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EMPERIERE
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prens plaisir de voir le fils du grand Pompee… Destrousser les passans, et se joindre à ceux-là Que ce grand empereur, son pere, debella. id., ib., 1294. — Comme ses soudards le saluassent empereur, qui est à dire souverain capitaine general. Amyot, Dicts des roys et cap., Pompée, 4. — D’un conquerant de la moitié du monde et empereur de tant d’armees, il s’en faict un miserable suppliant des belitres officiers d’un roy d’Ægypte. Montaigne, I, 18 (I, 80). — Où ceux qui voudront sçavoir plus particulierement l’estat des Gaules de ce temps là pourront trouver grand contentement pour la gentille façon d’escrire de cest empereur [Jules César]. Fauchet, Antiquitez, I, 16. — [Siphax à Scipion]. Invincible empereur, tu n’ignores, je croy, Quels liens ont estreint Sophonisbe avec moy. Montchrestien, la Carthaginoise, IV, p. 143. — Julles Caesar… ne desdaigna luy demander : Eh bien ! que te semble-il de ceste battaiIle d’aujourd’huy? — Je ne sçay, respondit l’autre, mon empereur. mais je t’assure bien que tu me loueras aujourd ’huy vif ou mort. Brantôme, Couronnels franç. (V, 376). — M. Sceva… vint trouver son général [Jules César]. Encor, après avoir si bien fait, se présentant à luy desnué de ses armes (chose illicite en la millice romaine), se mit à luy crier : « Ah! mon empereur, pardonnez-moi si j’ay perdu mes armes.» id., Rodomontades espaignolles (VII, 105-106). — Ces Fabrices contents, ces princes laboureurs, Qu’on tiroit de l’aree à les faire empereurs. Aubigné, les Tragiques, III (IV, 139).

Empereur de la mer. — [Le jeune Pompée] a esté faict empereur de la mer, affin quil eust quelque office, estant amy du peuple. Seyssel, trad. d’Appien, Guerres civiles, IV, 12.

Empereur. Souverain. — Ainsi feut empereur de l’univers Alexandre Macedon. Rabelais, III, 1. — Dieu est roy et empereur de toutes choses. Montaigne, trad. de R. Sebon, ch. 136. — Mais, Charles, mon grand prince, empereur de la France Imitant ce perdeur de la monstreuse engeance [Hercule], Faites ce qu’il conseille à sa Diane. Am. Jamyn, Œuv. poet., édit. Brunet, p. 172. — L’empereur de Turquie en tient aujourd’hui un grand nombre de son serrail. H. Estienne, Dial. du lang. franç. ital., I, 150. — Mahumet, second de ce nom, empereur des Turcs. Montaigne, II, 36 (III, 191). — (Fig.). Je pein ce brave front, empereur de ta face, Tes levres de rubis, l’or de tes blonds cheveux. Aubigné, le Primtems, I, 25. Sorte de poisson. — Puis luy offrent Lamproyes à saulse d’hippocras… Empereurs. Anges de mer. Lampreons. Rabelais, IV, 60. — [On le nomme] à Marseille poisson empereur, car il porte comme une espée au front, longue de demie couldée, dont les Grecs l’ont nommé xiphias, et les Latins gladius. Belon, Nat. des poissons, p. 102 (Sainéan, Reç. du XVIe siècle, V, 44).

