Antiquitez, XI, 10. — Et vous, ô mon grand Roy, soyez le deffendeur De l’ouvrage duquel vous estes commandeur. Vauquelin de la Fresnaye, Art poetique, L. I, p. 2. — Quelque désavantage que receussent ceux qui combatoyent dans une tenaille, tant des bastions que des guérites avancées, quelques pistolets firent donner du nez à terre aux défendeurs. Aubigné, Hist. Univ., XIV, 20. — Voilà comment les armes receues par force et non cerchées ont esté mises aux mains des réformez. Et ainsi on a fait les patiens défendeurs, la persecution guerre et les agneaux des lions. Id., ib., XV, 2.

Qui interdit. — Abolissant d’un edict defendeur Ce qui estoit de Rome la grandeur. Du Bellay, les Jeux rustiques, la Vieille Courtisanne.

Deffenderesse. Protectrice. — Ceste treschrestienne maison… ha esté et est tousjours eslevee et conservee en si grand degré… à fin quelle soit gardienne et deffenderesse de nostre foy catholique. Lemaire de Belges, Illustr., III, 3.

Defendo. Sorte de jeu. L’un des jeux de Gargantua. RABELAIS, I, 22.

Defendre. Dire [qqch] en se défendant. Ceux qui semblent estre les plus modestes, se voyant desnuez de toute excuse legitime, ne defendent pas totallement que ce soit bien faict, ou qu’il n’y ait nulle faute de commettre idolatrie exterieure par crainte des hommes : mais alleguent que c’est une faute legiere, et facile à pardonner, quand le cueur n’y est point. CALVINQ, ue doit faire un homme fidele entre les papistes (VI, 565).

Defendre qqn de qqch. Défendre qqch à qqn. Tous les sujets du royaume estoient defendus d’aller estudier ailleurs qu’à Naples. E. PASQUIER, Recherches, IX, 14.

Defendre à non. Défendre de. — Il deffendit à non regarder les theatres mixtement cest à noter les hommes avecques les femmes. MICHELD E TouRs, trad. de SUÉTONEX, II, 269 rº.

Defendre de ne. Défendre de. — D’une mesme diligence est composée l’Epistre decretale qui defend aux clercs selon l’Apostre de ne nourrir leurs cheveux, mais de les raser en rond. CALVIN, lnstit., XIII, p. 687. — Ilz deffendoient aux gentilz de ne menger des choses immolées aux ydoles. Id., ib., XV, p. 740. — Ilz objectent que nostre Seigneur deffend à tous chrestiens de ne s’entremettre de royaumes ou superioritez. Id., ib., XVI, p. 758. — D’aultre part veid un aultre chevalier prest à combatre, qui defendoit à Ladasin de ne passer oultre. Amadis, Il, 8. — Les ongles de deux pieds pour le moins, car il leur est defendu de ne les rongner jamais. RABELAISV, , 16 (1562). — Mais que font-ils, ces pauvres gens, pour bien pratiquer l’Evangile, qui defend surtout de n’estre oisif? TAHUREAU1, e r Dialogue du Democritic, p. 80. — Comment donc est-ce qu’il est defendu au peuple de n’appeter ne l’or ne l’argent? CALVIN, Serm. sur le Deuter., 57 (XXVI, 580). — Qui me pourra deffendre De ne pleurer ma soeur, ja terre et cendre? CH. FONTAINEle, s Ruisseaux de Fontaine, p. 50. — Le miserable corps De Polynice mort il delaisse etandu : Et par edit exprés à tous a defandu Et de ne l’enterrer et de ne le pleurer. BAïF, Antigone, I, 1.

Defendre de non. Défendre de. — S’ilz repliquent aucontraire qu’il est defîendu par les canons de non admettre aucun aux ordres sans tiltre, cela ne m’est pas incongneu. CALVIN, Instit., XIII, p. 694. — Le mareschal d’Amville s’employa lors à faire observer les nouveaux édicts du roi, qui portoyent de saisir les biens meubles et immeubles des rebelles, défendre aux debteurs de non les payer. AUBIGNÉH, ist. UniP., VI, 13.

