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DIZAINE
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effect les vœux et les voix des quattre dizains qu’ilz appellent d’en haut : Rarogne, Vespia, Brighen et Comze. St François DE SALES, Lettres, 1021 (XVI, 275). — Des-ja les dizains de Comze, de Raroigne, de Brighen et Vespia sont gaignés et auroyent fait faire le coup, n’eust esté la vive resistance de monseigneur de Syon et des autres troys dizains. id., ib., 1022 (XVI, 277).

Dizaine, Décurie (?). — Les rommains tirans s’adviserent ancore d’un autre point : de festoier souvent les dizaines publiques, abusant ceste canaille comme il falloit, qui se laisse aller, plus qu’à toute autre chose, au plaisir de la bouche. LA Boris, Servitude volontaire, p. 37.

Dizainer. Multiplier par dix. — Mais ne sachant plus outre apperçoit Pythagore, Qui son nombre de dix multiplioit encore De dizaine en dizaine, estendant jusqu’à cent Le dizainant à mille, et le milieme accent Jusques au million trouvant les milliars. Maurice Scève, Microcosme, L. IT, p. 62.

Dizannal. Qui dure dix ans. — Amour, des vers matiere plus louable, Pour la beauté querelleuze d’Heleine, Salaria la dizannale peine Du grec laurier, qui n’a point son semblable. Des Autels, Amoureux Repos, Sonnet 18. — Avant qu’en la guerre Dizannale il fut allé. id., Façons lyriques, IV, 19. :

Dizenier. Flot dizenier. Vague grande et violente. Cf. Decuman. — L’un resembloit à ce flot dizenier Boufi des vents, horreur du marinier, Qui d’un grand branle en menaçant se vire Impetueux sur le bord du navire, Ronsanp, Franciade, L. II (III, 76-77). Note marginale de Ronsard : Dizenier. Les Latins l’appellent unda decumana : c’est la dixiesme vague, la plus horrible et dangereuse de toutes. — Quel soudain tourbillon, quel Austre, quel orage, Quel grain, quel fortunal ou quel flot dixainier M’a plustost fait sentir que prevoir ce naufrage ...? Du M1s, Œuvres meslees, p. 239.

Dizenier, mot considéré comme vieilli, nom d’un grade inférieur, — Pour le plumail, luy fut reproché pennache.. pour dizenier, caporal : cinquantenier, cap d’escouade, Du Farz, Contes d’Eutrapel, 33 (II, 159).

Doanne, Doannier, v. Douane, Douanier.

Doat, v. Doit 1.

Doccia, mot italien. Douche. — Cet autre bein est plus fameus pour le bein et la doccia. MoxTAIGNE, Journal de voyage, p. 318.

Docelet, Doceret, Dociel, v. Dosselet, Dosseret, Dossiel.

Docgue, v. Dogue 1.

Docier. Tenture. — Et commença à nettoyer et balier les chambres et les accoustrer et faire mettre les dociers et les banchiers par les salles. Le Macon, trad, de Boccace, Decameron, X, 10.

Docile. Apte à s’instruire. — En contemplant les vertus de dame Eriphyle, et en les conferant avecques celles de ladite princesse, dont la propre ingeniosité naïve et naturelle est toute docile et dextre, et facilement ployable à multiformes doctrines. LemAtRE DE Belges, la Couronne Margaritique (IV, 111).

Docilité. — Et nest point erudition sans le moyen de docilité : cestadire sans laptitude et bonne disposition d’apprendre. LEMAIRE DE Bzezces, la Couronne Margaritique (IV, 109).

Docque. Patience, sorte d’herbe. — Ceux qui faucquent au haniet les cardons, docques, ortilles et aultres ordures. 1548, St Omer (G., Doque). — Et n’y demeura glajeul, ortie.… bardane, docques, roseaux et autres herbes qui croissent es prez. Px. p’ALcnrire, la Nouvelle Fabrique, p. 25.

Docte. On trouve souvent la forme doct, — Homme elegant si doct et si perit. Cretin, Complainte sur la mort de Guill. de Bissipat, p. 55. — Phelippes Chabot, Bon chevalier de l’ordre et. homme doct. J. Boucner, Epistres familieres du Traverseur, 74. — Il estoit doct, doulx, celebreet facond. id., ib., 78. — Voire a gens doctz de diverses sciences. id., ib., 81. — Mais l’homme doct qui a faict vostre lettre, Et qui si bien entend vulgaire metre, Trop mieulx que moy vous pourra secourir. id., ib., 92.

Habile. — Jamais ne feurent veues dames… plus doctes à la main, à l’agueille, à tout acte muliebre honneste et libere. RABELAIS, 1, 57 — Un grand antre basti d’un verre martelé Logeoit lors le Jordain, son lambris undelé Fut par les doctes mains des Naïdes ses filles Marqueté de rubis, de perles, de coquilles, Du Banras, 29 Semaine, 3° Jour, les Capitaines, p. 469. =

(Prononc.). — C’est Guyvereau qui… Pense de moy le sien compatriote, Plus qu’il n’en est, et que soye bien docte. J. BoucnerT, Epistres familieres du Traverseur, 65. — Platon reprint Socrates, homme docte, Et Platon fut reprins par Aristote. id., ib., 120. — Mais tant s’en faut qu’on recherche le docte Que Francion, avec toute sa flote, A ja long temps en Crète demeuré, Vauquelin DE LA FResNAYE, Satyres frang., L. III, à J. À. de Bail.

Docteur. Homme qui enseigne, maître, précepteur, — (Marc Aurèle à Commode). Quand tu estois enfant, je dy à tes maistres comment ilz te deveroient nourrir : et apres que tu fuz plus creu, je dy à tes docteurs et à mes gouverneurs comme te devoient conseiller. B. de la Grise, trad. de Guevara, l’Orloge des Princes, III, 54. — Je prie à Dieu, le Pere Au Seigneur Christ, de tout bien docteur et enseigneur, Que de ses biens richement te remplisse. Marg. de Nav., les Marguerites, Complainte pour un prisonnier (III, 81). — Qui penseroit qu’il y eust une telle ignorance en ceux qui se veullent faire docteurs de tout le monde, de faillir si lourdement aux premiers elementz de la chrestienté ? Calvin, Instit., IV, p. 206. — Oncque ne congneu homme qui se osast nommer docteur ou disciple d’agriculture. Cotereau, trad. de Columelle, Preface. — Voyla pas une belle imagination produicte de l’inevitable necessité des demonstrations geometriques ? Non pourtant si inevitable et utile… que Polyaenus, qui en avoit esté fameux et illustre docteur, ne les ayt prises à mespris. Montaigne, II, 12 (II, 284).

Homme qui enseigne la doctrine du Christ. — Un moyne… ne presche ny endoctrine le monde, comme le bon docteur evangelicque et pedagoge. Rabelais, I 40. — Oyons maintenant sainct Augustin parler, à fin que… les sophistes de Sorbonne ne nous reprochent que tous les docteurs anciens nous sont contraires. Calvin, Instit., II, p. 79. — De laquelle parabole l’exposition est tresbien et briefvement couchée au livre intitulé de Vocatione gentium, qu’on attribue à S. Ambroise. Pour ce que c’est un docteur ancien, j’ayme myeux user de ses parolles que des miennes. id., ib., VI, p. 423.

(Emploi du mot pour désigner le Christ lui-même). — Nous voyons tout ce que nous devons, et que entierement aussi nous povons demander