Emperiere. Impératrice. — Lempereur Honorius… à la requeste de lemperiere Placidia, sa femme… chassa tous lesdits deux antipapes hors de Romme. Lemaire de Belges, Schismes et Conciles, 1re part. (III, 265). — D’un empereur qui avoit une femme la plus paillarde du monde… mais à la fin tout fut sceu, et fut bruslée la dicte emperière. Nicolas de Troyes, le Grand Parangon, Table, p. xxxvii. — Ceste emperiere Faustine fut merveilleusement… belle. B. de la Grise, trad. de Guevara, l’Orloge des princes, I, 40. — L’emperiere Sophia de long temps avoit en haine Narssetes… pource qu’il estoit en plus d’autorité qu’elle n’estoit en l’empire. id., ib., I, 16. — Cestuy empereur Paleollus avoit une femme laquelle s’appelloit l’emperiere Huldovina. id., ib., II, 20. — Le concile de Nicée, assemblé par le moyen de l’emperiere Hirené, a introduit en l’Eglise une doctrine apertement meschante. Trad. de Bullinger, la Source d’erreur, I, 30, p. 405. — Elle [Livie] n’eut jamais audace de entrer au senat ne en camp, ne… es congregations du peuple, mais bien toutes les autres choses gouvernoit comme emperiere. Deroziers, trad. de Dion Cassius, Hist. Rom., L. LVII, ch. 120 (247 vo). — L’emperiere Eudocie n’a pas esté moins estimee par son sçavoir et experience de vertu que par l’empire. P. de Changy, Instit. de la femme chrest., I, 4. — Vous estes de si bonne maison que, pour estre royne ou emperière, ne sçauriez augmenter vostre noblesse. Marg. de Nav., Heptam., 3. — Les femmes, de quelque condition qu’elles soient, et fussent-elles de la plus basse et infime, deviennent quelquefois roynes et emperieres à la suite de la condition de leurs maris. Montaigne, trad. de R. Sebon, ch. 257. — Il y a tantost vingt-sept ans (disoit sainct Gregoire escrivant à Constance emperiere, femme de Maurice) qu’en cette ville de Rome nous sommes environnez des armes des Lombards. E. Pasquier, Recherches, III, 4. — Irenee, emperiere, mere de Constantin, fit assembler à Nice de Bithinie un concile de trois cens cinquante evesques. Fauchet, Antiquitez, VII, 2. — Il ne bougea du palais d’Aix, où le vindrent trouver les ambassadeurs d’Irene, emperiere. id., ib., VII, 10. — L’armee françoise retourna le chemin d’Angers ; où Hermengard l’emperiere gisoit malade de fievres. id., ib., VIII, 4. — Leroy Louys envoya Judith l’emperiere en une ville d’Italie nommee Tortone. id., ib., VIII, 11. — Nous avons appris de leur propre bouche la preuve qu’en firent autrefois, en divers siecles, un empereur et une emperiere de Rome. Montaigne, III, 5 (III, 332). — Constance… sœur du grand Constantin… favorisoit les arriens, comme depuis auroit fait l’emperiere Dominique, femme de Valens empereur. Le Loyer, Hist. des Spectres, II, 3. — Il tasche de gaigner encore l’emperiere Gisele, et luy promet de quitter à l’empereur et à elle toutes les terres de son patrimoine. id., ib., IV, 23. — Ce fut là une liberallité qu’une grande emperière ou reyne n’en eust voulu user. Brantôme, Cap. franç., le mareschal de Saint-André (V, 31). — Mais quelle court estoit-ce ? telle que je crois que jamais emperière de Rome de jadis n’en a tenu, pour dames, une pareille. Brantôme, des Dames, part. I, Disc. 2, Catherine de Médicis (VII, 378). — Je n’aurois jamais faict si je voulois alléguer une infinité d’autres grandes dames et emperières romaines de jadis. id., ib., part. II (IX, 35). — Voyant sa sœur emperière… et la voulant égaller, elle aspiroit à estre reyne du royaume de France. id., ib. (IX, 610).

Reine, souveraine. — A tel meschief, à tel’ desconvenue, Gecta la noble emperiere des fleurs Larmes plus dru que pluyette menue. Lemaire de Belges, le Temple d’Honneur et de Vertus (IV, 212). — Je suis lemperiere des hommes et des dieux… sœur et femme du roy Jupiter altitonant. id., Illustr., I, 31. — [A la Sainte Vierge]. O emperiere et très haulte princesse ! Anc. Poés. franç., III, 279. — Croyez en ferme foy Que plus d’honneur j’ay que nulle emperière. Marg. de Nav., Dialogue en forme de vision nocturne (Jourda, Rev. du XVIe siècle, XIII, 11). — Dieu les gard et la bonne Dame ; Pour eulx tousjours je la reclame ; C’est l’emperiere du ciel empire. Anc.