Defendre de ne point. Défendre de. — Dieu ne nous a point seulement defendu d’estre meurtriers, et larrons, et paillards, et blasphematellrS, et rebelles contre sa parole : mais il nous a defendu de ne point consentir au mal. CALVINS, e rm. sur_ le liv. de Job, 40 (XXXIII, 495). — La ceremonie nous deffend d’exprimer par parolles les choses licites et naturelles, et nous l’en croyons : la raison nous deffend de n’en point faire d’illicites et mauvaises, et personne ne l’en croit. MoNTAIGNEI, l , 17 (III, 20).

Defendre que… ne. Défendre que. — Je defens qu’on ne rompe Le marbre pour la pompe De vouloir mon tombeau Bastir plus beau. RoNSARD, Odes, IV, 4.

Defendre que… ne… pas. Défendre que. - Le Concile def end aussy que les services publiqs de l'Eglise ne se facent pas en vulgaire, mays en langue reglee. St FRANÇOIDS E SALES, l es Controperses, II, I, 8.

Defendre que… ne… point. Défendre que. Quintus Metellus… defendoit que Ion ne prist point les presages des oyseaux apres le moys d’aoust. AMYOT, Demandes des choses romaines, 38. — Je luy a vois deffendu expressément qu’il ne s’engageast poinct au combat. MoNLuc, Comrrientaires, L. III (II, 69). — M. de Guise… avoit deffendu qu’on ne l’esveillast poinct. Id., ib., L. IV (Il, 301).

Defendre. Ordonner. — Il detlendit à ses gens quilz se gardassent estroitement de declairer aux Rhodiens quilz alloient à Troye, ainçois dissimulassent quelque autre chose quil leur meit en bouche. LEMAIRED E BELGESl, l lustr., II, 11. En réalité, defendre n’a pas le sens d’ordonner, mais defendre qu’ils se gardassent de exprime d’une façon pléonastique la même idée que defendre de, et dans l’emploi de dissimulassent il y a un oubli du sens de la construction antérieure. — Cf. Deffence.

(Formes). Futur et conditionniel. — Mais, sy tu n’as point de vertu, Comment nous deffenderas tu? CoRROZETF, ables d’ÉsoPE, 63. — Jamais ne l’abandonneroyt, et si la deffenderoyt de la fureur de son mary. MARGD. EN Av., Heptam., 59.

Defenestrer. Démunir de fenêtres, de vitres. — On a veu ceste année en nostre ville de Paris une petite quantité de poudre fraischement faite en l’Arsenac causer une si grande tempeste, qui fist trembler presque toute la ville, qui tomba par terre toutes les maisons prochaines, qui defenestra celles qui estoyent plus à l’escart de sa furie. AMBR. PARÉ, L. IX, Discours 2.

Defensable. Qui peut être défendu. — Le siege planté devant icelle [ville], combien quelle fust deffensable et bien muree, neantmoins ilz la prindrent par force. LEMAIRED EB ELGESl, l lustr., Il, 2. — Ausquelz Calcides Perdicas avoit persuadé quilz abandonnassent leurs villes quilz avoient sur le bort de la mer, pourtant quelles nestoient pas defensables. SEYSSELt, r ad. de THuCYDIDE, I, 6 (17 r0 ). — Ilz disoient que le Peloponese estoit ung lieu seur et defensable, suffisant pour la retrecte de tous les Greez. Id., ib., I, 11 (26 v0 ). — Les murailles de sa cité estoient desja faictes de sorte quelles estoient defensables par ceulx qui estoient dedans. Id., ib. (27 r0 ). — Lequel a voit garny et fortifié les villes et chasteaux diceluy pays qui luy sembloient plus opportuns